jeudi 5 décembre 2013

Le Parc des Boucles de la Seine Normande honore ses citoyens les plus innovants


Le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande a organisé pour la 4ème fois ses Eco Trophées édition 2013, dont les prix ont été remis le 26 novembre dernier. J’y étais invité, une occasion pour moi de « sortir du périphérique». 

Ce parc (parc de Brotonne à l’origine) a été créé en 1974 afin de maintenir une coupure verte entre les 2 grands pôles urbains et industriels que sont Rouen et le Havre. Doté d’un budget de 3,2 millions d’euros, il emploie 48 salariés.

Petit rappel historique 

Le décret qui a donné le feu vert au lancement des Parcs naturels régionaux (PNR) date de mars 1967. Il a été signé par le Général De Gaulle.

Aujourd’hui, 48 parcs existent en France, y compris en Corse, en Martinique et en Guyane. Vous en avez probablement un près de chez vous.

Peut être classé en Parc naturel régional "le territoire de tout ou partie d'une ou de plusieurs communes lorsqu'il présente un intérêt particulier par la qualité de son patrimoine naturel et culturel, pour la détente, le repos des hommes et le tourisme, qu'il importe de protéger et d'organiser"

Trois objectifs étaient assignés à la naissance des Parcs :

  • équiper les grandes métropoles d'équilibre en aires de détente ; 
  • animer les secteurs ruraux en difficulté ; 
  • trouver dans les voies nouvelles de développement, la possibilité d'une mise en valeur des richesses naturelles et culturelles, de la préservation de la flore, de la faune, des paysages. 
Depuis 1998, neuf Parcs se sont dotés d’un « Eco Trophée » dans le but de démontrer que performance économique, sociale et environnementale vont souvent de pair. Ces concours font la promotion de démarches d’ensemble d’entreprises cohérentes avec les choix de développement durable du Parc.

Les pratiques portent essentiellement sur :

  • la valorisation économique du patrimoine naturel, culturel et de savoir-faire liés au territoire dans le cadre d’une gestion harmonieuse de l’espace. 
  • le management environnemental limitant l’impact de l’activité sur les milieux, le paysage et les personnes. 
  • la prise en compte de la dimension humaine et sociale au sein de l’entreprise en lien avec le territoire. 
Pour Jean Pierre Girod, Président du Parc (en photo plus bas sur l'exploitation de Frédéric Durand, arbres têtards en arrière plan), toutes les bonnes initiatives méritent d’être mises en lumière, qu’il s’agissent d’entreprises de moins de 50 salariés, d’associations ou de structures à mission de service public. Il s’agit de donner un coup de pouce à ceux qui s’engagent et tenter de créer un effet d’entraînement.


Le dernier concours remontait à 2007. Il a fallu attendre 2013 pour cette édition, car entre 2008 et 2012, le Parc s’est consacré à se doter d’une Charte, qui a mobilisé un grand nombre de parties prenantes. Elle fixe ses grands objectifs jusqu’en 2025.

L’édition 2013 des éco-trophées a récompensé un exploitant agricole dans la catégorie environnement, un chantier participatif pour la fabrication du cidre ou des chantiers d’écoconstructions (lien social), une école de 3ème créatrice d’une mini-entreprise dans l’agriculture biologique et une association proposant la médiation animale pour revaloriser l’image personnelle de jeunes en souffrance.

Toutes les initiatives retenues pour concourir au Trophée, même celles qui n’ont pas gagné, présentent des similitudes :

  • ce sont des actions mises en musique par des personnes imaginatives, débrouillardes et capables de susciter une large adhésion locale. 
  • les projets provoquent même un élan intergénérationnel (comme Studio D, voir les vidéos). 
  • en dehors de la médiathèque d’Yvetot, leurs actions semblent souvent peu gourmandes en capitaux. 
  • elles semblent facilement duplicables, d’où l’intérêt de les faire connaître. 
  • Leur réussite ne passe pas apparemment par un savoir-faire digital, contrairement à de nombreuses start up de la solidarité implantées dans les grandes villes. 
 Une exploitation agricole modèle en bordure de Seine

A Bardouville, en Seine-Maritime, la réalisation de Frédéric Durand consiste en la préservation et la valorisation du patrimoine sylvicole de prairies humides. Après un diagnostic de préconisation dʼactions établi en lien avec le PNR, cet exploitant agricole, qui pratique l’élevage extensif, sʼest investi dans la gestion bocagère en plantant plus de 1.200 arbres en 4 ans.


