Située dans le Maine et Loire au nord de Saumur, La Lande-Chasles est une commune rurale de 119 habitants. Elle est la moins peuplée du département. Elle n’a aucune dette et sa devise est « Nature et calme ». Une vingtaine d’habitants ont moins de 20 ans et trente 65 ans et plus.
A bientôt 57 ans, son maire, Jean-Christophe Rouxel est conducteur de bus scolaire et de tourisme à mi-temps. Il est aussi Officier de Marine dans la Réserve opérationnelle depuis 2006 et travaille dans ce cadre au Musée des fusiliers marins et commandos de Lorient, où il se déplace trois fois par an. Il s’occupe aussi du musée de l’Amicale des anciens marins du TCD ORAGE, qui est basé dans la commune, et qui est le 4ème plus petit musée de France. Il a deux enfants et deux petits-enfants.
Il a bien voulu répondre à mes questions.
Comment êtes-vous devenu maire ?
Il faut savoir que ma mère était conseillère municipale à la mairie de Brest dans les années 80. Elle était vice-présidente de la Communauté urbaine de Brest en charge des questions d’environnement.
Je suis arrivé dans la commune en novembre 1999 et on m’a proposé d’entrer au Conseil municipal en 2001. J’ai occupé ce poste jusqu’en 2014. Puis, je suis devenu maire en 2014 avec 97% des voix en ma faveur. Le précédent maire avait fait 6 mandats, dont 5 de maire. Les électeurs ont manifesté une envie de changement.
Seul candidat, j’ai été réélu à l’unanimité en 2020. Dans les petites communes, il n’y a pas de liste. On fait un tour de table pour savoir qui veut être maire. Chacun des noms est candidat, on raye des noms au fur et mesure des refus. Cela qui a le plus de voix a la légitimité d’être maire. Concrètement, on voit si la personne a la capacité, le temps et la motivation. En 2020, plusieurs noms sont arrivés avant le mien, mais ils n’étaient pas volontaires ou n’avaient pas l’expérience.
Avez-vous une couleur politique ?
Je suis sans étiquette.
Seul l’intérêt de la commune compte.
D’ailleurs, une règle tacite régit notre Conseil municipal : on ne parle ni de politique nationale, ni de religion.
Quel est votre budget ?
J’ai hérité d’une situation saine. La commune n’est pas endettée.
Nous disposons de 150.000€ en frais de fonctionnement et de 150.000€ pour les investissements.
La commune est facile à gérer. Elle n’a ni école ni commerce.
Une assistante administrative travaille 14 heures par semaine. Un ESAT s’occupe des espaces verts. En cas de problème, comme un arbre tombé ou un nid de poule, les membres de conseil municipal se retroussent les manches et font le boulot.
Heureusement, nous avons des revenus autonomes. On a ainsi trois logements en location, dont l’ancienne école, et on a reçu en leg une ferme il y a quelques années.
De plus, une salle communale est louée quasiment tous les week-ends de Pâques à la Toussaint. Le toit de son bâtiment dispose depuis 2022 de panneaux photovoltaïques, avec deux onduleurs, avec un quart en autoconsommation.
Cela va nous rapporter 6.000€ par an pendant 20 ans. Le tout pour un investissement de moins de 50.000€ en autofinancement avec une aide de la Région Pays de la Loire de 20%. L’énergie qu’on produit est 5 fois supérieure à celle qu’on dépense.
On est ainsi devenue la première commune à énergie positive sur les bâtiments publics en solaire au niveau de la Région. Nous sommes dans un cercle vertueux.
Quelle est votre identité ?
Les Karolandais ont voté pour choisir une devise communale en 2017.
A la même époque, le Maine et Loire a vu beaucoup de fusions de communes. Un de nos voisins dirige un regroupement de 15 communes. On a la même code postal, mais on n’a pas été concerné par la Loi NOTRe.
Néanmoins nous sommes inclus dans l’intercommunalité Saumur Val de Loire, qui regroupe 45 communes. Elle gère les poubelles et l’eau. On n’a pas de retour direct de l’agglomération.
Je n’y participe pas, je reste concentré sur La Lande-Chasles. C’est mon Premier adjoint qui est délégué communautaire.
Pourquoi êtes-vous aussi actif sur les réseaux sociaux ?
Je suis présent au secrétariat de la Mairie le mercredi et jeudi matin. En semaine, je gère la communication.
La commune est présente sur X, LinkedIn, TikTok et Instagram.
Depuis janvier 2023, on est classé comme la commune la plus performante de France sur Instagram.
Comment votre blason est-il parvenu à faire le tour du monde ?
