jeudi 26 juin 2025

Sites & Cités accompagne les maires dans la valorisation du patrimoine


L’association Sites & Cités remarquables de France a été créée en 2000 par des maires afin de travailler en réseau dans une optique de préservation du patrimoine. 

L’association regroupe les villes et ensembles de communes porteurs d’un secteur protégé aujourd’hui “Sites patrimoniaux remarquables” et les villes et pays signataires de la convention “Ville et Pays d’art et d’histoire”. 

L’association compte plus de 300 adhérents en métropole et en outre-mer. Elle touche ainsi 2.000 communes, via les EPCI. 

Elle est présidée par Didier Herbillon, maire de Sedan, élu à l’unanimité. Il succède à Martin Malvy qui pendant 25 ans, a défendu, représenté et incarné Sites & Cités. 

Sa Directrice, arrivée fin 2024, Florence Sirot, Architecte du Patrimoine, plus de 20 ans d’expérience dans l’architecture, de l’urbanisme, des centres anciens, et son Directeur Adjoint, Jonathan Fedy, dans l’association depuis 10 ans, ont bien voulu me présenter en quoi cette belle association aide les maires dans certaines de leurs missions. 

Quel a été le point de départ de cette initiative ? 

Au démarrage, des maires ont voulu se mettre en réseau pour réfléchir aux questions de patrimoine dans une vision très décloisonnée, comme le patrimoine vivant ou la revitalisation des centres anciens. Cela nous amène aujourd’hui à toucher à de nombreux sujets transversaux comme l’urbanisme, l’aménagement du territoire, le commerce, le tourisme, l’habitat, la copropriété. 

En ingénierie, on apporte de la formation, de l’expertise. Nous sommes en appui des collectivités pour qu’elles soient bien en avance sur les questions patrimoniales et à jour sur les normes et la réglementation. 

A partir d’ateliers, de retours de terrain, notre rôle est aussi de faire des propositions pour corriger ce qui ne marche pas au niveau des instances gouvernementales. Nous sommes régulièrement auditionnés par le Sénat ou l’Assemblée nationale sur des projets de lois. Nous faisons le lien entre les maires et les instances gouvernementales. 

Pourquoi avez-vous diversifié vos missions ? 

En 2000, l’idée des 4 fondateurs était de valoriser le label « Ville et Pays d’Art d’histoire ». Très vite, l’association a élargi ses interventions vers les sujets qu’on traite aujourd’hui. L’association s’est ensuite aussi adaptée aux nouveautés législatives comme les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP), les AVAP (aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine) et les sites patrimoniaux remarquables en 2016 (loi LCAP). 

Nous sommes ainsi aujourd’hui vraiment l’association fédératrice des villes qui ont le label »Ville Pays d’Art et d’Histoire » ou qui ont un site patrimonial remarquable (SPR). 

Quelles sont vos ressources ? 

Nous sommes 11 salariés au siège à Bordeaux. 

On s’appuie sur un réseau d’experts, qu’on sollicite en fonction des sujets, si on ne sait pas répondre en interne : juriste, fiscaliste, Architectes des Bâtiments de France (ABF),… Toutes les thématiques sont liées, même si on ne peut pas tout traiter en même temps. Nous disposons de plusieurs pôles. 

Par exemple, dans l’un d’entre eux, on échange à l’international sur le réchauffement climatique, le tourisme durable, avec des pays comme l’Equateur, la Palestine, le Mexique. On a en effet un partenariat historique avec le ministère des Affaires étrangères. Un de nos collaborateurs fait vivre ce réseau. 

L’association est aussi cofondatrice du CREBA, qui est le centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien. Il s’adresse aux professionnels du bâtiment (maîtres d’œuvres, architectes, bureaux d’études, artisans, prescripteurs, techniciens, experts, chercheurs…) et, plus globalement, aux acteurs de tout projet de réhabilitation, de rénovation énergétique ou de restauration d’un bâtiment ancien. On a cœur d’alimenter cette bibliothèque et d’animer des ateliers en rapport avec ces thématiques. 

Certains problèmes sont-ils particulièrement aigus ? 

