Les Alter mardis du Groupe SOS ont réuni mardi 19 mai différents témoins de l’information « positive » ou « constructive ». Notamment, l’agence Reporters d’Espoirs (au pluriel) créée en avril 2007.
Cette dernière a commencé à se faire connaître en organisant un Grand Prix annuel de la presse, récompensant des journalistes ayant mis en exergue des informations porteuses de solutions par rapport à des problèmes de société. Il s’agit d’initiatives ayant fait leurs preuves, pérennes et reproductibles, comme les pêcheurs de Saint Brieux qui se sont imposés leurs propres règles pour éviter de couper la branche sur laquelle ils sont assises en pratiquant la surpêche. Selon le début d’une enquête réalisée en mars 2009 par l'Institut d'études marketing et de sondages d'opinion Ginger, les sujets rapportés par Reporters d’Espoirs ont un impact fort pour les porteurs de projet : messages de soutien, autres demandes d’interviews, nombre accru de demandes d'information, nouveaux sponsors, duplication du projet, etc. Ce sont 48% des porteurs de projet qui constatent des retombées.
Christine Rodwell, Directrice Executive de l’agence de presse et coordinatrice des cours sur le financement du social business de la chaire HEC, a précisé à l’auditoire que Reporters d’Espoirs est aujourd’hui une SARL employant 10 salariés, dont une équipe de journalistes internes, avec deux axes éditoriaux : des « informationsolutions » et des portraits d’acteurs. Ce concept a séduit certains médias, avec lesquelles des éditions spéciales ont été montées, comme France Info, Libération, Courrier International, Version Femina et Macadam. Autre axe de développement, la société réalise également des ouvrages, commandés par des groupes demandeurs, mais pas légitimes pour les rédiger eux-mêmes, et qui peuvent être remis à certaines parties prenantes en fin d’année.
L’agence dispose d’une base de données d’un millier de dépêches. Elle cherche d’ailleurs à lever des fonds pour l’informatiser. Elle se distingue des médias traditionnels par un haut niveau d’exigence. La première contrainte, qui n’est pas la moindre, est que l’informationsolution est difficile à trouver, contrairement aux mauvaises nouvelles, qui font l’objet d’un véritable battement médiatique. De plus, le processus de rédaction est lent et les dépêches font l'objet d'un processus de validation et nécessite l'avis d’expert (patron d’ONG, professeurs, etc.). Cette démarche tranche avec les informations qui circulent sur Internet, qui sont plus fragmentées et pas toujours sourcées.
Cette initiative originale correspondrait à une demande des Français, qui sont assommés par le flux incessants de nouvelles anxiogènes alimenté à l’envi par les médias, et qui n’est sans doute pas étranger selon Ginger à la baisse du lectorat. Valérie Alasluquetas, Directrice générale de cet institut, a constaté un écart entre le parisianisme des rédactions, dont les sujets d’intérêt s’arrêtent au périphérique, et certains lecteurs, notamment CSP-, à qui ces articles ne parlent pas ou restent sceptiques.
Les Rédacteurs en chef surestiment aussi selon elle la capacité de l’exploitation du filon des peoples ou de la dramatisation pour vendre du papier. Un sentiment corroboré par le témoignage d'Olivier Gasselin, rédacteur en chef adjoint de « Mon Quotidien » et de « l'Actu », des revues pour enfants et adolescents, où les enfants élisent chaque année l’Enfant de l’Année. L’enfant élu n’a jamais été un jeune people, type Harry Potter, mais un gamin ayant réalisé quelque chose de remarquable.
D’ailleurs, le numéro spécial Libération-Reporters d’Espoir, qui a été édité deux années de suite à Noël, a battu des scores de vente (+20%). Les annonceurs sont friands de ce type de papiers, ne souhaitant pas faire passer un spot commercial entre l’annonce d'une fusillade dans une école et des images d’un tremblement de terre meurtrier. Banque engagée, le Crédit Coopératif est ainsi sponsor d’une rubrique hebdomadaire sur France Info.
Le business model de l’agence Reporters d’Espoirs repose donc au-delà de la qualité éditoriale sur l’appétit des sponsors, les médias étant sans doute trop pauvres pour acheter ses news, voire pour effectuer aussi intensément la même démarche. Le renouvellement des générations dans les rédactions et dans le lectorat, ainsi que le succès commercial au départ inattendu, mais indéniable de ce type de sujets, pourraient néanmoins entraîner à terme une généralisation de cette nouvelle approche.
Pour en savoir plus :
Le site de Reporters d'Espoirs
http://www.reportersdespoirs.org/
Emission de France Info :
http://www.france-info.com/spip.php?article64464&theme=81&sous_theme=125
Sur les actualités du Groupe SOS
http://www.groupe-sos.org/index.php
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