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jeudi 13 janvier 2022

Comment orienter les lycéennes vers les métiers scientifiques


Selon la Fondation For Women in Sciences, seuls 11% des postes de recherche de haut niveau sont occupés par des femmes en Europe. Si de plus en plus de voix s’élèvent contre de phénomène, les stéréotypes sont anciens. Néanmoins, les choses commencent à bouger. 

 Lors de la cérémonie des Nobel, en octobre dernier, la presse internationale a de nouveau souligné que les hommes se voyaient remettre la part du lion. 

Depuis 1901, il faut dire que 59 prix ont été remis à des femmes, soit 6,2% des lauréats individuels, une goutte d’eau. Göran Hansson, secrétaire général de l’Académie suédoise des Sciences, qui décerne les prix de physique, chimie et économie, déplore cette situation. L’organisation suédoise, qui refuse d’instaurer des quotas, intègre pourtant des femmes dans ses comités. Pour Göran Hansson, la société n’encourage pas assez les femmes à s’engager dans des carrières scientifiques. 

Le Nobel ne fait que refléter ses carences. Il note néanmoins des évolutions, puisque si cette année, aucune femme n’a eu de prix Nobel en sciences, elles ont été quatre au cours des deux dernières années. 

 Des filles studieuses 

Alors que les femmes sont aujourd’hui plus diplômées en moyenne que les hommes dans la plupart des pays de l’OCDE, elles restent sous-représentées dans les filières et les métiers scientifiques et techniques. 

 En France, en 2016, seules 31 % des filles s’orientent vers une première scientifique après la seconde, contre 39% des garçons. À l’inverse, les filles ont trois fois plus de chance de s’orienter vers une première littéraire (14% contre 4% parmi les garçons). 

 Dans l’enseignement supérieur, alors qu’elles représentent 55 % des effectifs (42 % en CPGE et 58 % à l’université), les filles ne représentent que 29 % des étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles scientifiques. 

L’importance des role models 

L’Institut des Politiques Publiques (IPP) s’est penché en 2019 sur le programme For Girls in Science, une campagne de sensibilisation lancée en 2014 par la Fondation L’Oréal. Ce dernier propose des interventions d’une heure, qui sont dispensées en classe par des jeunes femmes de formation scientifique. 

En 2015-2016, les interventions en classe ont été conduites par une soixantaine de jeunes femmes, dont la moyenne d’âge était de 33 ans et qui présentaient deux profils distincts : 

  • 38 jeunes femmes scientifiques travaillant dans le département recherche et innovation de L’Oréal, qui se sont portées volontaires pour participer au programme ; 
  • 21 jeunes chercheuses en sciences (doctorantes ou post-doc) titulaires d’une bourse L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science », qui ont participé au programme dans le cadre de leur contrat de bourse. 
L’étude montre que ce dispositif a permis une diminution significative des représentations stéréotypées des élèves sur les métiers scientifiques et sur les différences genrées d’aptitudes pour les sciences, aussi bien chez les filles que chez les garçons. Il faut dire que certains préjugés font florès. 



Ces interventions ont bien eu un impact sur l’orientation postbac des filles de terminale S. En effet, parmi ces dernières, la proportion s’orientant vers une classe préparatoire scientifique est passé de 11 à 14,5 %, soit une augmentation de 30 %. Un travail dans la durée La Fondation l’Oréal collabore depuis 1998 avec l'UNESCO au sein de For Women in Science. Depuis cette date, 122 Lauréates et plus de 3.800 jeunes scientifiques talentueuses, doctorantes et post-doctorantes ont été récompensées et accompagnées dans plus de 110 pays. 

Une autre association, créée en 2006, « Elles bougent » œuvre dans le même sens. Elles bougent vise à répondre à une attente des entreprises, en particulier des industriels, qui ont bien conscience du handicap d’une trop faible présence des femmes dans leurs effectifs. 

 Sa fondatrice, Marie-Sophie Pawlak, participe aussi aux actions de féminisation de la Marine Nationale du centre d'études stratégiques de la Marine (CESM). .

Quand la finance valide cette stratégie

Veepee, leader européen de la vente événementielle en ligne, vient de souscrire une facilité Sustainability-linked, qui contribue à structurer sa stratégie durable. 

Elle poursuit trois objectifs, dont RE-CYCLE, une initiative C2B (Consumer to Business), qui permet de collecter les produits usagés de marques dormant dans les armoires de ses membres et de leur donner une seconde vie (nouveaux propriétaires ou recyclage). Mais, il faut aussi noter que cette entreprise va faire la promotion des métiers « Tech » auprès des femmes par le mentorat en est un autre. 

Sources : 

Role Models féminins : un levier efficace pour inciter les filles à poursuivre des études scientifiques ? Septembre 2019 

Dans un autre champ d’action, l'association Femmes & Cinéma, fondée en 2014, vient de lancer un appel à films afin d’inciter les jeunes filles à s’orienter vers la science. Ce projet, dénommé Phénoménales, s’adresse à tous. Il s’agit de produire un court-métrage de fiction d'une durée de 3 à 5 minutes sur le thème des femmes dans les métiers des sciences et des technologies. Cinq courts métrages seront sélectionnés et diffusés sur France 3 

Une version antérieure de ce post a été publiée sur l’Observatoire de la Compétence Métier https://www.observatoire-ocm.com/ 

Association Femmes et Mathématiques, qui estime que la dernière réforme du Bac pourrait éloigner les filles des maths. 