Notre blason avec l’écureuil a gagné le concours du « plus beau blason de France » sur Twitter en mai 2020.
On a découvert que notre blason était en lice dans ce concours par hasard, mais ensuite on a été aidés au niveau des votes par des citoyens et des élus de la région comme le maire d’Angers : l’équipe de football d'Angers, le SCO, avait perdu un match contre Vannes l'année auparavant, un de nos adversaires, et ne pouvait pas avoir sa revanche en raison du Covid.
On a aussi battu via des duels de 24 heures des communes comme Saint Malo, puis Quiberon en finale.
Par ailleurs, de fil en aiguille, notre blason a été pris en photos en diverses situations par des inconnus dans le monde entier. Un peu comme dans le film Amélie Poulin. J'ai aussi été amené à solliciter la participation de certains ou certaines afin d'accéder à des endroits inaccessibles. Notre blason a ainsi été repris dans un sous-marin de l’Ifremer de Brest à moins de 3.640 mètres sous l’eau ou encore avec une alpiniste, Delphine Chaigneau, au sommet de l’Everest.
Notre prochain objectif est qu’il soit embarqué dans la station spatiale ISS en 2026.
Pour Sophie Adenot ! "Notre blason communal a été photographié 4 400 fois partout dans le monde (sauf la Corée du Nord). Il nous reste l'espoir de le voir affiché avec vous dans l'ISS. Vous n'êtes pas obligée d'emmener l'écureuil avec vous ! Merci" @Soph_astro@esa@Thom_astropic.twitter.com/BVqiUAKxDt
— La Lande-Chasles (Maine et Loire) (@lalandechasles) January 27, 2025
Nous ne connaissons généralement pas les gens qui nous ont envoyé leurs photos. Tout cela nous a valu 4 reportages au JT de TF1 en 4 ans.
Notre volonté n’est pas d’attirer des habitants, mais de donner une image positive de la commune. 99% des retours sont positifs, alors que les nouvelles sont souvent anxiogènes par les temps qui courent. Et, cela n’a rien couté à la commune.
D’où vient votre besoin d’affirmer l’identité de la commune ?
A la base, au collège, mon fils à 10 ans avait indiqué lors de la rentrée scolaire vivre au nord de Longué-Jumelles sans citer expressément La Lande-Chasles. Il était le seul dans sa classe issu de notre village et craignait des moqueries. Cela a été pour moi un déclic en 2014 pour changer la tendance.
Depuis lors, les choses ont changé. Ainsi, toute la commune a voté aux Présidentielles, sauf quelques villageois trop souffrants, d’où un taux de participation de 93%. On a ainsi gagné le Prix Marianne en 2022. Après avoir sollicité Emmanuel Macron par courrier fort de ce Prix, 60 habitants ont pu visité l’Elysée en novembre 2022 et c’est moi qui conduisait le car.
Mon fils faisait partie du voyage. Interrogé par France 3, il a précisé que s’il entrait au collège aujourd’hui, il indiquerait clairement ses origines, ayant tous les éléments.
Quel est votre climat social ?
Nous ne déplorons pas d’incivilités.
Au niveau de la sécurité, certains citoyens référents font partie d’un groupe WhatsApp, qui comprend également la commandante de la gendarmerie. C’est ce qu’on appelle la « Participation citoyenne ».
Nous avons aussi obtenu récemment le label assez contraignant « Village Citoyen », ce qui exceptionnel compte tenu de notre taille et de la sélectivité.
Comptez-vous vous représenter en 2026 ?
Rien d’officiel pour le moment.
Je serais bien tenté, mais si c’est le cas, ce serait mon dernier mandat. Il se terminerait aussi au moment où j’arriverai à l’âge de la retraite.
Que dire aux jeunes qui hésitent à voter ou à se présenter comme élu municipal ?
Je pense que c’est l’histoire de chacun, qui donne la motivation ou pas. A la base, les parents doivent pousser leurs enfants à rendre service à autrui et à ouvrir les portes.
Moi, je m’inscris dans les pas de ma mère et j’ai aussi été scout pendant 13 ans à Brest.
On est des êtres humains. Faire société, c’est accepter des compromis pour vivre en harmonie. Il y a trop de conflits aujourd’hui entre les uns et les autres. Quand on y arrive, et que le retour est bon, c’est une énorme satisfaction et cela suffit se lever le matin.
Commerce Équitable France a publié hier son observatoire annuel des ventes de produits issus du commerce équitable. Malgré un net recul des dépenses alimentaires des Français (-4,7% selon l’INSEE), le secteur du commerce équitable a progressé de près de 2% en 2023 et pèse désormais 2,1 milliards d’euros. Les ventes de produits alimentaires issus de filières de commerce équitable “made in France” augmentent même de 6%.