Cette année, nous avons mis l’accent sur la mobilisation du logement vacant en centres anciens, qui est une priorité nationale. Nous œuvrons pour faire des propositions en ce sens sur beaucoup de choses comme la fiscalité, les outils de l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat, la médiation, la sensibilisation du public. Il faut développer la culture de l’entretien du bâti dès le plus jeune âge. 

On peut fournir aux maires, qui se disent démunis face à des propriétaires privés, des outils, déjà incitatifs, comme des aides, mais cela a un coût. Quand cela ne marche pas, cela peut aller jusqu’à l’expropriation. 

Il faut une volonté politique et s’adosser à une ingénierie spécifique. On joue un rôle de centralisateur, on informe les maires, on met en réseau. Il existe des bureaux d’études spécialisés dans ces domaines et des agences, comme l’Agence nationale de l’Amélioration de l’habitat ou l’Agence nationale de la cohésion des territoires. 

Troyes travaille depuis de nombreuses années sur la question. Rennes et Bayonne aussi. 

Ces besoins existent aussi dans de plus petites communes. 

Comment choisissez-vous vos priorités ? 

Les problèmes varient selon les territoires, comme à Chaumont dans la Haute Marne, qui fait face à une déprise démographique. 

Les besoins diffèrent, mais les sujets se recoupent. On essaye de s’adapter aux besoins des villes. On peut être sollicité ponctuellement. Si certains thèmes remontent, on peut organiser des groupes de travail comme la gestion des remparts dans une ville ou le potentiel de surélévation, quand il n’y a plus de foncier. 

Des journées régionales permettent à des villes proches géographiquement, mais qui n’on pas beaucoup de temps pour se voir, d’échanger sur leurs problématiques et de partager les bonnes pratiques. Notre assemblée générale annuelle permet aussi de susciter l’intérêt de nouveaux maires. 

Comment les petites communes peuvent-elles s'engager ? 

Certaines communes sont moins structurées, comme celles qui n’ont pas de service hygiène. 

On a vu beaucoup d’amélioration au niveau de la structuration et de l’ingénierie grâce aux dispositifs « Action Cœur de Ville » et « Petites Villes de demain ». Ces programmes ont eu la vertu de faire émerger des chefs de projet sur la revitalisation des centres anciens, avec un impact très positif. 

Mais, en dehors de ces lauréats, il faut aussi aider les autres. C’est notre tâche de faire tache d’huile, de mobiliser notre ingénierie. Et, les élus adorent se parler entre eux, quelle que soit leur couleur politique. Les sujets sont les mêmes pour tous, donc il n’y a pas de conflits. 

Existe-t-il des aides ? 

Les communes peuvent avoir besoin de subventions quand elles font à la place du privé, comme avec les fonds friches, qui sont devenus les fonds verts. Il y a aussi les aides de l’ANAH. 

On vient de répondre à un appel à projet d’Atout France en ce qui concerne le marketing digital et communication en matière de promotion touristique. 12 villes ont été retenues comme La Réole au sud de Bordeaux. Des formations leur ont été proposées. 

La transversalité est très importante : le personnel de la mairie doit aussi être associé au plan d’urbanisme, au service habitat. Quand un office du tourisme ne travaille pas avec notre label, cela marche moins bien. Les formations donnent des exemples de bonnes pratiques. 

Comment fonctionne le label ? 

Le label, qui appartient au ministère de la Culture, s’obtient en 3 ou 4 ans au niveau d’une commune ou d’une communauté de commune, voire par une association ou un syndicat mixte. Le projet dure ensuite 10 ans avec le recrutement d’une équipe dédiée et des conférenciers agrées. 

Annuellement, 3,5 millions de personnes sont touchées par les actions des Villes d’Art et d’Histoire, sans forcément en avoir conscience. Il peut y avoir un panneau en entrée de ville. En complément, une marque a aussi été créée fin 2024 : « Ville, Histoire en son cœur » destinée au grand public. 

 

Mais, c’est aussi bénéfique pour les résidents : médiation auprès des jeunes, appropriation par la population de son territoire,.... On peut passer tous les jours à côté de chez soi devant des chefs d’œuvre patrimoniaux sans lever la tête. 

Lorsque le patrimoine est valorisé, les résidents comprennent mieux leur territoire : on le respecte plus aussi, on dégrade moins l’espace public. Des actions de sensibilisation ont lieu toute l’année, et pas que l’été. 