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 Janvier 2022-Crédit Agricole CIB accompagne Veepee dans un financement syndiqué Sustainability-linked 
  

mardi 16 novembre 2021

L’objectif de neutralité carbone sort du flou grâce à la science (SBTi)


Jamais il n’est paru autant d’articles sur la neutralité carbone. Mais, d’autres termes ont aussi fait flores comme « négatif en carbone » ou « climatiquement neutre ». 

Ce foisonnement reflète un certain flou et ne permet pas de distinguer la réalité des engagements des entreprises qui communiquent sur ce sujet. Les ONG n’hésitent pas à s’engouffrer dans la brèche. 

Au mois de mai, un tribunal néerlandais a condamné Shell à réduire ses émissions de CO2 de 45 % d'ici 2030. Le groupe pétrolier était accusé par Greenpeace, ActionAid et plusieurs ONG de ne pas s'aligner sur l'Accord de Paris. 

En Allemagne, Greenpeace vient d’attaquer Volkswagen sur l’insuffisance de ses cibles de réduction d’émissions de dioxyde de carbone.  

La multiplication de ces actions juridiques a sans doute une origine logique. En effet, selon une étude récente Accenture « Reaching Net Zero by 2050 », 

  • seules 5% des entreprises européennes atteindront la neutralité carbone à la date cible prévue pour leurs propres opérations (scope 1 et 2), si elles poursuivent le même rythme de réduction des émissions qu’elles ont atteint entre 2010 et 2019. 
  • Et, seulement 9% d’entre elles y parviendront à horizon 2050. 
Si ce retard n’est pas rédhibitoire, de nombreux engagements ayant été annoncés ces derniers temps, il peut refléter une difficulté de certains groupes, qui ne savent pas par où commencer ou tout simplement qui manquent d’ambition. 

L’inaction ne semble plus une option. 

Un standard pour passer à l’action 

Lancée en juin 2015, l’initiative Science Based Targets (SBTi) est un projet conjoint du Carbon Disclosure Project (CDP), du Global Compact des Nations Unies, du World Ressource Institute (WRI) et du WWF. 

L’initiative vise à encourager les entreprises à définir des objectifs de réduction (aussi appelés cibles de réduction) des émissions de gaz à effet de serre (GES) en cohérence avec les préconisations scientifiques. 

 La route est claire : pour rester dans les clous, il convient de contenir l’augmentation des températures mondiales en deçà de 2°C, voire en deçà de 1,5°C, par rapport aux températures préindustrielles. 

La SBTi souhaite accompagner les entreprises sur ce terrain, en leur fournissant des outils, des conseils et un œil externe, qui vont les aider à se fixer de manière fiable des cibles de réduction d’émissions de GES. L’idée est de sortir du flou et de se donner un agenda. 

  • environ 1.800 entreprises adhèrent à SBTi 
  • et plus de 1.000 d’entre elles ont d’ores et déjà vu approuver la cible de 1.5°C. 
  • lles sont présentes dans 53 secteurs d’activités, dans 60 pays et emploient 32 millions de salariés. 

Le Net-Zero standard 

La SBTi a voulu aller plus loin en concevant une première norme mondiale de fixation d'objectifs net zéro pour les entreprises, en cohérence avec la science, comme ce qui est publié par l’Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). 

Le Net-Zero Standard vient d’être dévoilé. 

Reposant sur des données incontestables, il doit apporter de la clarté et une confiance accrue pour les parties prenantes. 

  1. Le process de réduction des émissions porte sur toute la chaine de valeur, les émissions liées au process direct de l’entreprise (scope 1), l’achat d’électricité et de chauffage (scope 2) et les fournisseurs et les utilisateurs finaux (scope 3). 
  2. Les efforts doivent être conjugués à court et à long termes. Les promoteurs de ce référentiel sont partis du constat que la plupart des entreprises, qui prétendent atteindre le net-zéro en 2050, le font en termes vagues. Et, lorsque leur programme est plus détaillé, l’essentiel de l’effort est réalisé dans la dernière décade ou cinq ans avant 2050. Pour STBi, il faut au contraire réduire les émissions le plus tôt possible, à savoir d’au moins 45% du niveau de 2010 vers 2030.
  3. Une entreprise ne peut pas revendiquer avoir atteint le « net-zéro » tant qu’elle n’a pas achevé son objectif à long terme (basé sur la science). C’est-à-dire quand ses émissions auront chuté de 90 à 95%. A partir de ce stade, mais pas avant, elle pourra engager des stratégies de compensation pour neutraliser le solde, impossible à éliminer. 
  4. Les entreprises sont aussi invitées à agir en dehors de leur chaine de valeur dans d’autres domaines, comme via la solidarité internationale, mais ces investissements s’inscrivent en plus des réductions d’émissions déjà nécessaires, et non en remplacement.

   

Race to Zero 

Le standard Net-Zero Standard a été conçu pour des entreprises de plus de 500 salariés, qui veulent s’engager sur des objectifs net-zero via SBTi. Mais il ne s’applique pas aux institutions financières. 

