Les parties prenantes poussent activement les entreprises à changer de comportement. Dans le même temps, la RSE est devenue de plus en plus complexe. Ce blog a vocation, modestement, à suivre ces tendances de la crise des subprimes à la guerre en Ukraine. Certaines initiatives y sont aussi mises en avant.
samedi 12 décembre 2009
L'association IECD ouvre des filières diplômantes dans les pays en voie de développement en partenariat avec les futurs employeurs
Xavier Boutin, Fondateur et Directeur exécutif de l’IECD, nous a présenté cette association, qui a noué des partenariats très concrets avec certaines entreprises, qui profitent aux jeunes en formation. L’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD) a été fondé en 1988. Se définissant comme un « semeur d’avenir », il intervient en priorité dans deux domaines : la formation technique et professionnelle et l’appui aux petites entreprises.
Les projets naissent toujours d’un besoin exprimé par un partenaire local. Ce dernier est évalué et le cas échéant donne lieu au lancement d’un projet avec les acteurs socio-économiques, qui sont sur place, notamment les futurs employeurs. L’IECD travaille dans une quinzaine de pays en Afrique, au Proche-Orient, en Amérique Latine et en Asie du Sud-est. En 21 ans, l’ONG a formé plus de 15.000 personnes dans le monde et créé ou soutenu 118 centres de formation technique et professionnelle. En 2008, les ressources sur projets de l’IECD se sont élevées à 4,8 millions d’euros (+33%). Les ressources privées représentent 44% du total.
Comment vous définissez vous ?
Xavier Boutin : Nous nous définissons comme une association de solidarité internationale. Nous sommes membres de Coordination Sud, la fédération des ONG françaises, dont l’une des missions est de défendre l’intérêt des associations adhérentes auprès des pouvoirs publics. Comme association de développement, notre vocation est de faire évoluer un groupe cible dans une logique micro-économique. Nous n’avons pas d’activités de plaidoyer.
Nous sommes habituellement en contact avec le monde entrepreneurial (formel et informel) dans les pays où nous intervenons. Notre savoir faire repose sur la qualification des jeunes alors que le secteur formel a du mal à trouver des compétences. En France, les entreprises ont franchi le pas depuis longtemps en s’investissant dans la formation professionnelle dans de nombreuses filières : textile, agroalimentaire. En témoignent le nom de certaines écoles : Ecole des Mines, Ecole du Bois, etc.
Comment la formation professionnelle joue-t-elle un rôle structurant ?
Xavier Boutin : Notre savoir faire est de créer ces filières diplômantes en association avec des entreprises implantées dans les pays en voie de développement, qui ont ou vont avoir besoin de recruter de la main d’œuvre qualifiée. La spécificité de l’IECD est de partir d’un problème local pour chercher des solutions sans schémas préétablis.
Nous avons ainsi fait visiter au responsable d’un orphelinat libanais pour jeunes filles une école hôtelière en Picardie. C’est à cette occasion que ce responsable s’est rendu compte de l’intérêt d’une telle formation : aspect humain du métier, potentiel de débouchés, rôle structurant pour la femme, grâce à une bonne rémunération. De retour à Beyrouth, la faisabilité de lancer un cursus avec l’IECD a été étudiée avec le syndicat hôtelier, le Liban disposant d’une bonne offre en restauration, mais manquant de personnel dans le domaine de la filière hébergement par exemple (housekeeping). François Chopinet, alors responsable pour Intercontinental des hôtels Phoenicia et Le Vendôme, s’est impliqué étroitement dans le projet, en offrant des terrains de stage et en rémunérant les élèves. Le caractère humain de la formation n’est pas à négliger, car la clientèle de ces palaces, largement originaires des pays du Golfe, est extrêmement fortunée. Un autre aspect était de veiller à ce que ces apprenties ne se fassent pas embaucher par leur entreprise d'accueil avant la fin de leur formation. Différents experts se sont investis dans ce projet en siégeant à son comité de pilotage, comme des responsables régionaux de Crédit Agricole-Indosuez et d’Air Liquide.
