mercredi 11 avril 2012

Rien ne garantit une embellie du secteur associatif anglo-saxon en 2012









Selon certains spécialistes de la philanthropie, les organisations caritatives américaines auraient peut être connu en 2011 une année de transition. Pour la première fois en effet depuis 2007, une majorité d’entre elles, 53% précisément, ont vu leur collecte progresser. Sans compter que 16% de ces organisations sont aussi parvenues à maintenir leurs revenus (contre 24% un an plus tôt).

C’est ce qui ressort du Nonprofit Research Collaborative (NRC), qui est actualisé deux fois par an. Un questionnaire à cet effet a ainsi été envoyé à environ 1.600 organisations non lucratives début 2012.

Mais, l’heure n’est pas encore à la fête, puisque encore 31% d’entre elles ont perdu des ressources, contre 46% en 2010. Au total, point positif, 59% des répondants ont atteint leurs objectifs en 2011. Mais, la situation a déjà été nettement meilleure, puisqu’en 2006, selon le GuideStar Survey, 69% des organisations non lucratives avaient connu une année prospère.

Selon les explications données par Andrew Watt, Président de l’Association of Fundraising Professionals (AFP), la hausse des dons observée au dernier trimestre 2012 s’expliquerait par la reprise de l’économie, même timide, et du désir des Américains de soutenir leurs communautés.



Pour savoir si 2011 a constitué une année de césure, il faudra une confirmation d’un regain de générosité sur l’année en cours. Pour les sondés, tout dépendra de l’environnement économique et financier, notamment au second semestre, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le reste du monde.

Pour l’heure, 70% des sondés anticipent tout de même une hausse de leurs revenus en 2012. Mais, les "conditions psychologiques" ne semblent pas complètement réunies pour permettre de retrouver les niveaux de dons d’avant crise, notamment de la part des entreprises.

Les autres tendances qui ressortent du rapport sont :

  • Le succès de la collecte online. 60% des organisations caritatives qui l’utilisent collectent de mieux en mieux par ce biais.
  • Les meilleurs résultats en fundraising sont obtenus par les organisations qui multiplient les sources de revenus. Rares sont celles qui collectent encore plus de 25% de leurs fonds par une seule méthode. L’ère est au multi-canal.
  • L’implication des dirigeants de l’association, soit directement financière, en mettant la main à leurs poches, soit sous forme de recommandation ou de participation à des évènements, facilite la collecte, auprès des prospects-donateurs et du secteur privé.
  • Les associations ayant un budget inférieur à 1 million de dollars ont plus de mal à attirer les dons.
  • La collecte peut aussi être freinée dans les associations de taille moyenne par un sous effectif dans l’équipe de levée de fonds. Certains dirigeants évoquent même ressentir un besoin de davantage d’expertise (ex faire appel à un consultant).
Sur le site The Chronicle of Philanthropy , la tendance est moins optimiste. Il ressort que 71% des fondations anticipent pour 2012 une stagnation ou une baisse de leurs ressources.

Une des principales explications tient à l’érosion de leurs actifs, qui ont subi ces dernières années la chute des marchés financiers, notamment avec une baisse de 3,5% de leurs réserves en 2011. De 2007 à 2011, les actifs des 10 plus grosses fondations américaines ont fondu de 25 milliards de dollars... Dans ce contexte, la tendance est au maintien des programmes existants au détriment des nouveaux projets. Et, l’univers caritatif tient à souligner que dans cet environnement, il n’a pas les moyens actuellement de compenser le désengagement de l’Etat sur le terrain.

Une autre source révèle la vulnérabilité d’une partie du tissu associatif américain. 272.000 œuvres caritatives et fondations ont disparu des registres de l’IRS (Internal Revenue Service) l’an dernier, soit une chute de 11%. Elles ont perdu leur statut fiscal, n’ayant pas été capables de s’adapter aux nouveaux critères exigés par les formulaires fiscaux, issus d’une réforme de 2006. Ce qui signifie que leurs donateurs ne peuvent plus bénéficier d’une réduction de leur imposition.

Au final, les associations éligibles à l’IRS (under Section 501(c)(3)) s’établiraient ainsi désormais à 1,1 million au total. Outre cet élément réglementaire, l’agence IRS observe un manque d’élan. Seulement 55.319 entités ont demandé à bénéficier des avantages de l’IRS en 2011, soit une baisse de 7,7% par rapport à 2010 et même de 35% par rapport à 2007.

Cet effondrement tranche avec la période précédente, qui avait enregistré un doublement des associations caritatives et fondations, bénéficiant de cette reconnaissance fiscale, de 1995 (626.000 organisations enregistrées alors) à 2010. La crise financière aurait tari le flux des Grant Makers. Il n’y a eu que 950 fondations créées en 2009, selon les données disponibles les plus récentes, selon le Foundation Center. A comparer à un pic de 6.400 en 2000…

Dans le même temps, outre-manche, le monde associatif se mobilise contre la réforme fiscale engagée par George Osborne, qui vise à plafonner les dons des particuliers.

Comme en témoigne un article récent du Guardian, un responsible d’Unicef UK précise que dans les cas d’urgence, la levée des fonds nécessaires est souvent permise grâce à l’effet de levier des high-level donors, qui peuvent faire un chèque de £100.000 ou plus sans sourciller.

Une enquête menée par la Charities Aid Foundation a mis en évidence que 8 donateurs sur 10 les plus aisés vont tout simplement reconsidérer leurs positions en raison de cette nouvelle donne fiscale. Le fait de caper le don à £50.000 ou 25% des revenus annuels va, selon ce rapport, les forcer à réduire leurs dons à hauteur d’au moins 40%...Une reforme fiscale paradoxale, dans un pays qui a connu de violentes émeutes.

Pour aller plus loin :


The Guardian. 7 avril 2012. Charities lose critical funding as George Osborne hits the richest donors
http://www.guardian.co.uk/society/2012/apr/07/charity-donors-tax-relief-budget

Une campagne de lobbying, baptisée "Give It Back, George", a été lancée pour faire pression sur le législateur : à lireici

Juste issu des fonts baptismaux, Big Society Capital entend apporter de l'argent frais au secteur de l'entrepreneuriat social. Doté de 600 millions de livres en provenance de comptes bancaires en sommeil, ce fond est présenté comme un pionnier d’une finance plus durable. Sir Ronald Cohen, dirigeant de Big Society Capital a déclaré le 4 avril dernier sur Channel 4 News le danger de caper les dons, ce qui aurait pour effet d’annihiler tous les efforts du fond qu’il préside.


Royaume-Uni : Entrepreneuriat et investissement social, un nouveau partenariat au service de la cohésion sociale
http://ec.europa.eu/internal_market/social_business/docs/conference/cohen_fr.pdf

The Nonprofit Research Collaborative (NRC)

This survey was conducted online in January and February 2012 about fundraising results from 2011 and plans for 2012. The 1,602 U.S. respondents form a convenience sample. There is no margin of error, as it is not a random sample of the population studied. Reported results are statistically significant using chi-square analysis.
Le dernier rapport est consultable ici :
www.NonprofitResearchCollaborative.org

About the Nonprofit Research Collaborative (NRC)
Each NRC member has, at a minimum, a decade of direct experience collecting information from nonprofits concerning charitable receipts, fundraising practices, and/or grantmaking activities. NRC partners are the Association of Fundraising Professionals; Blackbaud; Campbell Rinker; the Center on Philanthropy at Indiana University; Convio; Giving USA Foundation; and the National Center for Charitable Statistics at the Urban Institute.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire