Les parties prenantes poussent activement les entreprises à changer de comportement. Dans le même temps, la RSE est devenue de plus en plus complexe. Ce blog a vocation, modestement, à suivre ces tendances de la crise des subprimes à la guerre en Ukraine. Certaines initiatives y sont aussi mises en avant.
L’étude « Women in the Workplace », menée par McKinsey & Company depuis dix ans, examine la parité hommes-femmes dans les entreprises nord-américaines.
Bien que des progrès aient été réalisés, notamment dans la représentation des femmes aux postes de direction (passant de 17 % en 2015 à 29 % en 2024), l’égalité reste encore éloignée : au rythme actuel, elle pourrait nécessiter cinquante ans.
L'étude révèle des disparités persistantes dès les premiers niveaux hiérarchiques, où les femmes sont moins souvent promues que les hommes. Ainsi, pour chaque promotion de 81 femmes au poste de manager, 100 hommes sont promus. Un phénomène encore plus prononcé pour les femmes de couleur.
Ce phénomène est aggravé par une culture d'entreprise peu inclusive, où les femmes sont confrontées à des micro-agressions, des interruptions fréquentes, et des biais comportementaux qui nuisent à leur avancement.
Les entreprises ont instauré des mesures pour soutenir les femmes, notamment par le biais d’aides aux parents et aidants, mais ces initiatives sont affaiblies par une réduction des options de travail à distance et des programmes de mentorat. Les progrès sont donc fragiles et nécessitent un changement profond des mentalités et des pratiques d’entreprise pour transformer durablement la situation des femmes en milieu professionnel.
L'urbanisme favorable à la santé (UFS) trouve ses racines dans des préoccupations historiques concernant la santé publique et l'environnement urbain. Son évolution a suivi les grandes transformations économiques, sociales et technologiques des sociétés, tout en s'adaptant aux défis de chaque époque.
Sans remonter à l’Antiquité, en voici quelques grandes dates :
1. Révolution industrielle et hygiénisme
Avec la Révolution industrielle et l’exode rural, les villes ont connu une croissance rapide et souvent désordonnée, menant à des conditions de vie insalubres. La surpopulation, les logements précaires, l'absence d'infrastructures de gestion des déchets ont contribué à l'apparition d'épidémies. A noter également la mauvaise qualité de l'air, liée à l’usage intensif du charbon.
Le mouvement hygiéniste au XIXème siècle s’est développé à peu près au même moment dans de grandes villes, dont Paris, avec le Baron Haussmann. Les réformateurs comme Edwin Chadwick (1800-1890) en Angleterre ont plaidé pour l'amélioration des infrastructures sanitaires, notamment l'approvisionnement en eau potable, l'évacuation des eaux usées et la réduction de la densité des habitations.
Exemples d'urbanisme hygiéniste :
Les premières réglementations sur l'assainissement, la création de systèmes d'égouts, et la conception de parcs publics pour améliorer la qualité de l'air et offrir des espaces de loisirs aux citadins (comme Central Park à New York, achevé en 1873 après seize années de travaux conçu par Frederick Law Olmsted).
Naissance de l’urbanisme à Barcelone
2. Mouvement des cités-jardins (début du XXème siècle)
Face aux problèmes sociaux et sanitaires des villes industrielles, des alternatives ont été proposées pour concilier urbanisation et bien-être. Ebenezer Howard (1850-1928), un urbaniste britannique, a développé le concept des cités-jardins.
Les cités-jardins étaient conçues pour être des villes autonomes, combinant les avantages de la vie urbaine (emplois, services) et ceux de la campagne (air pur, espaces verts). Elles devaient être entourées d'une ceinture verte, avec des zones résidentielles aérées, des jardins et des parcs.
Ce modèle a inspiré de nombreuses initiatives, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Il a favorisé l'idée que l'urbanisme devait offrir un cadre de vie sain, avec des espaces ouverts et des zones pour l'activité physique.