Les 7 premiers groupes dont la stratégie a été validée par SBTi sont AstraZeneca, CVS Health, Dentsu International, Holcim , JLL, Ørsted (Danemark) et Wipro (Inde). 

Dans le détail, le groupe de communication Dentsu International vise par exemple une décarbonisation de sa chaine de valeur à hauteur de 90% dès 2040. Il indique aussi être la première entreprise à obtenir l’accréditation RE100, conséquence de son recours exclusif aux énergies renouvelables. 

 Alberto Carrillo Pineda, co-fondateur de SBTi souhaite embarquer le maximum d’entreprises dans ce processus. Il appelle le monde des affaires à rejoindre le mouvement « Race to Zero ». 

Vers une communication plus transparente 

Pour Novethic, cette initiative va crédibiliser les entreprises qui l’adoptent. Elles prêteront moins le flanc à des accusations de greenwashing. 

Selon EcoAct, le respect du standard permet en effet de « communiquer sur ses engagements de manière transparente et intelligible aux parties prenantes grâce à un cadre commun.».
  . 

Le volontarisme de la finance 

En septembre, les investisseurs sont entrés dans la danse, car iIs ont besoin de données homogènes pour orienter leurs décisions. 

220 gestionnaires d’actifs de 26 pays et gérant 29 trilliards de dollars ont ainsi appelé à l’adoption massive des cibles de réduction des émissions basés sur une approche scientifique. 

Parmi eux, Allianz, Crédit Agricole et Amundi. 

Et, ils ont fait pression de concert sur 1.600 multinationales, afin qu’elles adoptent un processus de décarbonisation crédible dès juillet 2022. 

Deux méthodes pour progresser 

Deux méthodologies ont été retenues par l’initiative Science Based Targets pour qu’une entreprise réduise ses GES : 

  • L’Absolute Contraction Approach (ACA) est une démarche universelle qui permet de se fixer des objectifs de réduction absolue d’émissions en ligne avec la trajectoire recherchée. Deux-tiers des entreprises ayant adopté des cibles validées par SBTi en 2020 l’utilisent. 

  • La Sectoral Decarbonization Approach (SDA) est une méthode alternative d’atténuation bien adaptée aux activités intenses en carbone comme le transport, l’aviation ou la production d’électricité. Elle peut permettre d’aller plus vite ou moins vite (ciment, aviation) que les Accords de Paris selon les métiers. La version actuelle de la SDA permet à la production électrique de respecter la cible de 1.5°C, tandis que pour d’autres secteurs, la réussite sera plus lente, en fonction des opportunités fournies en matière de décarbonisation par de nouvelles technologies. 

En se basant sur la SDA, Cemex a ainsi vu sa stratégie validée par Carbon Trust. Le cimentier a annoncé une baisse de ses GES de 35% en 2030. La réduction du CO2 va pousser la compagnie à recourir à des combustibles alternatifs, à décarboner les matières premières, à recourir aux énergies propres et à concevoir de nouveaux ciments. 

Fin octobre, Air France a décidé de s’inscrire dans une trajectoire de décarbonation, dont les objectifs seront soumis à SBTi au premier semestre 2022. Ce qui est intéressant c’est que la compagnie et ses filiales détaillent comment elles comptent s’y prendre. 

 Grâce en particulier à un renouvellement de la flotte, comme l’abandon des quadriréacteurs. Et, via l’utilisation de carburants durables d’aviation ou SAF (« Sustainable Aviation Fuels »). 

 Le référentiel Net Zero Initiative arrive donc à point nommé. 

 Pour aller plus loin : 

Octobre 2021-Novethic. 
Neutralité carbone : pour avoir un vrai impact, les entreprises peuvent enfin s’appuyer sur une norme de référence 

Octobre 2021-Accenture : 
Près d’un tiers des plus grandes entreprises cotées en Europe se sont engagées à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. 


Lancée en septembre 2019, l'alliance Net-Zero Asset Owner (NZAOA) rassemble les assureurs et investisseurs qui s'engagent sur la neutralité carbone de leur portefeuille d'investissements d'ici 2050.

    

  Fin

jeudi 28 novembre 2019

Comment réduire dès le lycée les préjugés sur la place des femmes dans la science

Alors que les femmes sont aujourd’hui plus diplômées en moyenne que les hommes dans la plupart des pays de l’OCDE, elles restent sous-représentées dans les filières et les métiers scientifiques et techniques. 

En France, en 2016, 31 % des filles s’orientaient vers une première scientifique après la seconde, contre 39% des garçons. À l’inverse, les filles ont trois fois plus de chance de s’orienter vers une Première littéraire (14% contre 4% parmi les garçons).

Dans l’enseignement supérieur, alors qu’elles représentent 55 % des effectifs, les filles ne représentent que 29 % des étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) scientifiques.

En septembre dernier, l’Institut des Politiques Publiques s’est penché sur le rôle de l’éducation dans la réduction les préjugés concernant la place des femmes dans les filières scientifiques. 

Depuis 2014, le programme de sensibilisation For Girls in Science de la Fondation L’Oréal propose des interventions d’une heure, qui sont dispensées en classe par des jeunes femmes de formation scientifique.

