lundi 17 novembre 2025

Comment l’état du réseau routier révèle notre rapport au collectif


 

Une étude menée auprès de plus de 3 000 Français pour l’Institut Terram, dévoile un constat sans appel : les citoyens ont une idée précise de ce qu’ils attendent de la gestion des infrastructures. Clarté sur qui fait quoi et avec quels moyens. Sobriété, parce que réparer vaut souvent mieux que reconstruire. Et, fiabilité enfin, parce qu’il faut entretenir avant d’inaugurer.

 Les entretiens ont été conduits du 15 au 22 septembre 2025, c’est-à-dire avant le scandale du Louvre, qui a aussi révélé son lot de surprises.

Plus d’un Français sur deux (56 %) a constaté une dégradation de la voirie de sa commune au cours de l’année écoulée. Suivent les pannes de réseaux enterrés (28 %), les problèmes d’assainissement (26 %) ou les fissures dans les bâtiments (23 %). La route demeure un sujet de préoccupation et la preuve tangible de la présence publique.

En ville, les défaillances sont perçues comme systémiques : un seul incident peut paralyser tout un quartier. À la campagne, elles sont vécues comme une entrave à la vie quotidienne. Dans tous les cas, l’état des réseaux fait débat : une chaussée abîmée ou une canalisation qui fuit symbolisent autant la négligence que l’abandon.

Les jeunes, premiers témoins du dysfonctionnement

Les moins de 35 ans sont les plus nombreux à signaler des problèmes d’infrastructures (80 %, contre 66 % des 65 ans et plus). Hyperconnectées, dépendantes de la mobilité et du numérique, les jeunes générations supportent mal l’interruption de service.

Les écarts sociaux sont tout aussi marqués : artisans, commerçants et indépendants subissent bien plus de pannes que la moyenne nationale. Autrement dit, la panne elle-même est un signe de fractures sociales.

Le brouillard administratif de la République locale

Pour noircir encore ce tableau, 61 % des Français avouent ne pas savoir qui entretient les routes, les canalisations ou les réseaux d’eau. Commune, intercommunalité, département, État, le mystère est complet.

Les compétences s’enchevêtrent, les responsabilités se diluent, la confiance s’effrite.

Les citoyens veulent savoir à qui s’adresser, comprendre à quoi sert leur impôt.

Entretenir avant d’inaugurer

Près de six Français sur dix (59 %) jugent prioritaire de réparer les réseaux avant de construire du neuf. Une nouvelle halle ou un équipement flambant neuf ne font plus illusion quand les nids de poule se multiplient.

Les attentes sont claires : l’entretien de la voirie communale (51 %) doit être privilégiée, suivie des transports en commun (38 %) et du réseau d’eau potable (34 %). Et, la qualité des infrastructures passe avant l’esthétique.

La confiance, une affaire de proximité

Les citoyens font davantage confiance à leur commune (63 %) qu’à l’État (39 %) pour entretenir les réseaux.

Plus d’un Français sur deux accepterait même de payer plus d’impôts pour la maintenance, mais seulement si l’usage des fonds est clair et vérifiable. Le citoyen est devenu plus attentif.

L’écologie du « tenir » plutôt que du « bâtir »

Quand on demande ce qu’est une infrastructure écologique, les réponses ne parlent plus de design ou d’innovation, mais de bon sens : économiser l’eau (65 %), éviter les fuites (61 %), utiliser des matériaux durables (56 %), s’adapter au climat (51 %).

Ayant le sens pratique, près d’un Français sur deux juge urgente l’adaptation des réseaux aux sécheresses et aux inondations. Et 67 % privilégient l’entretien et la réparation plutôt que l’innovation à tout crin.

Municipales 2026 : le retour du concret

À quelques mois des élections municipales, le message est clair : les Français se montrent plus terre à terre et moins bling-bling.  88 % des Français souhaitent que les questions d’eau, de voirie et de réseaux figurent au cœur de la campagne des municipales.

Pour eux, le bon maire n’est plus celui qui coupe des rubans, mais celui qui assure la continuité matérielle du territoire et du service public en adoptant une gestion de bon père de famille.

Selon ses auteurs, « À rebours des promesses spectaculaires, cette étude esquisse une « République du maintien » : gouverner, c’est d’abord garantir la continuité du réel, rendre visibles les priorités et prouver, par l’entretien des réseaux, que l’impôt se transforme en biens communs qui tiennent. »

Des maires durs d'oreille

Le CEVIPOF a également étudié ce sujet dans son étude « Malgré un goût d’inachevé, les maires repartent au combat »

Dans le cas d’une baisse des recettes, les maires désignent en premier lieu

  • la voirie et les espaces verts comme poste d’ajustement budgétaire (50 % d’entre eux en font leur premier choix),
  • devant les aides aux associations (19 %)
  • et les dépenses culturelles (15 %).

De leur côté, les citoyens souhaiteraient que l’on réduise d’abord

  • les dépenses de sport (27 %),
  • puis celles consacrées aux associations (21 %)
  • et à la culture (18 %).

L’écart le plus marqué entre maires et citoyens concerne donc la voirie et les espaces verts (36 points de pourcentage) et, en sens inverse, le sport (21 points).

Pour aller plus loin :

https://institut-terram.org/publications/infrastructures-invisibles-ce-que-les-francais-disent-de-leurs-reseaux-du-quotidien/

https://www.maire-info.com/voirie/reseau-routier-les-depenses-voirie-progressent-davantage-dans-les-communes-ou-la-construction-logements-est-la-plus-forte-article-29406

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