3.Modernisme et urbanisme fonctionnel (1920-1970)
Le début du XXème siècle a vu l'émergence de nouvelles idéologies en matière d'urbanisme, influencées par l'essor du modernisme et des progrès technologiques. L'urbanisme fonctionnel, promu par des architectes comme Le Corbusier (1887-1965), prônait la séparation des fonctions urbaines (résidentielle, commerciale, industrielle) pour rationaliser l'espace.
Le Corbusier a proposé des modèles comme la « cité radieuse », construite à partir de 1945, avec de hauts immeubles entourés de grands espaces verts pour maximiser l'air et la lumière.
Contrairement à cette vidéo, qui est très positive, les grands ensembles qu’il a inspirés, souvent construits en périphérie des villes, ont parfois été associés à des problèmes sociaux, tels que l’isolement et la dégradation des conditions de vie.
Urbanisme de l'automobile
L'après-guerre a vu l'expansion des banlieues, avec des développements axés sur la voiture, souvent au détriment de la marche et des transports en commun. Bien que cela ait amélioré certaines conditions de vie, cela a aussi engendré des problèmes de sédentarité, de pollution et de déclin des centres-villes.
1952 : le Grand smog
4. Réforme urbaine (années 1970-2000)
À partir des années 1970, une prise de conscience croissante des problèmes environnementaux et des effets négatifs des modèles d'urbanisation basés sur le tout automobile a émergé.
Les concepts de développement durable ont commencé à s'imposer.
Planification durable : L'accent a été mis sur la création de villes plus compactes et mieux connectées, favorisant la marche, le vélo et les transports en commun, tout en réduisant l'empreinte écologique des villes. Le tournant majeur dans l’émergence de l’urbanisme durable remonte à 1987 avec la publication du rapport Brundtland. Intitulé « Notre avenir à tous »
Infrastructures vertes et résilience : De nouvelles approches comme l'intégration d'infrastructures vertes (parcs, corridors écologiques) ont été développées pour améliorer la qualité de vie, gérer les inondations et réduire les îlots de chaleur en milieu urbain.
Écoquartiers : Des projets de rénovation urbaine et des écoquartiers (comme celui de Vauban à Fribourg en Allemagne) ont cherché à démontrer qu'il était possible de créer des quartiers autonomes, écologiquement responsables et favorables à la santé.
5. L’urbanisme favorable à la santé
Plus récemment, les crises de santé, telles que l'obésité, les maladies respiratoires dues à la pollution de l'air, et les impacts de la crise climatique, ont accéléré ces tendances.
Le concept d’urbanisme favorable à la santé (UFS) a été initié en 1987 par le Réseau des villes santé de l’OMS Europe et formalisé en 2000 dans le guide “Pour un urbanisme centré sur les habitants”. L’idée est que les choix d’aménagement peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être et la santé des populations.
• Minimiser les risques : pollution, bruit, chaleur, etc
• Protéger et prévenir : avoir une eau de baignade, planter des arbres, favoriser la mixité sociale, etc
En France, l’UFS a été soutenu par le ministère de la Santé est développé dans la recherche et la formation, notamment à l’École des hautes études en santé publique (EHESP).
Quelques pistes :
- Concept de "ville 15 minutes" : Le concept popularisé récemment vise à rendre la ville plus résiliente et agréable à vivre en garantissant que tous les services essentiels (travail, soins, éducation, loisirs) sont accessibles à pied ou à vélo en moins de 15 minutes.
- Smart cities et technologies : L’intégration des technologies dans les infrastructures urbaines, comme les capteurs de qualité de l'air, les applications de mobilité partagée et les réseaux intelligents, contribue à améliorer la santé des habitants en optimisant la gestion des ressources et en réduisant les risques environnementaux.
- Épidémies et urbanisme : La pandémie de COVID-19 a accentué l'importance de repenser l'espace public pour réduire la transmission des maladies, avec un retour des réflexions sur l'hygiène, la densité urbaine et l'accès à des espaces ouverts et sains.