En 2015-2016, ces interventions ont été conduites par une soixantaine de jeunes femmes, dont la moyenne d’âge était de 33 ans et qui présentaient deux profils distincts :

  • 38 jeunes femmes scientifiques travaillant dans le département recherche et innovation de L’Oréal, qui se sont portées volontaires pour participer au programme; 
  • 21 jeunes chercheuses en sciences (doctorantes ou post-doc) titulaires d’une bourse L’Oréal-UNESCO «Pour les Femmes et la Science », qui ont participé au programme dans le cadre de leur contrat de bourse. 
L’objectif de ces interventions est de contrecarrer les stéréotypes associés aux métiers scientifiques et à la place des femmes en sciences. L’étude montre que ce dispositif a permis une diminution significative des représentations stéréotypées des élèves sur les métiers scientifiques et sur les différences genrées d’aptitudes pour les sciences, aussi bien chez les filles que chez les garçons.

Ces interventions ont eu un impact sur les études supérieures des filles de terminale S. En effet, parmi ces dernières, la proportion s’orientant vers une classe préparatoire scientifique est passé de 11 à 14,5%, soit une augmentation de 30%.

L’’efficacité des role models féminins peut se mesurer sur leur capacité à déconstruire les stéréotypes relatifs aux métiers scientifiques et à la place des femmes et des hommes en science. Un role model est une personne inspirante, qui sert d’exemple de la vie que l’on suit ou que l’on doit suivre, une source de motivation.

Source :  "Role Models féminins : un levier efficace pour inciter les filles à poursuivre des études scientifiques ?"
Téléchargeable : ici
 Fin

mercredi 21 octobre 2015

Le changement climatique en BD avant COP21

Quoi de mieux qu’une BD pour mettre les choses à plat, surtout quand les esprits sont échauffés ? 

Tout le monde a entendu parler du bouleversement du climat ou en a déjà subi les conséquences, mais peu de personnes disposent d'une vision claire du sujet.

NKM, grande prêtresse du Grenelle de l’Environnement pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, vient de déclarer sur le plateau de Canal+ que les climato-sceptiques sont tout simplement "des connards".

Un enjeu mondial 

En termes plus policés, le Pape François a appelé cette année les catholiques à se joindre à la lutte contre le changement climatique. Pour lui, la science est claire. Il faut protéger les plus vulnérables et sauver la Création. On sait que le dérèglement climatique va apporter son lot de misère (inondations, ouragans, famines, réfugiés climatiques, perte de biodiversité etc.).

A ce titre, il vient de se créer les « Vulnerable Twenty », V20, en marge des réunions annuelles du World Bank Group et du FMI à Lima. Miroir du G20, le V20 regroupe outre les Philippines, l'Afghanistan, le Bangladesh, la Barbade, le Bhoutan, le Costa Rica, le Timor oriental, l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, Kiribati, Madagascar, les Maldives, le Népal, le Rwanda, Sainte-Lucie, la Tanzanie, le Tuvalu, le Vanuatu et le Vietnam. Ils comptent faire entendre leur voix.

Obama tente lui aussi de faire bouger les lignes, alors qu’une grande part des climato-sceptiques et de ceux qui les financent sont américains.
Si vous n’avez ni le temps ni les connaissances pour vous plonger dans les derniers rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), une BD vient d’être publiée aux Editions Eyrolles qui tente de répondre simplement à des questions complexes aux enjeux parfois cachés.

Cet ouvrage dresse un tableau assez inquiétant, mais ne cache pas qu’il existe un degré d’incertitude sur l’ampleur du réchauffement.

Avec néanmoins une conviction forte, la nécessité de réduire les émissions de C02 et des autres gaz à effet de serre.

Des questions simples 

Comment fonctionne le réchauffement climatique ?

D’où vient l’acidification des océans ?

Quels changements dans les décennies à venir ?

Comment agir, seul ou collectivement ?

Une BD appréciée 

Pour Philippe Dandin, Météo-France. Centre national de recherches météorologiques.

"Bravo aux auteurs qui nous entraînent dans leur lecture complète, lucide et joyeuse de la question climatique." 

Selon ma fille, qui a 13 ans, « la BD est claire, c’est facile à comprendre. »
Le soutien de Jean Tirole, président de la Toulouse School of Economies (TSE) et prix Nobel d'Économie.

"Des causes probables du réchauffement climatique à ses dimensions économiques et géopolitiques, Yoram Bauman et Grady Klein nous emmènent avec humour et rigueur à la recherche de solutions pour infléchir une évolution qui remet en cause la survie de l'humanité. Ils montrent pourquoi il est possible et urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre en changeant nos comportements, en adaptant nos politiques énergétiques, en tarifiant le carbone. Un livre beaucoup plus sérieux qu'il n'y parait et qui vous fera comprendre les grands enjeux des négociations internationales sur le changement climatique." 

Un effort pédagogique qui tranche avec une étude inédite publiée le 12 octobre dans la revue Nature Climate Change par des enseignants-chercheurs de Kedge Business School, University of Leeds, University of Bonn et Roma Universita.

Elle démontre que les résumés produits depuis 1990 par le GIEC à l’attention des décideurs politiques sont de moins en moins intelligibles alors même qu’ils ont donné lieu à une augmentation de leur couverture médiatique de plus en plus pessimiste.

