vendredi 3 juillet 2009

Des entreprises mécènes beaucoup plus structurées




Le 16 juin dernier, Alter Mundi café (Groupe SOS) a ouvert ses portes aux entreprises mécènes. Il est parti du constat que « les différents acteurs de la société civile, porteurs de projets culturels ou sociaux, sont plus que jamais en quête de partenaires qui les accompagnent et les soutiennent, alors que l'État et les collectivités ne peuvent plus assumer seuls le financement de l'intérêt général. Parallèlement, les entreprises, souvent impliquées dans des actions philanthropiques, se posent aujourd'hui la question plus large de leur responsabilité sociale».

Plusieurs personnalités sont venues témoigner de leurs expériences, notamment Eglantine Moret, de la Fondation Vinci et Dominique Royet, Directrice associée d'Altadev, qui a notamment travaillé au WWF pendant 10 ans pour gérer les partenariats avec les entreprises. Elle a aussi contribué, en tant qu'administratrice du Carrefour du mécénat d'entreprise (Admical), à la reconnaissance du mécénat environnemental.

Dominique Royet a d’abord tordu le coup à certains clichés : 44% des entreprises mécènes sont des PME. Même Balenciaga, qui aurait pu communiquer sur le film Home du fait de son appartenance au groupe PPR et qui réalise un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros, a préféré affecter 30.000 euros à un budget de mécénat qui lui soit propre. Il s’agit en effet d’un projet autour des femmes, en résonance avec son activité.

Pour cette spécialiste, le mécénat cristallise la responsabilité sociétale et sociale. Dans cette politique d’ouverture, les ONG ont des compétences pointues. On ne le voit pas au début, mais elles apportent une vision. Elles permettent de voir sous un jour nouveau les métiers de l’entreprise, comme par exemple pour des acheteurs de meubles de jardin la raréfaction des forêts. De même pour la pêche. Les entreprises ont le nez dans le guidon. Le partenariat présent un effet de levier, comme l’illustre l’élaboration du cahier des charges de multinationales comme Kraft dans le café.

De leur côté, les ONG vont bénéficier de fonds non affectés, peu couteux à collecter. Quant à la communication du mécénat, il faut attendre que les actions soient réalisées. Pour réussir un partenariat, il faut notamment que les rapports soient équilibrés, une sincérité dans la relation. Il faut pour les associations connaître les forces et faiblesse de l’entreprise, savoir jusqu’où on peut aller. Il faut avoir un cadre et compte souvent plus d’un an pour établir un climat favorable. Contrairement au mécénat traditionnel, il suppose de nombreuses interactions. Enfin le cadre fiscal très favorable.

La crise financière actuelle perturbe gravement le mécénat. De nombreux budgets sont reportés sine die. Certaines entreprises hésitent à financer des projets, car ils craignent une réaction défavorable de leurs salariés. Pour Dominique Royet, les entreprises qui sortiront gagnantes de la crise seront celles qui n’auront pas lâché prise.

Chez Vinci, il n’est pas question de baisser les bras face à la crise. Au contraire. Depuis 7 ans, la Fondation d'entreprise VINCI pour la Cité a pour ambition de mettre en place des passerelles entre le monde du travail et le monde associatif, entre le monde de l'entreprise et celui de la cité. Elle mobilise la richesse humaine du Groupe (2 .500 entreprises, 130 000 salariés) pour encourager les initiatives citoyennes et les projets en faveur de l’insertion sociale et professionnelle de personnes en difficulté. Elle soutient 130 projets par an, qui sont parrainés par ses salariés. Depuis sa création, 700 projets ont été financés, soutenus à des titres divers par 750 parrains, soit un budget de 11 millions d’euros pendant cette période. La Fondation Vinci bénéficie actuellement d’une enveloppe annuelle de 2 millions d’euros, préétabli.
Cette fondation a vocation à créer du lien dans un groupe, qui se présente comme une holding, comprenant une myriade de filiales dans divers métiers: BTP, énergie, routes. Vinci a au besoin d’un projet commun. Elle a ciblé les exclus, avec des thèmes comme l’accès à l’emploi et vivre ensemble.

Le financement moyen d’un projet est de 18.000 euros en moyenne. Chaque projet est suivi par un salarié, qui apporte un soutien de proximité. Définition d’un bon parrain : proche, apporte un regard extérieur, est disponible, fait profiter de son réseau. Quels métiers : DRH, spécialiste de la Com, commerciaux notamment pour les entreprise d’insertion (traiteur, espace vert d’autoroute, peinture,..). Le parrainage dure un an, mais certains poursuivent. Il est réalisé sur le temps de travail, ce qui est plus simple pour les cadres que pour les non cadres.

Des indicateurs sont fixés au départ comme objectifs à atteindre. Un reporting est réalisé à la fin. L’essentiel de la sélection des projets se fait comme dans le capital risque sur la qualité du projet et la personnalité de son principal animateur. Eglantine Moret précise que l’impact en externe de cette multitude de projets est difficile à mesurer. Néanmoins, il est très fort en interne, où il existe une communauté de parrains.

Pour aller plus loin

Vinci récompensé
http://www.cadresonline.com/actualite/dossier_emploi/communique.php?id_article=4431

Le témoignage vidéo

Sophie Bonnaure
envoyé par UnisCite. -



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