Comment les entreprises contribuent-elles à la réussite des projets que vous développez ?
Xavier Boutin : C’est en juillet 2007, lorsque le Liban était bombardé par Israël, que notre idée a germé de participer à la reconstruction et au retour à la paix. Bien qu’il existât une soixantaine d’écoles au Liban, plus ou moins spécialisées dans les métiers de l’électricité, nous nous sommes aperçus en discutant avec des cadres locaux Schneider Electric, que cette entreprise avait du mal à trouver du personnel qualifié en électrotechnique. Il n’existait pas un diplôme du type Bac en électro-technique. Pour lancer cette nouvelle filière, nous avons commencé par équiper 6 écoles avec des automates, grâce au soutien du groupe français. Ce don en matériel a permis aux apprentis de travailler sur les dernières technologies. La dotation en matériel a ensuite été étendue à d’autres établissements. Schneider Liban Middle East a même sollicité la Fondation Schneider pour abonder son aide. Les clients libanais de Schneider se sont associés au projet. Du côté de l’industriel français, outre l'impact sur sa communication interne et institutionnelle (au Liban et ailleurs), ce projet va conduire les élèves électro-techniciens à se familiariser avec ses équipements et renforcer sa position commerciale dans la sous-région.
Quelles sont les perspectives de votre association ?
Xavier Boutin : Nous avons doublé notre volume d'activité en quatre ans. Début 2009, nous avons redéfini notre stratégie afin de déconcentrer notre activité sur le terrain. Notre but est d'avoir davantage de proximité avec nos partenaires, afin de mieux répondre aux besoins des populations. Cela nous conduit à nous appuyer sur des ressources locales, en recrutant des jeunes sur place, avec une bonne formation et venant du monde de l’entreprise. C’est notre approche dans divers pays comme la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Liban et le Cameroun. Nous cherchons à sensibiliser ces cadres à la logique de développement. Nous recrutons également des jeunes européens sous statut VSI (volontariat de solidarité internationale) qui occuperont sur le terrain des postes de chef de projet ou d'assistant technique.
A Paris, au siège de l’association, nous nous concentrons sur l'identification des projets, leur ingénierie financière, leur monitoring, leur évaluation et la capitalisation des expériences. Nous exerçons également un rôle de contrôle et d’audit. C'est très important car nous sommes en effet redevables des dotations que nos partenaires financiers nous ont confiées.
Quels sont vos frais de fonctionnement et de communication ?
Xavier Boutin : Tout en nous développant, notre objectif est de cantonner nos frais de fonctionnement autour de 10 à 11% de notre budget opérationnel. Ce dernier est passé depuis 2000 de 2 à 4,8 millions d’euros, notre effectif progressant au siège dans le même intervalle de 5 salariés à 10 salariés. Localement, nous travaillons avec une trentaine de collaborateurs dont 15 coopérants sous statut VSI. Certains des jeunes cadres de l’IECD ont eu une première expérience dans des entreprises comme Total, Procter & Gamble et Bouygues.
Nos frais de communication et nos frais de collecte de fonds se montent à 2% du budget total. Nous nous appuyons toutefois sur un groupe de donateurs fidélisés, entre 2.000 et 3.000 personnes, qui pour certains sont un peu comme des membres de l'association.
Pour en savoir plus, le site internet de l’IECD :
http://www.iecd.org/
1 commentaire:
Le secteur informel est celui là même qui offre encore en 2017 le plus de possibilités aux africains. Ce positionnement de l'IECD est judicieux dans le sens où il cible les oubliés des systèmes socio-économiques en Afrique en leur proposant des appuis concrets au développement de leurs micro-entreprises. Nous saluons ces efforts.
Bonne continuation à eux.
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