On le voit, l'urbanisme favorable à la santé s'inscrit dans un continuum historique qui reflète l'évolution des préoccupations sanitaires, sociales et environnementales liées à la ville.
Aujourd'hui, l'urbanisme favorable à la santé (UFS) est un domaine multidisciplinaire qui mobilise à la fois la planification urbaine, la santé publique, l'écologie et les sciences sociales pour améliorer la qualité de vie des populations urbaines.
Pour aller plus loin :
Quand l’urbanisme se met au service de la santé et du bien-être
Les liens entre urbanisme et santé publique sont anciens. Mais, ils sont de nouveau d’actualité après des décennies d’expansion de la voiture et de la constitution de mégalopoles. Avec leurs maux comme l'obésité, les maladies respiratoires et la solitude.
Sans compter les impacts du réchauffement climatique en milieu urbain, comme les ilots de chaleur, dont on a pris conscience que plus récemment.
L'urbanisme favorable à la santé (UFS) est une approche de la planification urbaine qui vise à concevoir des environnements urbains qui promeuvent la santé et le bien-être des habitants. Il ne s’agit pas seulement de ne pas être malade, mais de générer du bien-être et des interactions sociales.
L'aménagement du territoire et la conception des espaces publics peuvent atténuer certains risques et en prévenir d’autres, qu’il s’agisse de la santé physique, mentale et sociale des individus.
Sans entrer dans le détail de la méthodologie, voici des pistes, qui loin d’être idéalistes ou radicales, sont souvent mises en œuvre par l’UFS :
Réduction des polluants
Qualité de l'air : Réduire l'exposition des habitants à la pollution de l'air en limitant le trafic automobile, en favorisant les modes de transport durables et en végétalisant les zones urbaines.
Gestion des déchets : Optimiser les systèmes de gestion des déchets pour éviter les nuisances liées à la pollution de l'eau, de l'air et des sols.
Accès aux services de santé et de bien-être
Proximité des services de santé : garantir une prise en charge rapide et efficace des habitants.
Services sociaux : Intégrer des équipements pour le soutien social, tels que des centres communautaires, des espaces de rencontre, des structures d'aide sociale pour répondre aux besoins des populations vulnérables.
Sécurité et bien-être social
Sécurité des espaces : Aménager des rues et des quartiers bien éclairés, accessibles et dotés de mesures de sécurité pour éviter la criminalité et favoriser un sentiment de sécurité.
Cohésion sociale : Concevoir des quartiers favorisant les échanges, avec des espaces publics accueillants où les habitants peuvent se rencontrer, discuter et renforcer le lien communautaire.
Logement salubre et abordable
Habitat sain : Promouvoir des logements de qualité, bien ventilés, bien isolés et sans risques pour la santé (comme les matériaux toxiques).
Accès au logement abordable: S'assurer que les prix de l’immobilier ne génèrent pas de l’exclusion et de l'habitat précaire.
Promotion de l'activité physique
Mobilité active : Encourager la marche, le vélo et l'utilisation des transports en commun en créant des infrastructures sûres, accessibles et bien connectées. Des trottoirs larges, des pistes cyclables sécurisées en sont des exemples.
Accès aux espaces verts : Les parcs, les jardins et autres espaces naturels sont essentiels pour permettre aux habitants de pratiquer des activités physiques, se détendre et se reconnecter avec la nature.
Réduction du stress et bien-être mental
Design apaisant : Créer des environnements urbains esthétiquement plaisants et paisibles, avec des espaces verts et des zones de calme.
Limiter une densification excessive : Planifier l'urbanisation pour éviter la surpopulation qui peut générer du stress, des nuisances sonores et des conditions de vie difficiles.
Équité en santé
Inclusion : Adapter l'urbanisme aux besoins spécifiques des personnes âgées, des enfants, des personnes handicapées, et des populations économiquement défavorisées.
Accès équitable aux ressources: Veiller à ce que tous les quartiers, y compris ceux défavorisés, aient accès aux services, aux espaces verts, aux commerces, et aux infrastructures de transport.
Quelques exemples :
Aménagement de "villes du quart d’heure" : Un concept où les résidents peuvent accéder à l'essentiel (travail, loisirs, soins de santé, éducation) à moins de 15 minutes à pied ou à vélo de leur domicile.
Recours aux technologies : améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments (HQE) , favoriser les énergies renouvelables, et réduire l'empreinte carbone des villes.
Lutter contre la pollution visuelle : certaines villes ont commencé à réduire l’affichage publicitaire, qui créée de la fatigue nerveuse et de la frustration.
• Dans certaines communes, les rues donnant sur des écoles sont piétonnisées aux heures d’entrée et de sortie des enfants (sécurité routière, pollution).
Une approche globale
La pandémie de COVID-19 a renforcé cette tendance. Il est redevenu indispensable de repenser l'espace public pour atténuer la transmission des maladies, avec un retour des réflexions sur l'hygiène, la qualité de l’air, la densité urbaine et l'accès à des espaces ouverts et sains.
Chaque nouveau projet d’urbanisme est unique et les bonnes idées ne manquent pas dans toute la France, y compris parfois dans des communes de taille moyenne.
Pour ne pas rater le coche, l'urbanisme favorable à la santé et au bien être nécessite une approche intégrée entre l'urbanisme, l’écologie, la santé publique, les sciences sociales et l’écoute des citoyens.
Le reste
Commerce Équitable France a publié hier son observatoire annuel des ventes de produits issus du commerce équitable. Malgré un net recul des dépenses alimentaires des Français (-4,7% selon l’INSEE), le secteur du commerce équitable a progressé de près de 2% en 2023 et pèse désormais 2,1 milliards d’euros. Les ventes de produits alimentaires issus de filières de commerce équitable “made in France” augmentent même de 6%.
Le commerce équitable présente de nombreux avantages, tant pour les producteurs que pour les consommateurs et l'environnement :
Pour les producteurs:
Meilleurs revenus et conditions de vie: Le commerce équitable garantit aux producteurs un prix minimum stable pour leurs produits, souvent supérieur aux prix du marché. Cela leur permet de mieux subvenir à leurs besoins et d'améliorer leurs conditions de vie, notamment en investissant dans l'éducation, la santé et le logement.
Autonomisation et développement des communautés: Le commerce équitable encourage la participation des producteurs aux décisions qui les concernent et leur donne accès à des formations et à des services d'appui pour améliorer leurs pratiques agricoles et commerciales.
Respect des droits fondamentaux: Le commerce équitable interdit le travail des enfants, les conditions de travail discriminatoires et dangereuses, et promeut la liberté d'association et la négociation collective. Ce qui permet de protéger les droits fondamentaux des travailleurs et de promouvoir des pratiques de travail éthiques.
Pour les consommateurs:
Produits de qualité durable: Les produits issus du commerce équitable sont souvent cultivés ou fabriqués selon des normes environnementales et sociales strictes. Ceci répond aussi à une demande des consommateurs qui attendent des produits de qualité durable et respectueux de l'environnement et des droits humains.
Consommation responsable: En choisissant des produits issus du commerce équitable, les consommateurs peuvent contribuer à un monde plus juste et solidaire. Ils ont ainsi le sentiment de faire un geste positif pour la planète et pour les populations fragiles.
Transparence et traçabilité: Les filières de commerce équitable sont généralement transparentes et traçables. Ainsi, les consommateurs sont en mesure de connaître l'origine des produits et les conditions de production.
Pour l'environnement:
Promotion de l'agriculture durable: Le commerce équitable encourage les pratiques agricoles vertueuses, telles que l'agriculture biologique, l’agroforesterie et la gestion intégrée des ravageurs. Le but est de protéger la biodiversité, de réduire l'utilisation de pesticides et la déforestation, tout en améliorant la santé des sols.
