jeudi 14 mai 2009

Rebond dans l'affaire Securitas




Un tribunal suisse a annulé l'ordonnance de non-lieu prononcée en faveur du géant agro-alimentaire Nestlé et de la société Securitas, soupçonnés d'avoir fait espionner le mouvement altermondialiste Attac.

Dans un arrêté daté du 23 avril, le tribunal cantonal de Lausanne «renvoie le dossier» devant le juge d'instruction. Rappel des faits.

Une histoire de barbouzes s’est déroulée en Suisse. C’est ce qu’a révélé un reportage réalisé par Jean-Philippe Ceppi et Mauro Losa, pour l’émission Temps Présent, intitulé « Securitas, un privé qui vous surveille », diffusé sur la Télévision Suisse Romande (TSR) en juin 2008. Tout part d'un coup de fil à l'organisation Transparency international, qui s’est spécialisée dans la lutte contre la corruption. Une source anonyme allègue que les altermondialistes d'Attac-Vaud avaient été infiltrés par un agent de Securitas pendant un an, pour le compte de Nestlé.

Interrogé, le responsable vaudois de Securitas à l’époque des faits, Bernard Joliat, a admis avoir surveillé des mouvements altermondialistes durant le G8 d'Evian en 2003. Mais, il nie toute opération spécifique. Dans le cadre de cette enquête journalistique, le groupe agro-alimentaire a indiqué avoir simplement pris des «mesures appropriées pour la sécurité des employés et installations». Toujours durant le G8, et «dans le plus strict respect de la loi». Selon le porte-parole de la police vaudoise, qui «savait qu'un mouvement altermondialiste avait été infiltré, sans davantage de détails», il n’y avait «rien d'illicite».
L'enquête sur cette infiltration a finalement débouché en février 2009 sur un non-lieu. Le juge d'instruction cantonal vaudois a estimé que «Ni les dispositions du Code pénal suisse régissant la protection du domaine secret ou privé, ni la loi sur la protection des données n'ont été violées en l'occurrence». Pour lui, «Ce n'est que sur le plan éthique que les pratiques mises en place par Securitas peuvent se révéler critiquables».

Le juge a estimé que des perquisitions au siège de Nestlé et Securitas n'auraient pas donné de résultats, sans surprise, puisque les plaignants ont attendu la diffusion de l'émission «Temps Présent» en juin 2008 pour déposer plainte, bien qu'ils aient eu connaissance de son contenu auparavant. Attac Suisse avait fait appel.

Une affaire en cours similaire aurait eu lieu en France, où EDF est soupçonnée d'avoir espionné Greenpeace en passant par une officine privée. Ces affaires démontrent que certaines ONG dérangent au plus haut point les entreprises, qui sont bien démunies pour trouver des parades.

Selon les Echos, le marché de la sécurité ne connaît pas la crise. En 2008, il a progressé de 7% en Europe et de 3% aux Etats-Unis. Le chiffre d’affaires de Securitas a atteint 5,2 milliards d’euros (+10%) en 2008 pour un résultat net récurrent de 1,9 milliard (+40%).

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