Référence : 
  • Auteurs : Yoram Bauman, Grady Klein 
  • Editeur : Eyrolles 
  • 206 pages 
  • Date de parution : 03/09/2015 
  • EAN13 : 9782212562446 
  • Prix : 18€ 
 Les auteurs 

Dessinateur et illustrateur indépendant, réalisateur de films d’animation, Grady Klein est le créateur de la série de bandes dessinées The Lost Colony.

Économiste de l’environnement à l’université de Washington (et professeur à temps partiel à la Lakeside High School de Seattle), Yoram Bauman est connu comme le premier «économiste de one-man-show». Il se produit sur scène partout dans le monde.



Pour aller plus loin :



Extrait PDF de la version US : "The Cartoon Introduction to Climate Change" (Juin 2014) 
http://ncse.com/files/pub/evolution/excerpt--cartooncc.pdf


Un autre livre : Elise Rebut : Une discipline scientifique à elle seule ne peut pas appréhender dans sa complexité la thématique climatique. 
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2010/02/elise-rebut-une-discipline-scientifique.html 

72 entreprises font pression sur Bruxelles pour une politique climatique plus ambitieuse 
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2011/06/72-entreprises-font-pression-sur.html 

end

lundi 11 juillet 2011

Le biomimétisme : ne pas souiller son nid, optimiser plutôt que maximiser

Le livre de référence sur le biomimétisme de Janine M. Benyus (en pleine démonstration sur la photo ci-contre) vient enfin d'être traduit. Méthode innovante, le biomimétisme cherche des solutions soutenables en s’inspirant de concepts et de stratégies ayant fait leurs preuves dans la nature : gérer les mégalopoles comme une forêt primaire, colorer des immeubles comme les ailes du papillon sans pigment ni produits chimiques, etc. L’édition originale de cet ouvrage a été publié en 1998 aux Etats-Unis sous le titre « Biomimicry, Innovation Inspired by Nature ». Il aura donc fallu 13 ans pour attendre qu’un éditeur français s’en empare, sans doute en raison de la trop grande segmentation des disciplines scientifiques dans l’hexagone. Janine M. Benyus est venue du Montana à Paris fin juin pour assurer la promotion de son livre et vanter les mérites d’une nouvelle approche révolutionnaire, susceptible de générer des innovations durables, le biomimétisme. Née en 1958, Janine est une scientifique américaine diplômée en sylviculture et en littérature. Méthode innovante, le biomimétisme cherche des solutions soutenables en s’inspirant de concepts et de stratégies ayant fait leurs preuves dans la nature : cultiver les aliments comme une prairie, filer les fibres comme une araignée, etc. Léonard de Vinci recommandait déjà « d'aller prendre ses leçons dans la nature ». En 1903, l’avion des Frères Wright est né de l’observation des vautours (portance, trainée). En 1943, dans son manuel de survie, l’US Naval Institute publiait un ouvrage, « How to Survive on Land and Sea », recommandant à ses soldats projetés en milieu hostile d’observer ce que mangent les animaux, car ces ingrédients ne présentent en général pas de danger pour la santé. Pour révéler les richesses de la nature, Janine M. Benyus a été amenée à conduire son enquête au croisement de nombreuses disciplines scientifiques. Ses travaux recouvrent la totalité des activités humaines comme l’agriculture, les matériaux (BTP, etc), l’énergie, l’informatique, le commerce et différentes thématiques : recyclage, économie d’énergie, efficacité, réduction de la pollution. En se fondant sur sa connaissance du terrain, Janine joue aussi un rôle d’alerte. Il est urgent de prendre en compte les risques de perte de biodiversité, du recours à des produits nocifs, que la nature parvient très bien à se passer, mais aussi de la pression démographique, qui pousse au pillage irraisonné de ressources naturelles.
« Pour le biologiste Wes Jackson, la notion de « ressources » devient indécente. »
Depuis 3,8 millions d’années, la nature n’a cessé de s’adapter sans hypothéquer le futur et sans pétrole. Si 99% des espèces ont disparues, celles qui subsistent méritent le respect : elles peuvent fournir des pistes de succès non pas à exploiter, mais à imiter. Tous ces organismes sont des modèles de prospérité.
Les dix commandements du Peuple de Séquoia - La nature fonctionne à l’énergie solaire. - Elle n’utilise que la quantité d’énergie dont elle a besoin. - Elle adapte la forme à la fonction. - Elle recycle tout. - Elle parie sur la diversité. - Elle valorise l’expertise locale. - Elle limite les excès de l’intérieur. - Elle utilise les limites en opportunités.
S’inscrivant dans la durabilité, les innovations apportées par le biomimétisme font souvent appel à une approche transversale, aussi bien dans l’observation de la nature que dans le design en entreprises. Mais, aussi d’éco-quartiers ou d’ensembles industriels, où plusieurs entreprises vont imaginer un écosystème (Kalundborg, Danemark). C’est pourquoi de nombreux biologistes ont été embauchés ces dernières années pour faire bénéficier les entreprises innovantes de leur expérience. Le livre permet aussi de mettre en évidence les avantages que retirent les entreprises pionnières, notamment en termes de brevets, mais aussi de réduction de coûts et d’anticipation de normes réglementaires (chimie). Si les marketers ont échoué à vanter certains produits naturels dans les années 70, les industriels peuvent sans doute aujourd’hui plus facilement en tirer un avantage en termes d’image, compte tenu de la montée des préoccupations environnementales. Parmi les entreprises citées, 3M dans la réduction des toxines dans ses produits, ATT dans l’écologie industrielle, Black&Decker, Déjà Shoe qui fabrique des chaussures à partir de pneus usés. De son côté, Canon invite ses clients à lui retourner ses cartouches d’encre vides de ses imprimantes et ses photocopieurs. La firme prend en charge les frais d’envoi et pour chaque l’envoi reverse un don de 5 dollars à la National Life Conservation ou à Nature Conservancy. Pour Daniel Chivas, Lessons from Nature ; 1992
"Davantage d’entreprises admettent que les technologies qui créent de sous produits que la société ne peut pas absorber sont des technologies qui ont fondamentalement échoué ».
Le livre s’inscrit bien sûr dans une mouvance plus large comme The Natural Step (TNS) et Cradle to Cradle. http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/07/natural-step-pose-les-bonnes-questions.html Certains ouvrages peuvent avoir un impact insoupçonné, comme de fut le cas pour InterfaceFLOR, qui est basé à Atlanta. La lecture en 1994 par son fondateur Ray Anderson de deux livres, L'Écologie de marché, de Paul Hawken, et Ishmael de Daniel Quinn (1992), allait le pousser à faire de son groupe la première entreprise à démontrer au reste du monde le bien-fondé du développement durable. Dans la même veine, le WWF prône l’éco-conception. Un sujet qui figurait à l’agenda de son Université de rentrée 2010 sur la biodiversité. Ce livre qui comprend notamment un très bel éloge de la prairie et de l’observation du mode alimentaire des singes (comment ils se soignent), est remarquablement traduit. Il est très documenté et laisse augurer une série Initial DD très prometteuses aux Editions de l’Echiquier. Je regrette seulement l’absence d’un index. Au-delà de ce livre, qui plaide en faveur du partage de la planète, un site Internet est aussi en ligne afin de faire part des observations effectuées dans la nature, en open source. http://www.asknature.org/ Il s’agit d’éviter que certains industriels mettent la main sur des techniques développées par des animaux, des plantes ou des écosystèmes. Soit des millénaires de R&D, qui sont un bien commun à imiter et à préserver. Gare à la biopiraterie. Conférence Biomimétisme - Partie IV - Inspiré par les Ecosystèmes (Fondation Cousteau) Pour aller plus loin : Biomimétisme Quand la nature inspire des innovations durables Janine M. Benyus Collection Initial(e)s DD genre : Essai prix : 23 euros format : 150 x 200 mm nombre de pages : 400 pages date de parution : 4 mai 2011 EAN : 9782917770238 ISBN : 978-2-917770-23-8 Sommaire CHAPITRE 1 IMITER LA NATURE Pourquoi le biomimétisme, aujourd’hui ? CHAPITRE 2 COMMENT ALLONS-NOUS NOUS NOURRIR   ? L’agriculture adaptée à la terre :cultiver la nourriture selon le modèle de la prairie CHAPITRE 3 COMMENT ALLONS-NOUS PRODUIRE DE L’ÉNERGIE   ? De la lumière à la vie : recueillir l’énergie à la manière d’une feuille CHAPITRE 4 COMMENT FABRIQUER NOS MATÉRIAUX ? Adapter la forme à la fonction : tisser des fibres à la manière d’une araignée CHAPITRE 5 COMMENT POUVONS-NOUS NOUS SOIGNER  ? Des experts parmi nous : trouver des remèdes, à la manière des chimpanzés CHAPITRE 6 COMMENT STOCKER NOS CONNAISSANCES ? La danse des molécules : calculer à la manière d’une cellule CHAPITRE 7 COMMENT ALLONS-NOUS FAIRE DES AFFAIRES ? Fonctionner en circuit fermé : gérer une entreprise à la manière d’une forêt de séquoias CHAPITRE 8 ET APRÈS, OU IRONS-NOUS ? Que l’émerveillement ne cesse jamais : pour un avenir biomimétique La collection « Initial(e)s DD » Biomimétisme est le premier ouvrage de la collection « Initial(e)s DD », dont l’ambition est de mettre à disposition d'un public francophone les livres de ceux et celles qui inventent ou ont inventé le développement durable. Pour identifier ces livres fondateurs, Rue de l'échiquier bénéficie de l'expertise de Bruno Lhoste, directeur de collection. Diplômé en énergétique, Bruno Lhoste est directeur général d'Inddigo, société de conseil et d'ingénierie en développement durable. Il garantit à « Initial(e)s DD » la réalisation d'un objectif : faire progresser l’intelligence collective, ce bien commun indispensable au développement durable. http://www.inddigo.com/ Site personnel de l’auteur : http://www.janinebenyus.com/ Site d’infos : The Biomimicry Institute is a not-for-profit organization that promotes the study and imitation of nature’s remarkably efficient designs, bringing together scientists, engineers, architects and innovators who can use those models to create sustainable technologies. The Biomimicry Institute offers short-term workshops and two-year certificate courses in biomimicry for professionals, and helps to develop and share biomimicry-related curricula used in a range of educational venues, from K-12 classrooms to universities, as well as in non-formal settings such as zoos and museums. The Biomimicry Institute does not conduct its own research; rather, it serves as a clearinghouse and resource for those who do. http://biomimicryinstitute.org/ Un Blog très riche: Le blog des tendances design, technologies, architecture, web http://alltrends.over-blog.net/ 21 juin 2011.Tarkett, leader mondial des revêtements de sols et de surfaces Sportives, a obtenu la certification Cradle to Cradle® (niveau argent) pour sa gamme de produits linoléum. Et signe un partenariat avec l’institut allemand de recherche scientifique EPEA (Environmental Protection and Encouragement Agency) http://www.tarkett.com/group/sites/default/files/Lino%20C2C%20certification_FR_v3.pdf Photo de Janine prise en conférence de presse/blogueurs dans les locaux de MateriO. Centre indépendant d’informations sur les matériaux innovants, MateriO inscrit sa démarche dans celle du biomimétisme et figure parmi les lieux incontournables pour les designers, créateurs, artistes, industriels qui s’intéressent à l’éco-conception. http://www.materio.com/

mercredi 3 mars 2010

La science à l’épreuve des médias


Les scientifiques et les médias ont besoin l’un de l’autre pour communiquer. Le public attend de leurs échanges une information fiable. Seuls les journalistes peuvent permettre une hybridation entre savant et profane. Alors que les journalistes avaient joué un rôle majeur, à côté des ONG, dans la sensibilisation des Français au réchauffement climatique, le Climategate a brouillé les cartes.

Dans ce contexte, l’Institut Océanographique Paul Ricard et la Société Européenne des Réalisateurs de l’Environnement ont organisé hier soir, autour de Patricia Ricard, une conférence sur le thème "La science à l'épreuve des médias". Les intervenants du Mardi de l’Environnement ont fait part de leurs contraintes.

Pour Anne Bauer, Journaliste aux Echos et Présidente de l’Association des journalistes de l’environnement (AJE, 120 adhérents), la difficulté du métier est d’être pris dans un tourbillon d’informations. Le journaliste passe de crise en crise sans répit : grippe aviaire, thon rouge, climat, pomme de terre OGM, etc. Sur ce, vient se greffer des querelles entre scientifiques, des incertitudes, alors que le journaliste aurait besoin de faire confiance aux hommes de science. Pour Anne Bauer, il n’est pas possible d’enquêter sur chaque chercheur pour jauger son degré de fiabilité. L’autre défi est de faire part de toute l’étendue des débats, de donner tous les points de vue, même minoritaires.

A la télévision, lorsqu’on manque de temps ou qu’on ne maîtrise pas un dossier, la tentation est grande d’interroger deux experts aux opinions opposées, sans tenter de faire la synthèse. Pour la spécialiste des Echos, la multiplication des supports traitant des questions environnementales et l’explosion des blogs et des sites d’Université contribuent également à une dispersion extrême des sources d’information.

De son côté, Yves Miserey, du Figaro, refuse de porter l’étiquette de journaliste scientifique. Pour éviter de se laisser déborder, il se documente très en amont à travers la lecture des revues spécialisées. Il a également constaté que la presse parisienne était parfois restée très franco-française sur certaines questions comme par exemple des débats entre pays du Nord et du sud sur l’adaptation au changement climatique. De l’autre côté de la Manche, les confrères britanniques étaient plus en avance et moins partial. Le reporter doit éviter de se retrouver embarqué par quelques interlocuteurs privilégiés, souvent compatriotes, une situation qui présente les mêmes dérives que l’«Embedded journalism» dans les zones de conflit.

Yves Leers, ancien de l’AFP et de l’ADEME, actuellement chez Toogezer, souligne que le journaliste est souvent seul face à des dossiers brûlants, face à son Rédacteur en chef et aux annonceurs. Il aura fallu du temps pour que la presse fasse le jour sur le fameux nuage de Tchernobyl, qui s’était arrêté aux frontières françaises. La presse scientifique doit réussir à se forger une ligne éditoriale, dans un univers régi par les lobbies et les groupes de pression. A ce titre, les ONG, comme le WWF France, ne sont pas pauvres. Elles ont les moyens de s’offrir les services de lobbyistes expérimentés. Un des secteurs les plus exposés aux pressions et tentations (voyage de presse) serait celui de la santé. La réussite de ces politiques d’influence est aussi de réussir à faire oublier certaines données : la chasse au CO2 a ainsi fait passer aux oubliettes la question des oxydes d’azotes émis par les voitures.

Pour Jacky Bonnemains, de l’association Robin des Bois, la défense de certaines causes doit savoir allier lenteur et rapidité. Il faut dans un premier temps être capable de recouper les informations et savoir tirer parti du service de documentation de l’ONG, qui dispose de 25 ans d’archives. Encore récemment, l'association écologiste a demandé au préfet maritime de l'Atlantique le démantèlement ou le retour dans leur pays d'origine de deux ferries de plus de 40 ans en avarie à Brest. Robin des Bois n’a de cesse de dénoncer la vente de bateaux européens «au bout du rouleau» aux pays du Sud.