Aujourdʼhui, les produits de la taille de ses haies sont en vente directe et fournissent, outre les bûches, 200 m3 de bois déchiqueté chaque année avec un objectif de 700m3 dʼici 10 ans. Ce produit sert notamment au paillage.

 

Durant plusieurs dizaines dʼannées, les haies du marais bardouvillais furent négligées. Dorénavant, lʼimplantation dʼarbres têtards permet, outre leur exploitation, la mise en valeur du patrimoine paysager et des fonctions naturelles de régulation des niveaux hydrauliques. Un arbre boit plusieurs centaines de litre d’eau par jour. Leurs rejets sont exploités tous les 6/7 ans.

Ces plantations favorisent également la biodiversité, notamment certains insectes. L’herbe est aussi meilleure aux pieds des arbres têtards, qui fournissent par la même occasion aux bovins de l’ombre l’été ainsi que l’opportunité de pouvoir se gratter.

Actuellement, Frédéric Durand envisage de continuer à faire évoluer son exploitation, afin d’obtenir le label AB.

Une maison de retraite innovante

A Yvetot, la médiathèque et le collectif Ehpad « les Dames Blanches », qui héberge des personnes dépendantes, ont mené une action favorisant le mélange entre les générations et l’ouverture sur l’extérieur.

La maison de retraite disposait d’une chapelle désaffectée, qui n’avait plus d’utilité. Jean-Yves Dayt, directeur de l’établissement, nous a confié que plutôt que de la détruire, la chapelle a été rénovée, afin d’offrir à la population un bel écrin pour des activités de lecture. Pour un public large, qu’il s’agisse de ses résidents ou des publics scolaires voisins. Un projet ambitieux compte tenu des déficiences sensorielles de certains retraités, parfois en rupture avec la lecture.



Outre la valorisation de la culture, cette initiative se révèle très bénéfique, car le brassage des âges permet d’éviter l’entre-soi. Ce projet original est baptisé « l'Assemblaye », qui signifie fête, rassemblement en Cauchois.

Par ailleurs, la résidence les Dames Blanches a été récompensée en 2010 (par la Fondation Caisses d’Epargne pour la Solidarité) pour son idée de concours régional de contes et nouvelles, ouvert à tous. Le jury était composé de résidents, de leurs enfants, d’agents du personnel, et des bénévoles de la médiathèque d’Yvetot.

 

 Pour aller plus loin : 

Sur le Prix et la composition du Jury 
http://www.pnr-seine-normande.com/actions-domaine-bconcours-ecotrophees-2013b-20.html 
http://www.parcsnationaux.fr/

Fédération des Parcs naturels régionaux
 http://www.parcs-naturels-regionaux.fr/fr/accueil/

Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande
http://www.pnr-seine-normande.com/index.php 

La ferme des Venelles
http://www.lafermedesvenelles.com/

A Saint-Vigor d’Ymonville, l’association Piân’Piâne qui s’adresse aux enfants en souffrance. http://www.pian-piane.net/ 

Vidéo : Les 40 ans des Parcs naturels régionaux de France
http://www.parc-cotentin-bessin.fr/fr/video/les-40-ans-des-parcs-naturels-regionaux-de-france-v7.html?PHPSESSID=f4f75daa3fb33d356e80467d29a5c19e 

Les dix parcs nationaux 
En France, il existe en 2012 dix parcs nationaux : Vanoise (1963), Port-Cros (1963), Pyrénées (1967), Cévennes (1970), Ecrins (1973), Mercantour (1979), Guadeloupe (1989), La Réunion (2007), la Guyane (2007) et les Calanques (2012). Les parcs nationaux couvrent des domaines terrestres et maritimes variés et représentent par leurs périmètres maximum près de 9,5% du territoire français (60 728 km²). Ils attirent chaque année plus de 8,5 millions de visiteurs.
http://www.parcsnationaux.fr/



  Fin

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans le même esprit, il faut signaler un article : 10 initiatives lancées par des anonymes pour améliorer le "vivre ensemble".
Dans la Revue We Demain, Numéro 5. Automne 2013. Merci

Herrick du Halgouët a dit…

Une précision ;

Les réserves naturelles et les parcs nationaux ne suffiraient plus à empêcher le déclin catastrophique du nombre d’espèces dans la nature.

Pour David Attenborough, qui a pris la parole à la conférence RSPB à Londres, tout l’espace en Grande-Bretagne doit être consacré à la biodiversité, y compris les jardins de banlieue et le bord des routes.

http://www.theguardian.com/environment/2014/sep/03/david-attenborough-nature-conservation-wildlife

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