Lutte contre le changement climatique: Les pratiques agricoles durables promues par le commerce équitable contribuent également à la lutte contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en augmentant la capacité des sols à absorber le carbone.
En résumé, même s’il reste une niche, voici quelques éléments qui expliquent la croissance du commerce équitable en France :
Une sensibilisation croissante des consommateurs aux enjeux du développement durable et de la consommation responsable.
Une offre de produits équitables de plus en plus large et diversifiée.
Des circuits de distribution diversifiés.
Qu'indique l'observatoire annuel de Commerce Equitable France, le collectif des acteurs français du secteur ?
Les ventes du commerce équitable "made in France" sont passées de 67 millions d'euros en 2014 à plus de 791 millions d'euros en 2023, soit une multiplication par 12 et le nombre de leurs références qui ne fait qu'augmenter dépasse maintenant les 2.200.
La filière internationale est restée flat en 2023, malgré la progression du chocolat équitable +6% en 2023 et des bananes à +10%.
Il existe 8 labels de commerce équitable, 580 entreprises engagées, 11.000 références de produits labellisés commerce équitable (contre 3.500 en 2014), des ventes multipliées par 4 depuis 2014.
• Une grande variété de points de vente : les grandes et moyennes surfaces ne pèsent que pour 43% des ventes, contre 85% pour les produits conventionnels.
Deux autres segments se développent : les artisans (16% des produits du commerce équitable vendus ; généralement des boulangers pour les produits issus de la filière blé/farine ou des chocolatiers pour les produits issus de la filière cacao) et la consommation hors domicile, dont l'hôtellerie, la restauration privée et la restauration collective (13,5%).
Regard dans le rétroviseur
Retour sur 2022, les coûts cachés du non équitable et les évolutions fiscales demandées par la profession
Plus de 17 millions de touristes sont venus en Bretagne en 2022. A comparer avec 3,4 millions d’habitants. La région accueille beaucoup d’habitués, dont des familles et des couples, qui ont en moyenne 41 ans. Néanmoins, en 2022, 32 % des visiteurs ont découvert la Bretagne pour la première fois, témoignant ainsi de son attractivité.
En 2023, cela a représenté 115 millions de nuitées en hausse de 5% par rapport à 2022. La progression s’observe tout le long de l’année. Avec une clientèle française à hauteur de 89 millions de nuitées (source Pôle Observatoire & Développement - Tourisme Bretagne).
Le succès du littoral ne se dément pas, mais plus globalement, certains touristes, y compris étrangers, cherchent aussi à fuir les grandes chaleurs.
Cette envolée du tourisme, bien vue sur le plan économique, peut provoquer dans certaines localités un problème d’hyper-fréquentation, avec un risque déceptif.
Il y a également un problème de logement pour les saisonniers. Le tourisme a aussi des conséquences sur l’environnement, comme la gestion des déchets et les déjections canines. Il peut aussi y avoir ici ou là des débordements des eaux usées, liées notamment à l’urbanisation, avec des conséquences dramatiques pour les ostréiculteurs et des fermetures de plages.
La sagesse viendrait-elle du Nord ?
Dans les Côtes-d'Armor Le maire de Bréhat a dû réagir pour réduire les flux « Quand vous avez 30 % des gens les jours de pic qui repartent en disant je ne reviendrai plus jamais à Bréhat, parce que c'est l'enfer. J'ai perdu du temps sur les parkings. J'ai attendu une heure pour prendre le bateau et je n'ai pas pu manger. »
De plus en plus de communes bretonnes font marche arrière.
Belle-Île en mer (56) a refusé en 2022 de se voir décerner le Prix de plus beau GR de France, afin de préserver ses sentiers (piétinement, bâtons de marche) et la sur-fréquentation du Palais.
