Pages

mercredi 13 juillet 2022

Cineskope passe par le cinéma pour faire découvrir les ODD aux salariés

Sylvain Lefort a fait une grande partie de sa carrière chez Kantar, anciennement TNS Sofres. Passionné depuis l’enfance par le cinéma, il a co-fondé en 2018 la revue Revus & Corrigés, qui est vendue en librairie. Le numéro 15 vient de sortir. 

 Il a en outre créé Cineskope, une entreprise dont le but est de faciliter la sensibilisation des salariés aux grandes thématiques du développement durable via le 7ème Art. 

D’où t’est venu ce concept ? 

En toile de fond, j’étais comme beaucoup de citoyens, parfaitement informé de l’urgence climatique, sans pour autant savoir comment l’intégrer dans ma vie pro ou perso. 

Il y a 5 ans, j’ai rencontré une responsable d’une entreprise du CAC 40 qui m’a appris qu’elle avait projeté le film Intouchables à certains salariés pour les convaincre d’adopter des pratiques managériales plus inclusives. 

J’ai alors compris que la fiction peut constituer un excellent vecteur pour comprendre certains enjeux ou éviter certains biais. 

  

Que retient-on d’un film ? 

Regarder un film ou des extraits de films, c’est se plonger dans une histoire forte, renforcée par un jeu d’acteurs, des effets visuels et une musique envoûtante. Le spectateur va être pris par l’émotion, plongé dans le récit sans être dérangé par personne tout le temps de la projection. 

Néanmoins, pour convertir ce moment de plaisir en action, nous organisons à la fin de la séance une discussion, qui permet de faire le lien entre le récit et la vie réelle. Cette séquence permet aussi de partir de l’expérience personnelle pour aller vers le collectif. 

Un responsable de l’entreprise peut intervenir, mais nous pouvons ainsi faire appel à des experts externes, spécialistes de la RSE. 

Dans les faits, la plupart de nos interlocuteurs ont déjà engagé des initiatives par rapport au développement durable. Leur défi est de dépasser le stade de la découverte à celui d’un programme de transformation plus ambitieux, porté par la Direction, et compris des salariés. 

Qui sont vos interlocuteurs ? 

Ce sont principalement des DRH, mais aussi les DirCom et les responsables RSE. 

Il s’agit plutôt de grands groupes, qui ont identifié certains enjeux prioritaires et qui souhaitent utiliser de nouveaux formats pour embarquer les salariés. 

Les documentaires peuvent-ils avoir le même impact ? 

De nombreux documentaires, souvent dans le champ environnemental, sont réalisés de manière très professionnelle. Certains d’entre eux ont cartonné comme celui d’Al Gore, Une Vérité qui dérange, en 2006. 

Néanmoins, le cinéma reste un moment de détente ; le spectateur marque une pause et prend du recul. Les émotions de la fiction génèrent un ancrage, là où le documentaire est plus démonstratif, plus professoral. 

Quel film pour quel objectif ? 

Nous avons identifié des films pour les 17 ODD (Objectifs du développement durable), qui sont malheureusement mal identifiés par la plupart des Français. La cinématographie est très riche. Certaines œuvres de Charlie Chaplin, par exemple, illustrent la question de la faim, de la pauvreté ou du travail – des thèmes ancrés alors dans la crise économique, mais qui résonnent encore aujourd’hui. 

Les incendies de forêt, une catastrophe naturelle de plus en plus fréquente, ont été filmés de façon spectaculaire dans Au nom de tous les miens. 

 

Concernant l’inclusion, la diversité et la parité, Les Figures de l’ombre met en scène l’implication de plusieurs femmes noires dans la conquête spatiale aux Etats-Unis : ce film, qui se déroule pendant la ségrégation, pose des questions sur les apports culturels, les conflits potentiels au travail, l’identification des blocages. Des questions toujours d’actualité ! 

Dans un autre genre, Space Cowboys offre une grande richesse sur la place des séniors, une population qui en France est jugée à tort peu attractive par les recruteurs. 

Pour chaque demande et pour tous les thèmes, Cineskope propose de plusieurs œuvres parfaitement adaptées. 

Ponctuellement, nous pouvons aussi recourir à des films dystopiques, comme Soleil Vert, dont les deux premières minutes sont prémonitoires de l’histoire de la planète depuis les années 1970. 

Comment se déroule la session ? 

Le nombre de participants ne doit pas excéder 100 personnes. 

L’événement peut se dérouler en interne ou chez un exploitant de salles de cinéma. Si besoin, plusieurs séances peuvent être organisées dans le temps, avec différents films ou extraits de films, afin de consolider l’élan initial. 

L’entreprise est-elle le bon échelon ? 

Le monde du travail est l’un des derniers lieux où les personnes se côtoient avec une telle diversité d’origine et de différences d’âge. En dehors du monde professionnel, ces personnes ne se croiseraient sans doute pas. L’univers professionnel offre un melting pot qui en fait un lieu idéal d’échange et d’expérimentation. 

Mais, les retombées peuvent avoir une ampleur encore plus importante. Si un employeur met l’accent sur certains sujets, comme via un film comportement une thématique environnementale, si le spectateur sort de la séance et du débat en ayant pris conscience d’une ou deux idées fortes, il est probable qu’il modifiera aussi son comportement dans sa sphère privée. 

Comment Cineskope est-il accueilli ? 

L’acculturation aux questions RSE est le grand sujet du moment, car les solutions sont connues. La difficulté, c’est de lancer le mouvement et se fixer des objectifs. La magie du cinéma permet d’engager la transition en douceur. C’est pour cela que notre idée suscite beaucoup d’intérêt. 

Avez-vous d’autres objectifs ? 

La pandémie de Covid-19 a éloigné le public des salles de cinéma, jugées non essentielles. Notre idée est aussi de soutenir la filière en amenant un nouveau public dans les salles, notamment dans celles qui sont situées près de nos partenaires entreprise. 

Un film peut-il changer le monde ? 

Hélas, non, car nous n’en serions pas là aujourd’hui sur de nombreux plans… Mais il y contribue fortement, ne serait-ce que par l’impact que les images peuvent avoir au niveau individuel en termes de prise de conscience, puis d’évolution de comportement. Car les images valent souvent mieux que de longs discours ! 

Site web de la société : https://cineskope.fr

Pour compléter cette interview :

2011 : Intouchables, une leçon de vie 

http://ong-entreprise.blogspot.com/search?q=intouchables 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire