lundi 8 juin 2009

Un Jet Li, combattant, philosophe et mendiant


Après avoir frôlé la mort avec sa famille lors du tsunami de 2004, quand il était aux Maldives, l’acteur Jet Li, né en 1963 à Pékin, a pris conscience de la fragilité de la vie et des dégâts occasionnés par les catastrophes naturelles.

Selon les statistiques, la Chine subit régulièrement des catastrophes. En moyenne, chaque année, près de 200 millions de personnes sont touchées et près de 60 millions ont besoin d'aide. En 2005, les sinistres enregistrés en 2005 auraient dépassé 2 milliards de dollars. A côté de ce problème endémique, Jet Li déplore également la situation des citadins chinois, qui ont acquis une certaine aisance, mais qui sont devenus esclaves des technologies.

C’est pourquoi il a créé en avril 2007 « One Foundation », dans le cadre d’un partenariat stratégique avec la Red Cross Society of China. Pour le lancement de son projet, Jet Li, qui est un champion en arts martiaux, a arrêté de tourner des films pendant un an. Il a même voyagé pendant deux ans pour étudier les méthodes les plus efficaces de réaliser la bienfaisance afin d'essayer de trouver un modèle qui pourrait marcher en Chine.

Cette fondation s’inscrit dans une tendance plus lourde, puisque les dons sont passés dans l’Empire du Milieu de 2 milliards de dollars en 2002, à 10 milliards en 2006, puis 30 milliards en 2007. Avec plus de 300.000 ONG enregistrées en Chine, sans compter celles qui ne sont pas identifiées, Jet Li considère qu’il est difficile de s’y retrouver. One Foundation aide donc les entreprises à repérer des ONG crédibles et professionnelles. Nombreux sont les sponsors occidentaux qui interviennent en Chine : la NBA, Disneyland, Universal Studios et Marlboro.

L’artiste constate que pendant des décennies, l'écrasante majorité des Chinois ont été à peine capables de se débrouiller par eux-mêmes, sans parler de faire des dons à des organismes de bienfaisance. Maintenant qu'un certain nombre de personnes en Chine ont vu s’améliorer leur situation personnelle, la philanthropie peut reprendre ses droits. Un phénomène ancestral, puisque la Chine a toujours eu une culture du don, inspirée du Confucianisme, du Bouddhisme et du Taôisme.

La star de cinéma proclame qu’elle veut devenir « le plus grand mendiant » sur la planète. Il considère que l’Etat et même les ONG n’ont pas la capacité de corriger définitivement certains problèmes. Seul un élan collectif massif pourrait changer le monde. Beaucoup de dons pour aider les victimes du tremblement de terre du Sichuan sont ainsi venus de personnes qui n'avaient jamais donné auparavant. En tout, la fondation a reçu à cette occasion 500 millions de yuans avec un million de donateurs. L’acteur militant tourne ses yeux vers les résidents chinois, dont la générosité est faible malgré la croissance économique. Aux États-Unis, les donations représenteraient environ 2,1% du produit intérieur brut, contre 0,35% Chine.

Li estime que des dons mensuels de 1 renminbi (environ 15 cents US) par personne pourraient donner naissance à un fond colossal au profit des organisations non gouvernementales. Les canaux de collecte sont multiples : produits partage avec les sponsors de la Fondation, les bureaux de poste, les SMS et la solution de paiement en ligne PayPal. La Fondation a aussi remporté plusieurs prix, qui ont garni ses caisses.

Implantée en Chine aux Etats-Unis et à Singapour, la Fondation Jet Li a de nombreux partenaires comme BBDP, Cisco, Deloitte, KPMG, Versace et Barbie Shanghai. Dans son dernier rapport financier trimestriel, il est indiqué que les revenus de Jet Li One Foundation se sont élevés depuis sa création en 2007 à 158 millions de RMB, soit un peu moins de 17 millions d’euros.

Quand la Chine donnera…

Pour aller plus loin :


Le reportage de l’Insead (dont un vidéo sous titrée en Anglais)
http://knowledge.insead.edu/JetLiOneFoundation081215.cfm?vid=153

L’article du Seattle Times
http://seattletimes.nwsource.com/html/movies/2008694302_chinajet01.html



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