L’idéal serait que la jeunesse s’empare aussi de ses questions, en particulier dans le monde associatif. On y réfléchit. 

Pourtant passionnants, les métiers du patrimoine sont aussi un peu en souffrance, tout un champ qui pourrait séduire les jeunes générations.

  

Existe-t-il une forme de compétition entre les villes ? 

Concernant la concurrence en matière d’attractivité, on a tous les profils. 

On a des villes qui souffrent de l’hyperfréquentation touristique et qui cherchent à réglementer la location saisonnière comme Airbnb. Parfois, le commerce est entièrement tourné vers les visiteurs comme à Saint Emilion, une commune qui a du mal à trouver des habitants à l’année. 

A Strasbourg, 3.000 logements sont vacants, ce qui n’est pas sans poser des problèmes, vus les besoins de la population et face au nombre de gens qui dorment dans la rue. Un chiffre à mettre en relief avec l’implantation locale d'Airbnb. 

A l’opposé, à Grasse, en perte démographique, bien qu’elle soit dans le sud-est, l’offre hôtelière est trop faible. Ils sont donc intéressés à ce que l’offre de location saisonnière se développe pour que les gens restent sur place et n’aillent pas ailleurs, comme à Nice. 

Que peut-on faire pour s’attaquer à ce qu’on appelle « la France Moche « ? 

De plus en plus d’élus ont pris conscience de l’importance de l’esthétique des entrées de ville. Il peut s’agir d’une gare mais aussi des axes d’accès à la ville, qui passent parfois par des zones commerciales, malheureusement régulièrement défigurées. 

Ces élus ne souhaitent pas limiter leurs actions au seul centre historique. Le sujet prend de l’importance, comme dans les avenants de projets « Cœur de Ville » notamment. 

En collaboration avec Patrimoine-Environnement, nous organisons depuis plusieurs années un concours pour inciter à passer à l’action. Nous avons eu 18 candidatures en 2025.

  

Pour aller plus loin : 

Le site web : https://www.sites-cites.fr/  

Sur le CREBA:

   

Sur ce blog : l'urbanisme favorable à la santé

https://ong-entreprise.blogspot.com/2024/09/les-origines-de-lurbanisme-favorable-la.html 

mardi 8 avril 2025

Les Français partagés sur l'interdiction du cumul des mandats

La fin du cumul des mandats a été votée avec l'adoption des lois du 14 février 2014. 

Ces lois interdisaient le cumul d'un mandat de parlementaire avec un mandat exécutif local pour les députés et les sénateurs à partir des élections législatives et sénatoriales de 2017, ainsi que pour les députés européens à partir des élections européennes de 2019. 

Cela correspondait à une promesse de François Hollande. 

Et à une demande des électeurs. Selon une enquête Ifop de l’époque, réalisée pour le magazine Acteurs Publics, 92% des Français interrogés se déclaraient favorables à l’interdiction de cumuler un mandat national et un mandat local. 

Selon eux, le cumul 

  • empêchait en l'élu de se consacrer pleinement à ses mandats (91%) 
  • accroissait le risque de conflit d'intérêts entre enjeux nationaux et enjeux locaux (90%). 

Un autre effet pervers de la concentration du pouvoir a été de freiner l’émergence de nouvelles têtes, notamment chez les femmes. Et, il aurait aussi contribuer à l’instauration de potentats locaux tout puissants au détriment de l’intérêt général. 

Pour ses défenseurs, le statut de député-maire permettait aux parlementaires de conserver un « ancrage » local, avec les "vrais gens". 

Quels étaient les autres avantages pour le député-maire : 

  • bénéficier d’une roue de secours en cas de défaite électorale concernant l’un des deux mandats. 
  • disposer d’une double légitimité 
  • faire contrepoids par rapport à l’Etat central 
  • concilier les besoins de sa commune avec les politiques publiques nationales 
  • donner une meilleure visibilité à sa commune 

 Des députés hors sols ? 

Dix ans plus tard, la principale critique concernant cette réforme serait l’émergence de députés « hors sol ». 

Pourtant, un député ou un sénateur peut être élu au sein d’un conseil municipal, départemental ou régional sans exercer de fonction exécutive. Il est alors conseiller municipal, conseiller départemental ou conseiller régional, mais il ne peut exercer plus d’un mandat local parallèlement à sa fonction parlementaire. De nombreux parlementaires profitent de ces options.

Concernant cet éventuel décrochage, d’autres voix, comme Laurence Rossignol, sénatrice du Val-de-Marne, pointent du doigt l’arrivée depuis 2017 de plusieurs vagues de parlementaires sans aucune expérience politique. 

Ils auraient été propulsés au Palais Bourbon sans passer par le tamis local, qui comprenait traditionnellement le passage obligé par plusieurs étapes : conseiller municipal, maire, conseiller général puis député. 

Cf. le débat entre Laurence Rossignol et Hervé Marseille, sénateur des Hauts-de-Seine.

  

Pour Luc Rouban (Quel avenir pour les maires ? La documentation Française. 2020) l’argument souvent jugé spécieux de la connaissance « du terrain » a pourtant révélé toute sa pertinence lorsque les députés de La République en marche, élus en 2017 – dont 55 % étaient des novices en politique sans aucune expérience de mandat local – se sont retrouvés désemparés durant la crise des Gilets jaunes en 2018-2019. 

Des élus locaux plus impliqués 

Selon un sondage IFOP pour le Cercle des élus locaux, réalisé en 2024, l’opinion des Français sur la question du cumul des mandats est redevenue plus nuancée : 

  • 46 % des Français considèrent désormais qu'ils seraient mieux représentés si le cumul des mandats était rétabli. 
  • 56% des Français jugent que l'interdiction du cumul des mandats "a durablement empêché des élus locaux d'exister nationalement", 
  • néanmoins, les deux-tiers jugent que la mesure a permis aux élus locaux d'être "plus concentrés sur leurs communes".
Pour certains, avec le non cumul des mandats, le maire est devenu de fait le dernier rempart au niveau politique en ce qui concerne la vie locale.
 
Signalons toutefois que Françoise Gatel, ancienne sénatrice d'Ille-et-Vilaine, et Ministre déléguée chargée de la ruralité, est très présente sur le terrain.
 
Pour aller plus loin :
 
  
 
 
Ces députés-maires préfèrent leur mairie à l'Assemblée nationale 
 
Maire Info (2017) 62 % des députés ont, ou ont eu, un mandat local 
 
Luc Rouban est directeur de recherches au CNRS et travaille au CEVIPOF depuis 1996 et à Sciences Po depuis 1987. Ses recherches portent sur les transformations de l’État, la sociologie des élites et la question de la démocratie en France et en Europe. Dans ce cadre, il mène des travaux de sociologie politique en utilisant les outils de l’analyse électorale, de l’histoire et de la sociologie du travail.  
 

 
 

jeudi 27 mars 2025

La Nuit de la Solidarité prend de l’ampleur


La Nuit de la Solidarité, organisée depuis 2018 par la Ville de Paris, permet de mieux connaitre les profils et besoins des personnes sans abri afin de calibrer les politiques publiques pour y répondre. D’autres villes ont rejoint cette initiative depuis lors. Cette année, en janvier dernier, 3.507 personnes sans solution d’hébergement ont été recensées à Paris, 785 dans 30 communes de la métropole du Grand Paris, et près de 400 à Bordeaux 

Dans la Ville Lumière, la Nuit de la Solidarité mobilise chaque année plus de 1.500 bénévoles et 500 professionnels, et associe une trentaine de partenaires institutionnels et associatifs. 

Quels impacts ? 

