jeudi 23 juillet 2009

Greenwashing dans la supply chain




La journaliste Rebecca Kanthor a réalisé une enquête pour CHaINA dans laquelle elle s'est interrogée sur les velléités des multinationales à mettre en place des politiques d’approvisionnements respectueuses de l’environnement. Qu'a-t-elle découvert : verdissement, production de faux documents, …

Différents aspects de ce sujet sont traités, dont le métier de l’audit social. Sans surprise, ce dernier se heurte souvent à la mauvaise foi des sociétés inspectées, qui n’hésitent pas à enjoliver les choses. Cette situation s’explique du fait que les grands donneurs d’ordres occidentaux recherchent avant tout une production low cost, en supposant que leurs fournisseurs respectent les standards environnementaux. Mais, ces derniers nécessitent des investissements, ce qui suppose de dégager un minimum de marge commerciale.

Selon Pierig Vezin, CEO de Wethica, cité dans cet article, c’est tout à fait irréaliste de s'attendre à ce que les fournisseurs soient toujours à la hauteur des attentes de leurs donneurs d’ordre. Il précise que "si vous demandez à une usine d’être conforme à 100%, vous lui demandez de se suicider".

"La simulation fait partie du business", dit-il. 

"Vous avez des acheteurs qui veulent acheter dans des usines entièrement compatibles. Vous avez des usines qui sont devenus des experts pour produire de faux documents, pour expliquer aux travailleurs comment répondre correctement aux questions des auditeurs. Et vous avez certaines entreprises d’audit qui savent comment présenter la situation, de façon à ce que l’usine soit reconnue conforme, même si elle ne l'est pas dit vraiment.

Il est d’ailleurs très rare qu’une inspection conduise à blacklister un fournisseur.

Pour Frances Way, du Carbon Disclosure Project, ce qui est important, ce n’est pas de travailler avec des fabricants soit 100% compatibles, mais que ces fournisseurs soient honnêtes et disposer à s’améliorer.
Pour Ma Jun, écrivain et directeur de l'Institute of Public and Environmental Affairs, s’il faisait un tant soit peu de recherche, Timberland s’apercevrait qu’il fait travailler plusieurs fournisseurs chinois notoirement peu scrupuleux en termes d’environnement. Pourtant, la compagnie américaine de vêtements outdoor communique beaucoup sur ce thème et a même engagé des initiatives.

Selon cette enquête sur la supply chain, tant le prix le plus bas restera l'objectif principal, les efforts en faveur de l'écologie n’iront pas beaucoup plus loin que des initiatives qui font aussi baisser les coûts. Pour qu’une entreprise aille dans le bon sens, Ma Jun estime que les groupes environnementaux doivent rester vigilants pour qu'il y ait suffisamment d'incitations financières afin que les chaînes d'approvisionnement soient mieux gérées. 


Pour lui, si on permet à ceux qui recherchent à baisser leurs coûts à tout prix d’obtenir un avantage concurrentiel en Chine, jamais les environnementalistes ne réussiront à protéger l'environnement.

Sauf changement de tendance, on devrait assister dans les prochaines années à des scandales dans des sweatshops, non plus seulement sur les conditions de travail, mais sur des problématiques environnementales.

Lire l’article complet en anglais
http://www.chainaonline.com/index.php?s=Green+or+Green+Washed

Depuis bientôt 1 an, Wethica diffuse des photos des conditions de travail qu’il rencontre dans les usines.
http://www.wethica.com/newsletter-35.html

Le combat de Ma Jun contre la pollution de l'eau en Chinehttp://www.lemonde.fr/planete/article/2009/07/22/le-combat-de-ma-jung-contre-la-pollution-de-l-eau-en-chine_1221472_3244.html

Wal-Mart to Assign New 'Green' Ratings

http://online.wsj.com/article/SB124766892562645475.html




Pour aller plus loin :

La société WethicA réalise des audits sociaux, qui consistent à observer les conditions de travail chez les fournisseurs. L'évolution de la règlementation et les conséquences désastreuses en termes de réputation des révélations (affaire Nike) par les médias des mauvaises conditions de travail dans la chaîne d'approvisionnement, ont poussé les acheteurs occidentaux à intégrer les normes sociales dans leur stratégie de production. Une démarche d’amélioration de la qualité et de la productivité dans des pays en voie de développement passe également par les ouvriers et leur motivation. WethicA a participé à diverses initiatives, comme le Business Social Compliance Initiative et à Max Havelaar Switzerland - Fair Trade Textile
WethicA a été créée par 5 entrepreneurs de différentes nationalités (Sri Lankais, Danois, Français et Mexicain) qui décidèrent de partager leurs expériences pour monter un projet international de responsabilité sociale. Les ambitions de WethicA sont multiples : « Etre pratique et efficace, prendre en compte les réalités des pays de productions, se concentrer sur des résultats mesurables, être transparent, économiser le temps, l'argent et l'énergie de toutes les parties prenantes, et garantir des améliorations durables. »

L'interview de Frances Way


Ethical Supply Chain Video Podcast Series, Episode 2 from Alex Briggs on Vimeo.

1 commentaire:

Ahlem a dit…

Real green or greenwashing ?
Le verdissement d'image est malheureusement une pratique très répandue, et il est effectivement aisé de cocher des cases et prétendre faire quelque chose de bon pour la planète et ses habitants.
La question qui se pose alors, comment contrôler ? Comment réguler ?
Et ma question préférée, qui va aller en prison s'il ne respecte pas le protocole de Kyoto ?

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