Le commerce équitable présente de nombreux avantages, tant pour les producteurs que pour les consommateurs et l'environnement :
Pour les producteurs:
Meilleurs revenus et conditions de vie: Le commerce équitable garantit aux producteurs un prix minimum stable pour leurs produits, souvent supérieur aux prix du marché. Cela leur permet de mieux subvenir à leurs besoins et d'améliorer leurs conditions de vie, notamment en investissant dans l'éducation, la santé et le logement.
Autonomisation et développement des communautés: Le commerce équitable encourage la participation des producteurs aux décisions qui les concernent et leur donne accès à des formations et à des services d'appui pour améliorer leurs pratiques agricoles et commerciales.
Respect des droits fondamentaux: Le commerce équitable interdit le travail des enfants, les conditions de travail discriminatoires et dangereuses, et promeut la liberté d'association et la négociation collective. Ce qui permet de protéger les droits fondamentaux des travailleurs et de promouvoir des pratiques de travail éthiques.
Pour les consommateurs:
Produits de qualité durable: Les produits issus du commerce équitable sont souvent cultivés ou fabriqués selon des normes environnementales et sociales strictes. Ceci répond aussi à une demande des consommateurs qui attendent des produits de qualité durable et respectueux de l'environnement et des droits humains.
Consommation responsable: En choisissant des produits issus du commerce équitable, les consommateurs peuvent contribuer à un monde plus juste et solidaire. Ils ont ainsi le sentiment de faire un geste positif pour la planète et pour les populations fragiles.
Transparence et traçabilité: Les filières de commerce équitable sont généralement transparentes et traçables. Ainsi, les consommateurs sont en mesure de connaître l'origine des produits et les conditions de production.
Pour l'environnement:
Promotion de l'agriculture durable: Le commerce équitable encourage les pratiques agricoles vertueuses, telles que l'agriculture biologique, l’agroforesterie et la gestion intégrée des ravageurs. Le but est de protéger la biodiversité, de réduire l'utilisation de pesticides et la déforestation, tout en améliorant la santé des sols.
Lutte contre le changement climatique: Les pratiques agricoles durables promues par le commerce équitable contribuent également à la lutte contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en augmentant la capacité des sols à absorber le carbone.
En résumé, même s’il reste une niche, voici quelques éléments qui expliquent la croissance du commerce équitable en France :
Une sensibilisation croissante des consommateurs aux enjeux du développement durable et de la consommation responsable.
Une offre de produits équitables de plus en plus large et diversifiée.
Des circuits de distribution diversifiés.
Qu'indique l'observatoire annuel de Commerce Equitable France, le collectif des acteurs français du secteur ?
Les ventes du commerce équitable "made in France" sont passées de 67 millions d'euros en 2014 à plus de 791 millions d'euros en 2023, soit une multiplication par 12 et le nombre de leurs références qui ne fait qu'augmenter dépasse maintenant les 2.200.
La filière internationale est restée flat en 2023, malgré la progression du chocolat équitable +6% en 2023 et des bananes à +10%.
Il existe 8 labels de commerce équitable, 580 entreprises engagées, 11.000 références de produits labellisés commerce équitable (contre 3.500 en 2014), des ventes multipliées par 4 depuis 2014.
• Une grande variété de points de vente : les grandes et moyennes surfaces ne pèsent que pour 43% des ventes, contre 85% pour les produits conventionnels.
Deux autres segments se développent : les artisans (16% des produits du commerce équitable vendus ; généralement des boulangers pour les produits issus de la filière blé/farine ou des chocolatiers pour les produits issus de la filière cacao) et la consommation hors domicile, dont l'hôtellerie, la restauration privée et la restauration collective (13,5%).
Regard dans le rétroviseur
Retour sur 2022, les coûts cachés du non équitable et les évolutions fiscales demandées par la profession
Voici le dernier chapitre de l’histoire de l’investissement socialement responsable (ISR) au sens large, qui comprend 5 posts.
Les liens concernant les quatre premières étapes figurent à la fin de ce post.
2022 :
Le journaliste indépendant Victor Castanet publie le fruit d’une enquête de trois ans : Les Fossoyeurs (édition Fayard). Il dénonce, exemples et témoignages à l’appui, les dérives du système mis en place par Orpea pour gérer ses établissements pour personnes âgées dépendantes. Orpea, une valeur très appréciée des analystes ISR.
Février : guerre en Ukraine
Loi visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte publiée au Journal officiel le 22 mars 2022.
