lundi 1 septembre 2025

Le régionalisme progresse fortement en France


L’aspiration à un renforcement des pouvoirs régionaux, autrefois incarnée par quelques cercles militants, s’est largement diffusée dans l’opinion publique. 

Plus qu’une remise en cause de l’unité du pays, cette évolution dessine les contours d’une France plurielle, où la diversité culturelle et territoriale est perçue comme une richesse, qu'il ne faut plus tarder à valoriser

Selon un sondage récent de l’IFOP, dont les références figurent en fin de post, en 2012, seuls 50% des Français jugeaient les collectivités locales insuffisamment dotées en compétences ; ils sont aujourd’hui 68 %. A l’époque, 18% d’entre eux trouvaient qu’elles avaient trop de pouvoirs, ils ne sont plus que 7% aujourd’hui. 

Ce désir de décentralisation touche toutes les catégories sociales et politiques, avec des pics chez les seniors (73 %), les habitants des zones rurales (75 %) et les électeurs de Marine Le Pen (79 %). Ce chiffre est plus faible chez les 18-24 ans (58%) et chez les cadres et professions supérieures (57%). 

Il apporte son soutien à l’adaptation des lois aux réalités locales (73 %). Le fédéralisme suscite même un intérêt croissant auprès de 71 % des Français -un niveau autrefois inimaginable selon l’IFOP -, particulièrement en Alsace (86 %), en Bretagne (78 %) et en Corse (76 %). 

Un découpage régional contesté 

Le découpage régional de 2015 voulu par François Hollande est largement rejeté. 68 % des Français souhaitent une organisation fondée sur les particularismes historiques et culturels au-delà du périphérique. 

  • En Alsace, 80 % des habitants demandent la sortie du Grand Est, qui comprend aussi la Lorraine et la Champagne. C’était 68 % en 2019. 
  • En Corse, trois habitants sur quatre soutiennent le projet d’autonomie, un chiffre qui grimpe à 87 % chez les jeunes.  
  • Dans la même tendance, en Savoie, 51 % des habitants veulent leur propre région (contre 41 % en 2000),  
  • Et, en Bretagne, 48 % souhaitent le rattachement de la Loire-Atlantique. 

Au niveau national, 51 % approuvent l’autonomie corse, et la création d’un statut particulier pour le Pays basque divise l’opinion (50 % favorables). 

Des particularités culturelles à cultiver 

Dans le même temps, la reconnaissance officielle des langues régionales recueille l’adhésion de 77 % des Français, un taux constant depuis 1999, et qui atteint des sommets dans les régions concernées (93 % en Corse, 91 % au Pays basque, 90 % en Alsace). 

De plus, 67% des Français sont demandeurs de musées consacrés à l’histoire et à l’identité des régions (79% en Corse, 72% en Bretagne). L’école apparaît comme le vecteur central de cette transmission : 84 % plébiscitent l’enseignement de l’histoire régionale et 81 % souhaitent que chaque élève puisse apprendre une langue régionale. Dans les territoires à forte identité, l’idée d’un enseignement obligatoire progresse, soutenue par 76 % des Corses, 78 % des Alsaciens et 66 % des Basques. 

Ces chiffres témoignent d’une volonté durable de préserver et transmettre ces héritages culturels, quelle que soit la couleur politique. 

Un centralisme jugé pervers 

En arrière-plan, c’est le centralisme qui se trouve remis en cause.  

  • Neuf Français sur dix considèrent que l’État est déconnecté des réalités locales,  
  • et 82 % accusent le fait que Paris focalise toute l’attention des médias.  
  • Seuls 35 % jugent que le gouvernement répond aux besoins de leur région, un sentiment encore plus marqué en Catalogne (24 %) et en Corse (30 %). 
 Cette défiance risque de laisser au bord de la route certains citoyens, avec une affirmation identitaire croissante. 27 % des Français se disent aujourd’hui ainsi attachés avant tout à leur région, 6 points de plus qu’en 2011, avec des taux qui ne peuvent pas être ignorés en Corse (57 %) et en Bretagne (47 %). 

Ainsi, loin de se limiter à un attachement folklorique, le régionalisme s’impose selon l’IFOP comme une dynamique profonde qui oblige à repenser le modèle territorial français. 

Pour aller plus loin : 

Grégory Berkovicz, avocat, expert en affaires publiques. Auteur de "Libérons nos provinces - manuel pour transformer la France en République fédérale"(l’Archipel).

  

Sondage IFOP réalisé pour le mouvement Régions et Peuples Solidaires (R&PS) 

https://www.ifop.com/publication/decentralisation-identite-territoriale-revendications-le-regionalisme-francais-a-lepreuve-du-temps/ 

Les Français partagés sur le cumul des mandats 

https://ong-entreprise.blogspot.com/2025/04/les-francais-partages-sur-le-cumul-des.html 

Quand Michel Rocard voulait « décoloniser la province » (2016; Gazette des communes) 

https://www.lagazettedescommunes.com/451658/quand-michel-rocard-voulait-decoloniser-la-province/  

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