Groix (56) a connu un problème de sécheresse pendant la saison touristique. En 2022, elle a tenté d’éduquer à la gestion de l’eau ses habitants et ses visiteurs.
Certaines communes prisées par les randonneurs, comme Kervignac (56), sont contraintes de faire appel à la société civile pour ramasser les déchets abandonnés sur son GR.
Rochefort-en Terre (56) a été totalement noyée sous les touristes à la suite d’une émission TV vantant son patrimoine et son mode de vie. Il s’en est suivi une crise municipale. Le nouveau maire, Stéphane Combeau, a déploré la communication autour du « Village préféré des Français », décerné en 2016. Il a déclaré à France Bleue « la communication n'était pas idéale pour le village. Personne ne s'y retrouvait, ni les commerçants, ni les habitants, ni, même les visiteurs. »
La ville de Saint Malo (35) a été très affectée par la multiplication des locations de tourisme de courte durée type AirBnb.
Dans la newsletter de la Trinité sur Mer, il est mentionné des investissements pluriannuels avec des « objectifs d’apaisement » pour résoudre des « conflits d’usages » liés à la sur-fréquentation. Une des questions est la partage de l’espace entre les voitures, les vélos et les piétons. La gestion des déchets pose aussi parfois problème lors de certains événements.
Le croisement de la population locale et des touristes provoquent parfois des frictions.
En avril 2023, à Saint-Pierre-Quiberon (56), des « locals only » ont été tagués sur des voitures de « touristes » et des pneus de voiture ont été crevés lors du week-end de Pâques. Des voitures immatriculées 44, 35 et 29 ont été visées.
La Bretagne attire en outre de nouveaux résidents. L’Insee annonce par exemple 150.000 Morbihannais de plus en 2050.
Face à ces défis, les communes doivent faire des choix. Plus elles investissent dans les infrastructures touristiques, plus elles risquent de s’engager dans une course poursuite sans fin. On sait dans un autre domaine, celui de la voiture, que plus il y a de routes et d’autoroutes, plus la circulation augmente.
Des décisions parfois couteuse qui ont aussi un impact sur leur budget.
D’autres sites touristiques affrontent les mêmes défis. Petite anecdote : pour éviter la surpopulation touristique sur une ligne de bus, la mairie de Barcelone a décidé de la supprimer de Google Maps. Elle mène en effet au parc Güell, les habitants du quartier ne pouvant plus la prendre.
Heureusement, il existe de nombreux endroits beaucoup plus calmes en Bretagne, comme dans l’intérieur des terres, par exemple le canal de Nantes à Brest. Et, dans une optique de tourisme durable, cette région présente aussi un très beau visage en dehors du pic estival.
Pour aller plus loin :
Soumise à une forte saisonnalité, la presqu'ïle de Crozon (Finistere) adapte ses capacités d'accueil et modifie sa communication.
En 2022, hors dépenses fiscales et hors impact du COVID 19, l’effort global de l’État au titre du tourisme était évalué à près de 7,5 milliards d’euros de crédits portés par 21 programmes budgétaires relevant de 13 missions.
Selon les données de l’ACOSS, le secteur du tourisme en France emploie 1,29 million de salariés en 2020, soit 7 % de l’emploi salarié marchand et 4,8 % de l’emploi total en France. Entre 2015 et 2019, l’emploi dans le secteur du tourisme a augmenté de 150.000 salariés.
La Bretagne est la sixième région française pour le recours à l’emploi de saisonniers (environ 100.000 au total). Les intercommunalités littorales et celles qui sont situées à l’ouest de la région ont les taux de recours les plus élevés. L’activité saisonnière se concentre particulièrement sur la période estivale, notamment dans les secteurs liés au tourisme comme l’hébergement, la restauration ou le commerce. Les contrats sont plutôt courts, souvent à temps partiel. Plus de 80 % d’entre eux sont considérés comme étant à bas salaire, contre 35 % pour l’ensemble des salariés de la région.