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vendredi 30 juillet 2021

Comment Corporate America tente de s’adapter à Black Lives Matter



George Floyd est mort étouffé à Minneapolis le 25 mai 2020 à l’occasion d’une bavure policière. Filmée en direct par des passants, son agonie a connu un retentissement mondial. 

 Le slogan Black Lives Matter, apparu en 2013 aux Etats-Unis et dénonçant le racisme des policiers blancs, a alors débordé de la communauté militante dont il est issu pour devenir un phénomène sociétal majeur, des terrains de sport jusqu’à Corporate America 

 Les 1.000 plus grosses entreprises classées par Fortune ont injecté des milliards de dollars dans des programmes luttant contre le racisme systémique et pour mettre en place des quotas de recrutement…après avoir refusé de le faire pendant des décennies. 

Des préjugés tenaces 

Les dirigeants « blancs » les plus âgés, qui occupent les plus gros postes, sous-estiment les barrières érigées à la carrière des personnes de couleur. En 2018, une étude auprès de 5.000 professionnels, menée par le BCG, a révélé que 
  • Seulement 19% d’entre eux estiment que les personnes de couleur rencontrent des obstacles en termes de gestion de carrière et de promotion. 
  • Alors que leurs collègues afro-américains sont 43% à l’évaluer. 
Les dirigeants des firmes US auraient plus conscience des inégalités entre les sexes qu’à celles liées aux origines. 

Des diplômés écartés 

Citée par le Wall Street Journal, une enquête réalisée en 2018 par la Harvard Business School Leadership Initiative sur ses diplômés afro-américains hommes ou femmes a mis en évidence que respectivement 19% et 13% d’entre eux occupaient des postes clés tels que CEO, managing director ou partenaire. 

Ce chiffre montre à 40% pour les diplômés non afro-américains. 

L’exemple de Reddit 

En juin 2020, Reddit a nommé le PDG de l’incubateur de start-up Y Combinator comme nouveau membre de son conseil d’administration. Michael Seibel a notamment cofondé le site de streaming Justin.tv, qui est par la suite devenu Twitch. Il remplace donc le cofondateur de Reddit Alexis Ohanian, qui a démissionné afin de laisser sa place à une personne de couleur. 

 Michael Seibel est investi dans plusieurs initiatives pour augmenter la diversité dans l’industrie de la tech, comme Blacktech Weekend et Black Tech for Black Lives. 

De son côté, JP Morgan a consacré 30 Mds$ en octobre dernier pour promouvoir l’équité raciale dans les 5 prochaines années. Ce programme se concentre notamment sur les afro-américains et les populations de langue hispanique. 

Certains de ses concurrents l’ont imité. 

Dans un communiqué de presse, le groupe financier indique que cette initiative, auquel il faut ajouter les préoccupations environnementales, répondent non seulement à une demande des investisseurs, mais à une attente des consommateurs. 

Une enquête de LinkedIn (Why the Head of Diversity is the Job of the Moment), publiée en septembre 2020, a révélé une explosion depuis 5 ans de postes dans les entreprises, sous des intitulés comme « Directeur de la diversité ». 

Plus d'argent sur le terrain 

Dans ce contexte, les ONG œuvrant pour la réduction des inégalités aux Etats-Unis ont enregistré des levées de fonds records. Selon CNN, la Local Initiatives Support Corporation (LISC), un acteur majeur dans le financement du développement des communautés, a pu investir plus de 2 Mds$, un montant entre deux et trois fois les montants levés les années précédentes. 

Cette enveloppe lui a permis d’accompagner 12.000 petites entreprises, dont les dirigeants sont à plus de 80% issus des minorités. S’ils saluent cette bascule, les acteurs du terrain soulignent qu’il faudra du temps pour corriger les inégalités aux Etats-Unis : 

  • Un cabinet de conseil, le Creative Investment Research, a montré que ces dernières années, sur 50 Mds$ promis en faveur de l’égalité raciale, seuls 250 M$ avaient été vraiment engagés. 
  • En décembre dernier, le Brookings Institute a calculé que l’investissement à initier pour faire disparaître les inégalités entre les ménages Black et White s’élèverait à 10.000 Mds$. 

 Wall Street rentre dans la boucle 

Sous la direction d’Adena Friedman, le Nasdaq a proposé en décembre dernier d’imposer aux sociétés cotées d’avoir au moins deux membres du conseil d’administration, dont une personne qui s’identifie comme une femme et une personne qui s’identifie comme une minorité sous-représentée ou LGBTQ+. 

Le Nasdaq définit la minorité sous-représentée comme toute personne qui s’identifie comme « Noir » ou Afro-américain ; Hispanique ou Latinx ; Amérindien ou natif d’Alaska ; Natif hawaïen ou insulaire du Pacifique ; ou asiatique. 

Des premiers résultats contrastés 

Selon les premières remontées, les principaux bénéficiaires de ce nouvel état d’esprit sont les femmes et les Latinos. 

  • Les femmes occuperaient désormais environ un tiers des sièges au conseil d’administration du S&P 500. 
  • Les Afro-américains ont peu bénéficié du mouvement : ils ne seraient représentés que dans 145 compagnies. 
  • Le nombre de postes confiés aux Latinos auraient quadruplé en un an. (Bloomberg, mars 2021) 

Pour aller plus loin : 

McKinsey: It’s time for a new approach to racial equity 

Wall Street Journal: Why Black professionals comprise 1% of the executives running America’s top 500 companies 

BCG: The Real Reason Diversity Is Lacking at the Top 

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