Anne de Guigné, journaliste au Figaro, s’inquiète, dans son livre, des possibles dérives liées aux pressions morales exercées sans débat démocratique – par certains mouvements féministes et antiracistes venus des Etats-Unis – sur les acteurs économiques.
Mai
Perquisitions chez Deutsche Bank.
Une de ses filiales, société de gestion, est soupçonnée d’avoir gonflé la taille de ses investissements répondant à des critères ESG. DWS a fraudé sur des investissements « vendus comme “plus verts et durables” qu’ils ne l’étaient en réalité », selon le parquet de la ville. 4
Dans leurs vidéos, les youtubeurs Bruno Le Salé et Valek commentent le score ESG. Ils l’accusent d’être à l’origine d’une généralisation de «l’idéologie woke».
Juin
CAC 40 ESG : Sabine Lochmann, Présidente de Moody’s ESG
Solutions répond aux questions de François Monnier, Directeur des rédactions d’Investir
et de Boursier.com
Juillet
Le Parlement européen ne s’est pas opposé à l’acte délégué sur la taxonomie qui propose d’inclure des activités nucléaires et gazières spécifiques à la liste des activités économiques durables sur le plan environnemental qui sont couvertes par la taxonomie de l’UE.
Pour la Commission, elles ont un rôle à jouer dans la transition écologique. L’inclusion de ces activités sera limitée dans le temps et dépendra de conditions spécifiques et d’exigences de transparence.
Depuis le 2 août 2022, les conseillers financiers doivent tenir compte des souhaits en matière d'investissement durable de leurs clients, ce que l'on appelle les «préférences de durabilité».
Selon l’Observatoire des pratiques de labellisation ISR des fonds immobiliers, 54 produits (de SCPI et d’autres types de fonds immobiliers) gérés par 28 sociétés de gestion arboraient le label fin 2021. Fin août 2022, une petite trentaine de SCPI (sur environ 200 existantes) étaient labellisées. (source : Le Monde).
Octobre
South Pole révèle qu’environ 25% des grandes entreprises privées ne commentent pas leurs actions en faveur de l’environnement. (greenhushing). Un panel de plus de 1.200 entreprises étudiées dans 12 pays.
Décembre.
La directive européenne NFRD (Non Financial Reporting Directive) est remplacée par une nouvelle directive, plus ambitieuse : la directive (UE) 2022/2464, dite « CSRD » (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui s’appliquera progressivement à compter du 1er janvier 2024.
La Floride retire 2 Mds$ d'investissements à BlackRock. La péninsule s'ajoute à une liste déjà longue d'Etats républicains qui se désengagent de BlackRock en raison de son discours pro-climat.
Proxinvest passe sous pavillon américain.
2023
ESG is a threat to the American economy and the individual freedoms that our country is built upon.
When President Trump is back in the White House, he will once again ban insidious ESG investments in order to protect Americans' hard-earned savings and investments from woke financial scams!#Agenda47 pic.twitter.com/oFI2S2JxL1
Convaincu de l’importance ISR d’un label exigeant, clair et crédible, le FIR a participé aux groupes de travail constitués sous l’égide du comité du label et il répondra à la consultation qui doit être lancée en avril sur le nouveau projet de cahier des charges. Constatant, à ce stade, une orientation des travaux éloignée de ses recommandations, le FIR a décidé de se mettre en retrait du sous-comité dédié à la promotion du label. Il reprendra volontiers ce rôle, si la nouvelle version du label répond aux niveaux d’exigence que sont en droit d’attendre les épargnants.
Dossier de l’UFC-Que choisir. « ISR : il est urgent de mettre fin à l’écoblanchiment »
Une enquête en images de Marie Maurisse (Pierre Lecrenier au dessin) dans la Revue Dessinée sur les surprises que réservent certains placements durables.
Avril
33% des actionnaires de Citigroup votent pour avoir un point sur l’impact de la politique du groupe sur le climat et les droits des indigènes. Une résolution portée par une coalition de religieux dont les Sisters of St. Joseph of Peace. Une action liée au financement massif de pipelines ces dernières années.
Mai
Le PDG de Philip Morris International estime qu'en s'éloignant progressivement des produits à base de tabac traditionnels, son groupe adopte une responsabilité sociale et environnementale.
Juin
Le patron de BlackRock, Larry Fink, renonce à l'appellation ESG, devenue trop politique.
Le label ISR belge Towards Sustainability exige que
l'application d'une stratégie "best-in-class" ou "best-in-universe" doit conduire à une réduction de l'univers « investissable » d'au moins 25 %.
Les entreprises du secteur de l'énergie dans lesquelles des placements sont effectués ne doivent pas être impliquées dans la prospection, l'exploitation ou le développement de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz, ni dans la construction de nouvelles centrales électriques au charbon. Ces activités ne sont pas compatibles avec un scénario de transition fondé sur une base scientifique qui s'aligne sur une augmentation maximale de la température de 1,5°C.