  • Lors de la première Nuit de la Solidarité à Paris, on a découvert que 12 % des personnes rencontrées étaient des femmes, soit six fois plus que les estimations de l’INSEE (qui dataient de 2012). C’est pourquoi, selon son site web, la ville s’est adaptée à cette réalité, en donnant le jour à des structures et dispositifs dédiés. 
  • Pour Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, si la situation s’est améliorée en 2025, elle reste préoccupante : « Nos efforts conjugués peuvent porter leurs fruits, nous le voyons. Il nous faut les poursuivre et les amplifier. La Ville de Bordeaux sera aux côtés de la Préfecture, du Département et des associations pour continuer à ouvrir de nouvelles places d'hébergement et mener des expérimentations adaptées aux besoins des plus vulnérables". Les données recueillies lors de la Nuit de la Solidarité seront suivies et partagées dans le cadre d’une collaboration pilotée par le Centre communal d'action sociale (CCAS) de la Ville de Bordeaux. Elles contribueront ainsi à enrichir les politiques publiques et les initiatives mises en place pour répondre aux besoins sociaux du territoire, en concertation avec tous les acteurs du schéma Bordeaux Terre de Solidarités. 
  • Lors de sa troisième édition, la Ville de Lyon et le CCAS ont proposé une soirée de sensibilisation citoyenne à la lutte contre le sans-abrisme. Contenu : Table ronde, Atelier des solidarités, balade urbaine, maraude... en lien avec les associations partenaires, une occasion de découvrir le tissu local de l’action sociale et à déconstruire préjugés et idées reçues. 
 Des solutions complexes 

Derrière les chiffres se posent la question de la dignité humaine et des moyens financiers et humains pour y répondre. 

A Tours, un budget supplémentaire a été débloqué par le nouveau Préfet d'Indre-et-Loire pour loger les familles sans toit jusqu’au 1er avril. Le fonctionnement du 115, le numéro d’urgence sociale, est bien décrit dans la vidéo.

  

En effet, les villes sont souvent dépassées par l’ampleur des besoins. Les services sociaux font parfois un tri en fonction de la vulnérabilité des personnes. Et, elles se voient même contraintes d’ouvrir de plus en plus souvent des gymnases, des écoles ou des théâtres, autant de lieux non adaptés à l’accueil de la population. 

Sans compter que les riverains s’opposent parfois aux projets de création de centres d’accueil. 

Une responsabilité de l’Etat

Le Conseil d'État a rappelé en 2016 qu'en vertu du code de l'action sociale et des familles, c'est l'État qui a la charge d'assurer à toute personne sans-abri et en situation de détresse médicale, psychique ou sociale un hébergement d'urgence. 

Les villes dénoncent les carences de l'Etat dans le système national d'hébergement d'urgence. Las d’obtenir une réponse, Strasbourg, Rennes, Bordeaux, Paris, Grenoble et Lyon ont déposé en février 2024 des recours pour que l’Etat assume « enfin » ses obligations. 

Dans sa décision datée de mardi dernier, le tribunal administratif de Grenoble a ordonné à l'État de verser 76.802 euros au  CCAS de Grenoble, ainsi qu'une somme supplémentaire de 1.500 euros au titre des frais de justice. 

Cette indemnisation concerne les frais d’hébergement à l’hôtel d’une mère et de ses cinq enfants de mai 2022 à août 2024. Les plaignants soutenaient que cette famille aurait dû être prise en charge par le dispositif d’accueil d’urgence, relevant de la responsabilité de l’État, mais qu’aucune solution ne lui avait été proposée. Le tribunal a jugé que le CCAS était en droit de demander le remboursement de ces dépenses par l’État. 

Une décision qui pourrait faire jurisprudence en raison du nombre de demandes non pourvues au 115 ?

Le sujet est sur toute les lèvres : la Ville de Paris vient de demander aujourd'hui à l'Etat le remboursement de près de 7 millions d'euros correspondant aux frais d'hébergement de 1.200 jeunes en 2024.

Pour aller plus loin

Localtis. Nuit de la Solidarité 2025 : un nombre de sans-abri qui inquiète

https://www.banquedesterritoires.fr/nuit-de-la-solidarite-2025-un-nombre-de-sans-abri-qui-inquiete 

Les chiffres de l’Observatoire des inégalités 

https://www.inegalites.fr/hebergement-urgence-et-a-la-rue 

mercredi 12 mars 2025

Des maires relativement démunis face au fléau des décharges sauvages


 

En 2019, l'ADEME estimait que 90 % des collectivités faisaient face à ce problème, devenu un véritable casse-tête sanitaire, environnemental et économique pour les maires, chargés de la propreté sur l’espace public. 

Pour les habitants, c’est souvent un motif de colère et de désespoir. 

 

 

 

En 2023, la gendarmerie a recensé plus de 44 800 infractions liées aux déchets, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2020. 

Le type de dépôt sauvage le plus fréquent ? Des amas pouvant aller de 1 à près de 100 tonnes, généralement issus d'activités économiques, notamment du BTP. 

