La firme avait réussi à passer des partenariats avec plusieurs ONG, tout en donnant des gages à des associations de plaidoyer, qui dénonçaient sa face cachée. Les cachoteries d’un groupe emblématique, fierté nationale qui symbolisait la Made in Germany, place une célèbre ONG environnementale allemande en porte-à-faux.
Le géant de Wolfsburg avait en effet passé un partenariat avec Nabu, axé sur la protection de la biodiversité, notamment la sauvegarde du loup. Un site internet dédié avait même été créé pour en faire connaître les tenants et les aboutissants.
Selon csreurope.org, ce partenariat noué en 2000, cité en exemple comme un partenariat stratégique à long terme, aurait été gagnant-gagnant :
NABU has improved its reputation as a professional political advisor.
Volkswagen has improved its reputation of being a dialogue- and CSR-oriented company.
Cette déconvenue pour Nabu illustre les risques associés à des partenariats ONG/entreprise dans le domaine environnemental. Avant l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater, qui a fait plusieurs morts, BP était aussi le meilleur ami des ONG locales.
Le pétrolier faisait aussi parti de plusieurs indices ISR, dont le FTSE4Good.
Dans le Volkswagate ou DieselGate, Nabu a d’abord déclaré qu’il attendait des explications de son partenaire. Mais, ce sont des Twittos, qui lui demandent ouvertement de rompre sine die cette collaboration désastreuse et mal rémunérée.
@JungeJaeger @MKreutzfeldt
Habe gerade im Radio gehört, dass @NABU_de nur 530000€ /Jahr von @Volkswagen bekommt.
#peanuts #VWGate
— Bernhard Barkmann (@BlogAgrar) 24 Septembre 2015
Un militant allemand écologiste utilise même le hashtag #Nabugate.A ce titre, le WWF France, dont le logo est mondialement connu, ne semble pas coopérer avec le secteur automobile.
Pourtant, en Inde, l’association au panda semble avoir accepté des fonds du constructeur allemand.
Et, le WWF était en discussion avec la firme allemande dans le cadre du Science Based Targets. Ce programme est issu de l’appel conjoint de différentes parties prenantes lors du Business and Climate Summit, à savoir :
- le WWF,
- le Carbon Disclosure Project (CDP),
- l’United Nations Global Compact
- et le World Resources Institute
- Volkswagen AG
- Honda Motor Company
- et Nissan Motor Co., Ltd.
Cette affaire, dont les répercussions sont mondiales, n’est pas sans rappeler le coup de poignard qu’a porté Siemens à Transparency International , même si dans ce cas il n’est pas question de défendre la planète, mais de lutte contre la corruption.
Gare aux ONG « activistes »
A l’opposé, de nombreuses autres associations ont croisé le fer avec VW ces dernières années, comme Greenpeace. Pour rappel, cette vidéo vu plus de 1,3 million de fois.
Après de tour de chauffe, Greenpeace pensait pourtant avoir obtenu des gages du constructeur, y voyant une source d'espoir.
La tricherie dévoilée
C’est l’International Council for Clean Transportation (ICCT) qui a découvert le pot-au-rose, plongeant Volkswagen dans une crise sans précédent. L’ICTT est une organisation non gouvernementale spécialisée dans les transports propres.
Selon Le Monde, l’ICCT, financée principalement par la ClimateWorks Foundation, une autre ONG engagée dans la lutte contre le réchauffement de la planète, travaille ainsi avec les gouvernements régionaux et nationaux afin de déboucher sur des politiques publiques en faveur de transports propres.
J’écrivais en 2013 que Les ONG se sont imposées comme des sources incontournables
Concernant cette triste affaire, qui pourraient menacer de nombreux emplois directs et indirects, les ONG ont joué le rôle de lanceur d’alerte, là où les autorités de contrôle ont été défaillantes.
Finance responsable
En septembre 2013, le groupe était fier d’annoncer qu’il était le constructeur automobile le mieux classé du Dow Jones Sustainability Index, qui rassemble les grandes multinationales les plus vertueuses selon RobeccoSAM en fonction d’une grille d’analyse éprouvée.
Volkswagen était le seul constructeur, outre l’un de ses concurrents, à faire partie à la fois du DJSI World et du DJSI Europe, deux indices des entreprises cotées en Bourse ayant fait leurs preuves en matière de développement durable.At Volkswagen, responsibility for the environment means producing clean cars in clean factories. This sounds simple, but as so often it is the simplest targets which involve highly complex operations. And what do we actually mean by a 'clean car'? A car with low fuel consumption? Definitely, but there's a lot more to it
Comme on le voit sur ce graphique, Volkswagen avait tout du gendre idéal, étant bien placé sur un rand nombre de données ESG.
En résumé, des investisseurs pourtant sélectifs, prêts à payer le prix pour des valeurs ayant été passées au crible des critères ESG, se sont fait rouler dans la farine.
L’indice de référence des valeurs les plus "responsables"a d’ailleurs accusé le coup en début de semaine.
Fort à propos, Novethic a fait sur point aujourd’hui pour savoir s’il «existait-il un warning ISR sur Volkswagen ? » préalablement à la révélation des manipulations.
Il en ressort que Vigeo, Kepler-Cheuvreux et Mirova n’ont jamais donné à Volkswagen leurs mains à couper.
Dans un livre, publié fin 2012, Nicole Notat insistait sur le fait qu’aujourd’hui l’entreprise ne peut plus être irresponsable
Volkswagen constitue ici un cas d’école.
Pour aller plus loin :
Le partenariat Nabu/VWhttp://www.volkswagen-nabu.de/startseite
Novethic : Volkswagen fâché avec l’environnement
http://www.novethic.fr/gouvernance-dentreprise/entreprises-controversees/isr-rse/l-environnement-bete-noire-de-volkswagen-143610.html
Le Monde : Une ONG à l’origine du scandale Volkswagen
http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/09/22/l-ong-a-l-origine-du-scandale-volkswagen_4767318_3244.html
Le lobbying de Volkswagen opposé à 72 entreprises engagées sur le climat
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2011/06/72-entreprises-font-pression-sur.html
fin
1 commentaire:
reuters :
Un "climat de peur" interne pourrait être l'une des explications du scandale des tests, estime un cadre du groupe, tout comme il avait joué un rôle il y a deux ans dans le fait que des plaintes de clients chinois sur les défauts de boîtes de vitesses aient été passées sous silence pendant plusieurs mois.
"Nous devons créer une atmosphère dans laquelle les problèmes peuvent être abordés ouvertement avec les supérieurs et non dissimulés", a dit jeudi Berndt Osterloh, le principal responsable syndical de VW.
http://www.boursier.com/actualites/reuters/la-route-s-annonce-semee-d-obstacles-pour-muller-chez-volkswagen-180763.html?fil71
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