Les gestionnaires doivent expliquer les expositions éventuelles aux entreprises figurant sur la Coal Exit List et la Global Oil & Gas Exit List établies par l'ONG allemande Urgewald.
Juillet
Le Sénat adopte un amendement au projet de loi de programmation militaire visant à créer un livret d’épargne souveraineté pour financer les TPE et PME de l’industrie militaire. Il vise à répondre à leurs problèmes d’accès au financement bancaire.
Septembre
Sondage du FIR :
57% des Français déclarent accorder une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placements. Principaux sujets que les épargnants veulent voir pris en compte de façon prioritaire dans un investissement responsable : les pollutions (83%), les droits humains (81%), le changement climatique (80%) et le bien-être au travail (79%).
49% des épargnants pensent pouvoir avoir un impact réellement positif sur l’environnement et la société au travers de leur épargne.
Mais, ils ne sont que 38% à penser qu’aujourd’hui l’impact des produits d’investissement responsable est positif (+6% par rapport à 2022),
mais pour une majorité encore, (bien qu’en baisse de 6%) cet impact est neutre (55%).
Octobre
Abandon du « Say on climate » en France.
Emmanuel Faber, président de l’organisme international chargé de la normalisation comptable extrafinancière, l’ISSB (International Sustainability Standards Board), conteste dans une tribune au « Monde » les critiques adressées, en Europe, au projet proposé par cet organisme.
La décollecte des fonds d'investissement verts s'est creusée au troisième trimestre. En cause, les doutes sur leur performance, les accusations de greenwashing et les atermoiements réglementaires (source Les Echos).
Selon Bruno Lemaire, avec la loi Pacte, les fonds labellisés ISR sont systématiquement référencés dans les unités de compte d’assurance-vie et dans les plans d’épargne retraite. Ce sont ainsi, aujourd’hui, 1.174 fonds qui sont labélisés ISR, pour un encours total de 773 Mds€.
Il prévoit l’exclusion des entreprises qui exploitent du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, ou qui lancent de nouveaux projets d’exploration, d’exploitation ou de raffinage d’hydrocarbures (pétrole ou gaz).
Pour accompagner les entreprises dans leur transition écologique 15 % des portefeuilles des fonds ISR devront, dès 2026, être investis dans les secteurs à fort impact avec des plans de transition alignés sur les accords de Paris. Ce seuil sera progressivement relevé année après année.
Le nouveau référentiel propose de rehausser progressivement de 20 à 30% le taux de sélectivité ESG.
Le Tennessee attaque en justice BlackRock pour avoir enfreint les lois de protection du consommateur en « minimisant l'étendue de ses considérations ESG sur ses stratégies d'investissement ». L'Etat reproche notamment à BlackRock son adhésion aux coalitions climatiques telles que NZAM (Net Zero Asset Managers initiative) et Climate Action 100+.
Un groupe de 50 investisseurs demande aux grandes entreprises du secteur de la chimie de sortir des "polluants éternels" et de les remplacer par des alternatives sûres.
Grève chez Tesla en Suède.
Un groupe d'investisseurs institutionnels nordiques écrit à Tesla pour lui signifier qu'il était profondément préoccupé par le conflit entre l'entreprise et les syndicats en Suède, et lui demande de reconsidérer son approche de la transactions collective.
À elles seules, les « Sept Magnifiques » ont apporté l’an dernier le quart des gains du fonds souverain norvégien. Celui-ci gagne au total près de 200 Mds€ pour atteindre un encours de 1.400 Mds€ d’actifs à fin 2023.
Procès du Mediator :
Servier, qui n’est pas coté en Bourse, est condamné en appel à rembourser plus de 415 millions aux organismes de Sécurité sociale
2024
Les investissements dans le nucléaire sont désormais ouverts aux fonds labellisés Greenfin. Il s’agit d’un alignement complet sur la taxonomie.
ExxonMobil dépose plainte devant un tribunal contre Follow This, un collectif d'actionnaires installé à Amsterdam, et contre Arjuna Capital, un fonds d'investissement américain ESG.
Le géant pétrolier a empêché qu’une proposition destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre soit soumise au vote des actionnaires à son AG de mai. C'est la première fois qu'Exxon saisit la justice dans ce but.
Selon une enquête du "Monde" et de de Radio France, Nestlé et d’autres industriels ont caché au public que l’eau qu’ils pompaient était contaminée. Pour continuer de la mettre en bouteille, ils ont eu recours à des systèmes de purification interdits.