Le témoignage, il y a 4 ans, de Romain Daubié, maire de Montluel (Ain), devenu depuis député.

  

Pour répondre à cette situation, la loi anti-gaspillage (loi AGEC), adoptée en 2020, a renforcé les sanctions et élargi les pouvoirs des maires, leur permettant notamment d'avoir recours à la vidéoprotection, sous réserve de procédures strictes. 

En effet, identifier les auteurs de ces dépôts illégaux reste extrêmement difficile aujourd’hui. Immense décharges sauvages à Courtry, en Seine-et-Marne (2022) : 

  

Pour aller plus loin : 

Mort tragique du Maire de Signes en 2019 lors d'un dépôt sauvage de gravats

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/07/a-signes-l-emotion-apres-la-mort-du-maire_5497344_3224.html 

Pièges photographiques à Tresques dans le Gard 

https://www.francebleu.fr/infos/environnement/des-pieges-photographiques-a-tresques-pour-tenter-de-mettre-un-terme-aux-decharges-sauvages-4997614 

Vert. Novembre 2024. «Délinquance environnementale», les maires de France face à l’explosion des dépôts sauvages de déchets 

https://vert.eco/articles/delinquance-environnementale-les-maires-de-france-face-a-lexplosion-des-depots-sauvages-de-dechets

vendredi 28 février 2025

Vers une féminisation croissante de la fonction de maire


Sur 35.000 maires, environ seulement 21% sont des femmes. C’était 16,1% en 2014. 

Pourtant, en 2022, les femmes représentaient 52,2% du corps électoral. 

Luc Rouban, Directeur de recherche au CNRS, et qui travaille au Cevipof, souligne dans son livre « Quel avenir pour les maires ?» publié à la Documentation Française, qu’en moyenne, la fonction de maire reste majoritairement occupée par des « mâles blancs de plus de 50 ans ». 

Une légère inflexion semble néanmoins se dessiner. 

En effet, 29% des 518 nouvelles prises de fonction au cours de l’année 2024 l’ont été par des femmes. C’était même environ 32% de 2001 à 2023. Une révolution en douceur. 

Faut-il y avoir une accélération durable ? A titre de comparaison, selon LCP, lors des dernières législatives, les femmes ont représenté 36,1% des députés élus ou réélus, un niveau néanmoins en recul par rapport à 2022 et 2017. 

Féminisation des élus municipaux 

De fait, les conseils se sont féminisés. Selon l’INSEE, l’alternance obligatoire d’un homme et d’une femme dans la présentation des listes électorales s’applique depuis 2014 aux communes de 1.000 habitants ou plus, entraînant mécaniquement une féminisation des conseils municipaux. 

Ainsi, la part des femmes parmi les élus municipaux, qui n’était que de 33% après les élections de 2001, s’élève désormais à plus de 42 %. 

De plus en plus de citoyens et d’élus veulent aller plus loin en matière de genre notamment pour une meilleure parité au poste de premier édile. 

Comme Élodie Jacquier-Laforge (Vidéo ancienne de 3 ans). 

  

Elle était alors Députée de l’Isère, co-Rapporteure de la mission flash sur la parité dans les fonctions électives et exécutives du bloc communal, et qui avait présenté ses travaux devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale. 

Pour aller plus loin : 

Le statut de l'élu et le scrutin de liste dans les communes de moins de 1.000 habitants pourraient être adoptés avant l'été 

https://maire-info.com/%C3%89lections/le-statut-de-l'elu-et-le-scrutin-de-liste-dans-les-communes-de-moins-de-1-000-habitants-pourraient-%C3%AAtre-adoptes-avant-l'ete-article-29419 

TerraFemina : Plus de personnes racisées et LGBT+ élues maires en France (2020) 

https://www.terrafemina.com/article/municipales-2020-davantage-de-personnes-racisees-et-lgbt-elues-maires_a354361/1?utm_source=chatgpt.com "

La sphère politique reste un milieu très particulier." Une vidéo d’il y a 5 ans de Mariette Sineau docteur en science politique, est directrice de recherche CNRS au CEVIPOF. Son domaine de spécialité porte sur genre et politique, genre et citoyenneté.