Les deux plus grands réservoirs de l'Ouest américain, le lac Powell et le lac Mead, ont atteint des niveaux historiquement bas en 2022. L'administration Biden et sept États de l'Ouest américain viennent donc de s’accorder pour la protection du Colorado. L’Arizona, la Californie et le Nevada ont accepté de réduire de 13% leur consommation d’eau en provenance du fleuve.
Les Américains sont de gros consommateurs d’eau. Certains usages sont pointés du doigt.
Ainsi, les pelouses qu’arborent les résidences individuelles et collectives aux Etats-Unis occuperaient 2% de sa surface totale. Aux Etats-Unis, le gazon représenterait ainsi la plus grande « culture » irriguée devant le maïs et le blé.
Selon l’agence environnementale EPA (U.S. Environmental Protection Agency), l’arrosage des pelouses et des jardins pèsent pour 60% de la consommation d’eau des ménages dans les zones arides. Et une partie importante de ce volume est perdue sous forme de ruissellement ou d’évaporation.
Aux Etats-Unis, cet usage consommerait globalement :
- Plus de 12 trilliards de litres d’eau chaque année.
- 26.000 tonnes de pesticides.
- Et 4,5 milliards de litres de carburants pour faire tourner les tondeuses
American Dream
D’abord apanage des demeures aristocratiques en France et en Grande-Bretagne, le gazon s’est popularisé aux Etats-Unis dans les années 50 quand des aides fédérales et l’essor du crédit bancaire ont favorisé l’accession à la propriété, notamment en périphérie des villes.
La maison individuelle, son allée au milieu de la pelouse et le barbecue dans le jardin sont omniprésents dans le cinéma américain.
Prime à l’arrachage
L’assèchement du lac Mead a poussé le sud Nevada à réagir :
• L’arrosage des pelouses pour des raisons ornementales va être interdit pour les bureaux, les bordures de trottoirs, les entrées de bâtiments résidentiels, etc.
• Ni les infrastructures sportives et ni les cimetières ne sont concernés.
• Les familles en maisons individuelles doivent respecter certaines limitations. Une agence locale, la Southern Nevada Water Authority, offre même aux particuliers d’arracher leur gazon pour 30$ le m2. Pour le remplacer par des plantes plus adaptées au climat. Ce tarif est proposé jusqu’à 900m2 de surface, puis il est réduit à 15$ le m2 au-delà.
Afin d’éduquer les administrés, la police patrouille en bordure de jardins pour lutter contre les fuites d’eau et le non-respect des règles. Elle verbalise en cas de récidive.
Dans la même veine, les nouvelles piscines ne doivent pas dépasser une certaine taille dans les environs de Las Vegas.
Sin City, qui accueille dans le désert 40 millions de touristes par an, fait clairement figure de pionnière dans la gestion de l’eau, avec la Californie.
Plus près de chez nous, le préfet de l'Hérault vient d’émettre un avis défavorable à un projet de golf 18 trous accompagné de logements de luxe près de Montpellier. Une décision qu'il explique par le contexte "de sécheresse précoce" et de "nécessaire préservation de la ressource en eau" dans le département.
Pour aller plus loin :
Pas de tondeuse au mois de mai
En 2021, l’ONG britannique Plantlife a lancé l'opération « No mow may », qui incite les 23 millions de propriétaires de jardins à ne pas tondre leur pelouse au mois de mai. Selon Plantlife : « 100m2 de pelouse non tondue produiraient suffisamment de pollen pour alimenter six cellules de couvain d'abeilles minières et suffisamment de nectar pour répondre aux besoins de six bourdons par jour » L’association met aussi en avant les émissions de gaz à effet de serre évitées.
Les recommandation d'EPA
https://19january2017snapshot.epa.gov/www3/watersense/pubs/outdoor.html
Le Monde (2021) : « Le gazon est un non-sens écologique » : et si on rangeait enfin tondeuses, engrais et pesticides ?
L’Obs (08/2022) : « Golfs attaqués, jacuzzis percés… Face à la sécheresse, ces militants qui sabotent les gros consommateurs d’eau »
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