Mise en examen de Lafarge pour complicité de crimes contre l’humanité, pour avoir versé des millions d’euros à un groupe djihadiste afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie jusqu’en 2014.
Février
Bank of America décide de réinvestir dans le secteur du charbon, renonçant à ses engagements précédents.
Think you know about electric vehicles? Test your knowledge with a game of True or False—Electric Vehicle Edition. Continue the thread to play along. 🧵 pic.twitter.com/jcwexlaVWX
Le Parlement européen et le Conseil concluent un accord provisoire sur une législation « historique » visant à garantir une plus grande transparence et un contrôle public des agences de notation ESG.
Une filiale de Publicis va payer 350 millions de dollars aux États-Unis pour son rôle dans la crise des opiacés dans le pays, qui a fait des centaines de milliers de morts depuis 1999.
A l'approche des élections américaines, la pression sur les engagements climatiques des sociétés de gestion est relancée de plus belle. JP Morgan Asset Management annonce son départ du Climate Action 100+, coalition d'investisseurs destinée à faire pression sur les grands groupes pour lutter contre le réchauffement climatique.
1er mars :
Entrée en vigueur du nouveau Label ISR.
Les nouveaux fonds d'investissement qui souhaitent obtenir le label, devront se conformer à ses nouvelles exigences. Les produits existants ont jusqu'au 31 décembre pour se mettre en conformité.
Pour aller plus loin :
Partie 1/5
1758-1970 : L’ISR est le fruit d’un long combat
La TCFD propose aux entreprises un cadre de reporting volontaire pour communiquer sur leurs risques et opportunités liés au climat, dans une approche de matérialité financière.
La TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) est un groupe de travail nommé par le Financial Security Board (FSB, en français Conseil de stabilité financière-CSF) en décembre 2015.
Elle est composée de 32 membres issus du secteur financier et non-financier. En font notamment partie des groupes privés, des entreprises d’audit et de consulting ou encore des agences de notation.
Cette initiative est partie du constat qu’il manquait à l’époque de données fiables sur le climat dans le reporting des entreprises. Cette carence ne permettait pas d’investir ou de financer correctement l’économie bas carbone. Et, l’idée était aussi que la cartographie des risques liés au climat permette aux investisseurs d’éviter de s’exposer à des ajustements violents.
Les recommandations de la TCFD visent plusieurs objectifs :
augmenter la transparence entre entreprises et investisseurs afin de réduire les risques d’investissement,
réussir à conjuguer la rapidité des décisions financières avec le temps long des conséquences du changement climatique.
Le reporting climatique est décliné dans 4 rubriques :
la gouvernance
la stratégie
la gestion des risques
les indicateurs et les objectifs
Détecter les risques
Concernant la stratégie, les entreprises doivent répondre à certaines questions dans une optique prospective.
Quels sont les impacts réels et potentiels des risques et opportunités liés au climat sur la stratégie d’entreprise et sur la planification financière ?
Quelle est la résilience de la stratégie d’entreprise en fonction de divers scénarios climatiques, incluant le scénario 2°C ?
La robustesse de cette stratégie va être évaluée de deux façons :
soit directement à travers des risques physiques comme les cyclones ou les sécheresses, phénomènes dont l’intensité et la fréquence croissantes sont liées au dérèglement climatique.
soit à travers des risques de transition liés au respect d’une trajectoire 2°C (durcissement des normes réglementaires, changement de modes de vie, etc.)
Les entreprises sont invitées à imaginer des scénarios, qui ne constituent pas des prédictions, mais qui dessinent des trajectoires, basée sur une vision à 360° bâtie à partir d’hypothèses bien documentées.
La mesure des risques peut conduire certaines entreprises à pivoter, afin de ne pas subir les changements mis en exergue.
Voici un graphique qui présente la situation de PSA en 2020.
Des scénarios bien encadrés
Pour la Task Force on Climate-related Financial Disclosures, les scénarios doivent répondre à cinq exigences :
Être plausibles : Les événements qui sont mis en avant doivent être crédibles, ainsi que la manière dont ils surviennent.
Être différenciés : Chaque scenario doit reposer sur une combinaison de plusieurs facteurs.
• Tous les scenarios sont uniques. Il ne s’agit pas d’une variation d’un même thème.
Être cohérents : Ils doivent avoir une logique interne.
Être pertinents : Chaque scenario doit comprendre des insights spécifiques sur les conséquences qui en découlent sur la stratégie de l’entreprise, sur ses résultats, sans oublier de mentionner les opportunités éventuelles.
Porter un défi : Les scenarios concernant l’avenir doivent challenger ce qui est habituellement considéré comme acquis. Considérant les principales causes d’incertitudes, les scénarios devraient essayer d’explorer des alternatives qui remettent en cause les hypothèses qui fondent le business-as-usual.
De nombreux éléments nourrissent les scénarios :
Les tendances macro-économiques,
Les prévisions de mix-énergétiques,
Les évolutions potentielles de la réglementation,
L’impact de l’apparition de nouvelles technologies sur l’activité,
La prise en compte de la résilience.
Un reporting universel
Si les recommandations du référentiel TCFD s’adressent aux entreprises dont les revenus sont supérieurs à 1 milliard de dollars, l’un des atouts est le fait qu’il réponde à tous les cas de figure.
Aux secteurs financiers et non financiers.
Aux gestionnaires et propriétaires d’actifs.
Des recommandations sectorielles sont également disponibles.
La Task Force indique dans son « status report » qu’au 6 octobre dernier, ses recommandations avaient été adoptées
par plus de 2.600 organisations dans 89 pays, dans tous les domaines d’activité.
dont plus de 1.000 institutions financières représentant 194 trillions de dollars d’actifs sous gestion.
la capitalisation cumulée de ses « supporters » représente plus de 25 trillions de dollars, soit un doublement en un an.
Danone en étude de cas
Une vidéo sur YouTube mise en ligne en mars dernier reprend tous ces points.
Il s’agit d’une intervention d'Anne-Sophie Chelbaya, gérante de fonds d’investissement, qui présente la stratégie climat et la gestion des risques climatique du Groupe Danone.
L’exemple de Total
Le groupe pétrolier, engagé dans sa transition, vise la neutralité carbone (zéro émission nette) d’ici à 2050.
Dans son Document d’Enregistrement Universel 2020, des scénarios sont dessinés qui décrivent les risques et les opportunités liés au changement climatique, une approche fidèle au reporting TCFD.
Total indique clairement que « les progrès technologiques et la substitution des usages vers des énergies moins carbonées pourraient entraîner une stagnation, puis une baisse, de la demande de pétrole dans la prochaine décennie. »
Pour satisfaire la demande en pétrole, le Groupe se concentre sur les projets pétroliers ayant les points morts les plus bas.
Pour les identifier, « le Groupe a intégré, dans les évaluations économiques de ses investissements soumises au Comité exécutif, un scénario de prix du pétrole et du gaz à long terme compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, utilisant une trajectoire de prix qui converge vers le Scénario Développement Durable (SDS) de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et y incorpore, un prix long terme du CO2 de 40 $/t et une analyse de sensibilité à 100 $/t de CO2 à partir de 2030. »
Dans ce scénario, certains actifs du groupe ne seront bientôt plus rentables (stranded assets). Une opération de vérité l’a donc conduit à passer une dépréciation d’actifs à hauteur d’environ 8 Mds$ au titre de 2020.
Parmi les opportunités citées par le Groupe de la Défense, certains secteurs comme le ciment ou l’acier pourraient peiner à réduire leurs émissions de GES. Ils devront recourir à des technologies de captage, stockage et valorisation de CO2. A ce titre, Total prévoit d’accélérer le développement du CCUS (Carbon Capture, Utilization, and Storage).
Un rapport climat basé sur des hypothèses raisonnables
Le groupe énergétique juge utile de prendre certaines précautions à la fin de son DEU 2020, page 537.
Il précise que « ce document peut contenir des déclarations prospectives (forwardlooking statements au sens du Private Securities Litigation Reform Act de 1995), concernant notamment la situation financière, les résultats d’opérations, les activités et sa stratégie industrielle.
Ce document, disponible en ligne, peut notamment contenir des indications sur les perspectives, objectifs, axes de progrès et ambitions du Groupe y compris en matière climatique et de neutralité carbone.
Total indique qu’ «une ambition exprime une volonté du Groupe étant précisé que les moyens à mettre en œuvre ne dépendent pas que de Total. Ces déclarations prospectives peuvent être généralement identifiées par l’utilisation du futur, du conditionnel ou de termes à caractère prospectif tels que « envisager », « avoir l’intention », « anticiper », « croire », « estimer », « planifier », « prévoir », « penser », « avoir pour objectif », « avoir pour ambition » ou terminologie similaire. »
Et de conclure que les déclarations prospectives qui y figurent «sont fondées sur des données, hypothèses économiques et estimations formulées dans un contexte économique, concurrentiel et réglementaire donné et considérées comme raisonnables par le Groupe » à sa date d’édition.
Pour aller plus loin :
AMF (2020/12)
L’Autorité des Marchés Financiers a évalué la mise en œuvre du référentiel de reporting TCFD sur un échantillon d’acteurs financiers français. Cette étude analyse les difficultés rencontrées pour répondre à ses objectifs.
Près de 3.000 entreprises dans 64 pays et 151 métiers ont adopté le label B Corp, dont Danone, Nature & Découverte ou encore Patagonia. Mais de quoi s’agit-il ?
Ce label impose à l’entreprise signataire de rendre des comptes non seulement aux actionnaires, ce qui est traditionnel, mais aussi aux autres parties prenantes. L’idée induite est aussi de pousser les consommateurs à « voter » pour des entreprises pionnières, en achetant leurs produits ou services. La certification B Corp est née en 2006 aux Etats-Unis. Les sociétés qui souhaitent en bénéficier doivent compléter un questionnaire en ligne et obtenir au moins 80 points sur un total de 200. En moyenne, une entreprise standard obtient un score de 50,9.
Une des entreprises les mieux notées est Natura Cosméticos SA, qui a un impact sociétal pour les communautés vivant en Amazonie.
Le formulaire, disponible en ligne gratuitement, comprend 5 catégories :
gouvernance,
impact sur l’environnement,
sur les salariés,
sur les communautés (fournisseurs, environnement local )
et sur les clients.
Les réponses apportées doivent s’appuyer sur des justificatifs. Le label est réévalué tous les trois ans.
Une des singularités de B Corp™, c’est que l'entreprise doit modifier l’objet social figurant dans ses statuts pour y intégrer explicitement sa volonté d’avoir un impact sociétal et environnemental positif et significatif.
La majorité des entreprises certifiés B Corp sont des PME. Une trentaine d’Etats américains ont aussi créé un statut juridique de Benefit corporation, inspiré de ce label. Les grandes entreprises auront plus de mal à remplir assez de critères, en particulier celles évoluant dans des secteurs issus de la Vieille Economie.
Néanmoins, quatorze entités de Danone ont obtenu la certification B Corp™, dont Danone North America, Blédina et Grameen Danone Foods Ltd. Aujourd'hui, plus de 30% du chiffre d'affaires mondial de Danone est certifié. Cela donne aussi une idée de marge de progrès pour Danone, dont l’ambition est de devenir l'une des premières multinationales labellisées.
Les avantages attendus de cette certification par un tiers sont nombreux :
Pouvoir se comparer à d’autres entreprises dans le monde, ce que ne permet pas toujours d’autres référentiels plus limités géographiquement,
• Mieux intégrer les questions sociétales,
Motiver les salariés et attirer les talents, en particulier chez les Millennials,
Sensibiliser les investisseurs à certaines thématiques,
Augmenter les ventes,
Faire partie d’une communauté d’entreprises ayant un but commun,
• Engager une démarche de progrès, comme par exemple être plus sobre en énergie ou améliorer ses programmes de formation.
En février 2018, Danone a même modifié sa ligne de crédit syndiquée de 2 Mds€, afin d’y inclure des critères environnementaux et sociaux globaux ayant un impact direct, à la hausse ou à la baisse, sur la marge à payer à ses banques sur toute la durée du crédit.
Ce mécanisme innovant d’ajustement des marges de crédit, revu au moins une fois par an, sur la base de critères ESG fournis par des tiers :
la note attribuée à Danone par deux agences ESG, et
le pourcentage du chiffre d’affaires consolidé de Danone couvert par des certifications B Corp.
Le label vient souvent consacrer des efforts continus, comme pour le service de restauration rapide Cojean, qui propose des couverts en amidon de maïs depuis fin 2018 et à des emballages en carton pour l’ensemble de la gamme chaude entre septembre 2018 et juin 2019 (après trois années de R&D).
B Lab prélève une dîme sur le chiffre d'affaires des entreprises certifiées. Plus précisément, la pérennité du B Lab repose à la fois sur des revenus propres et des dons philanthropiques. En 10 ans, la part des ressources propres est passée au-dessus de 50% du budget opérationnel, qui atteint environ 10M$.
L’ONG se targue ainsi d’être de plus en plus autonome, avec un objectif à terme de 80% de ressources propres.
L’argent issu de la philanthropie va être orienté vers les innovations et le gain de nouveaux marchés. Sans citer tous les donateurs, certaines fondations lui ont apporté entre 5 et 10 M$, comme la Rockefeller Foundation, Prudential Financial et la Ford Foundation.
Voici quelques exemples de notes obtenues par des acteurs très différents.
Et, du côté des marques Françaises
A ce jour, ce label reste néanmoins encore peu connu dans l’Hexagone.
Reste à savoir s'il va encore s’y étendre, puisqu’un nouveau modèle va s’y développer, avec les entreprises à mission.