Pour le porte-parole de l’association, la fragmentation des médias a entraîné une perte d’influence des médias historique. Pour lancer une campagne, une association ne peut plus se contenter de contacter quelques grands diffuseurs comme à la télé, la radio et de grands quotidiens. Il faut aussi tenir compte de tous les autres relais qui existent sur Internet, dont la vitesse de réaction est plus rapide. Par ailleurs, il rappelle qu’il faut savoir que les scientifiques défendent des budgets pluriannuels et que leur passage régulier dans la presse ne peut que conforter leur financement.

Jacky Bonnemains constate aussi qu’il est nécessaire de travailler avec les services de l’Etat, même si ceux-ci ont tendance à se focaliser sur les sujets qui font les manchettes. Pourtant, il faut beaucoup de temps pour qu’un groupe de travail produise des recommandations. Pour lui, les ONG ont pu collaborer avec l’Etat dans de bonnes conditions depuis le Ministère de Brice Lalonde et cette coopération s’est encore accéléré avec le Grenelle de l’Environnement et le Grenelle de la Mer. Le problème étant qu’une fois qu’on a dressé des perspectives, il faut du temps pour les mettre en œuvre. Pour lui, il faut conserver une vision à 360°, sans tomber dans le panurgisme, comme ce fut le cas pour le thon rouge.

Jean-François Carenco, Directeur de Cabinet, du Ministre d’Etat, Ministre de l’Ecologie de l’Energie du Développement Durable et de la Mer en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, relève que les sujets environnementaux sont particulièrement complexes. Un phénomène peut provenir de plusieurs causes, comme il l’a observé pour la disparition de la morue lorsqu’il était préfet à Saint-Pierre et Miquelon. Or, la société, la République des juges, réclame des messages simples, donc réducteurs. De plus, la participation du public dans des processus de concertations sur des thématiques environnementales prend du temps. A ce titre, il regrette que les hommes politiques soient davantage interpellés qu’interrogés. Et, il reconnaît qu’il n’est pas non plus possible d’avoir tout le temps un avis sur tous les sujets. Il revendique que son Ministère prône l’honnêteté et la transparence, y compris sur le dossier nucléaire.

Pour Jean-Marie Pelt, botaniste, écrivain, homme politique, il faut se méfier de l’instantané et du sensationnel. Copenhague a tétanisé les journalistes pendant 15 jours, avec un relent de catastrophisme. Ces derniers ont juré qu’on ne les reprendrait plus, si bien qu’il est devenu aujourd’hui très difficile de parler de biodiversité. En écologie, il convient de rompre avec le pessimisme ambiant et de mesurer objectivement la portée de dangers réels. Rien ne sert de céder à la tentation anxiogène. Ce vulgarisateur admet que quand il ne connaît pas une réponse, il vérifie, ce qui n’est pas toujours le cas dans toutes les salles de rédaction. C’est une question de déontologie. Jean-Marie Pelt vient ainsi de refuser de répondre à chaud à un journaliste sur ce qu’il pense de l’autorisation en Europe de la pomme de terre OGM de BASF, car il n’avait pas alors tous les éléments en main. Un effort louable, même si le rythme des médias ne permet pas en général de reporter un sujet chaud au lendemain.

Pour Yvon le Maho, qui revendique une indépendance absolue, l’expertise doit être contradictoire. Le sensationnel doit être évité à tout prix. Alors que l’étude de la biodiversité manque de moyens, il prône un GIEC de la biodiversité, qui réunirait toute la communauté scientifique internationale. Yvon le Maho est académicien des sciences. Il observe actuellement les manchots aux Îles Crozet. Il a participé au Grenelle de l’environnement et s’est vu demandé dans le cadre de «L’après Grenelle» une expertise sur la biodiversité et son évaluation. Il a également participé au documentaire "Océans" de Jacques Perrin, qui a notamment une vocation pédagogique.

Pour aller plus loin :


Sur un sujet proche : La presse, les ONG et le développement durable
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/10/tintin-les-ong-et-le-developpement.html

Le choc des valeurs : L’expertise, dans la mesure où elle est de moins en moins compréhensible et donc de moins en moins accessible au citoyen, en vient à susciter la méfiance.
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/02/elise-rebut-une-discipline-scientifique.html

« Au cœur de la communication, le chercheur » Le témoignage de Claude Férec

http://www.espace--sciences.org/science/10065-sciences-ouest/10187-132/10641-dossier-du-mois/12498-la-science-a-l-epreuve-des/12502-au-coeur-de-la-communication/index.html

La science du journaliste
http://www.espace-sciences.org/science/10065-sciences-ouest/20110-Annee-1997/10187-132/10641-dossier-du-mois/12498-la-science-a-l-epreuve-des/12504-la-science-du-journaliste/index.html

Concernant les intervenants

Fondation d’entreprise Ricard
http://www.fondation-entreprise-ricard.com/

L’Association des journalistes de l’environnement
http://www.journalistes-environnement.org/

Blog : le climat dans tous ses états
http://blog.lefigaro.fr/climat/yves-miserey.html

Robin des Bois
http://www.robindesbois.org/

Le site internet de Toogezer

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http://www.toogezer.com/

Le dernier livre de JM Pelt : « Les dons précieux de la nature »
http://www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/les-dons-precieux-de-la-nature-de-jean-marie-pelt

« Une mer sans poissons » de Philippe Cury et Yves Miserey
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/une-mer-sans-poissons-9782702138687