Les parties prenantes poussent activement les entreprises à changer de comportement. Dans le même temps, la RSE est devenue de plus en plus complexe. Ce blog a vocation, modestement, à suivre ces tendances de la crise des subprimes à la guerre en Ukraine. Certaines initiatives y sont aussi mises en avant.
mardi 15 septembre 2009
La Red Campaign de Bono a levé 130 millions de dollars depuis sa création
Une collection spéciale de Bugaboo (traduction Croque Mitaine), la poussette haut de gamme pour enfants rendue à la mode par des stars comme Sarah Cox, Gwyneth Paltrow et Stella McCartney, va être commercialisée dans le cadre de la Red Campaign.
L’entreprise hollandaise, qui a connu la gloire à Londres à partir de 2003, accepte de reverser 1% de son chiffre d’affaires pour lutter contre la transmission du sida de la mère enceinte à son enfant. Récemment maman, la célèbre Leah Wood soutient cette initiative au Royaume-Uni.
Le lancement de la Red Campaign au Forum Economique Mondial de Davos en janvier 2005 a fait l’objet d’une couverture médiatique énorme, du fait de la personnalité de ses promoteurs, Bono, Le chanteur irlandais de U2, en est le porte-drapeau. Il avait déjà lutté activement avec succès pour l’effacement de la dette du Tiers monde.
Son associé, Bobby Shriver, n’est rien moins que le neveu de l'ancien président des Etats-Unis John F. Kennedy. Le projet serait né sur le zinc d'un bar, au sortir d'une nuit rythmée par des conversations à bâtons rompus au cours lesquelles Bill Gates et Bono auraient refait le monde.
De très grandes marques ont été sollicitées pour s'associer à cette campagne en habillant leurs produits de rouge, le tout accompagné d'un marketing offensif, afin de séduire les consommateurs et faire appel à leur générosité. Si ces derniers accrochent au concept en se faisant aussi plaisir, une partie des bénéfices de la vente de produits rouges sont ensuite reversés au Global Fund, le fonds d'aide à la lutte contre le sida en Afrique, constitué en 2002 sous l’égide des Nations unies. American Express s’est ainsi engagé à reverser 1% de son chiffre d’affaires, lie à la commercialisation de carte de crédit rouge.
A l’origine, cette initiative, qui démontre un « capitalisme créatif », est le fruit de l’agacement des fondateurs du mouvement à voir les difficultés du Global Fund à récolter des fonds privés pour s’attaquer au problème du Sida, de la malaria et de la tuberculose. De nombreuses multinationales comme Gap, Motorola, Dell, Converse ou Armani se sont accrochés aux wagons.
A l’heure actuelle, le bilan est loin d’être négligeable. Au final, d’après les chiffres figurant sur le site en septembre 2009, la « campagne Rouge » a attiré 130 millions de dollars et a bénéficié à plus de 2 millions de personnes. Ce mouvement a bénéficié d'une vente aux enchères exceptionnelle d’œuvres d’art, organisée avec Damien Hirst chez Sotheby New York à la Saint Valentin 2008. Elle a en effet rapporté plus de 42 millions de dollars.
Bien que le Red Label soit une association à but non lucratif, elle pose des questions non résolues au monde des ONG. Craig et Marc Kielburger, de l’ONG Free The Children, soulignaient en juillet 2007 qu’il y avait un rapport de un à quatre entre les sommes qui ont été investies pour promouvoir les produits labellisés Red et les sommes redistribuées sur le terrain. « La plupart des publicités se focalisent sur les marques elles-mêmes, la mention du Global Fund étant mal mise en évidence ».
Même son de cloche pour Mark Rosenman, un militant du monde associatif et professeur à l’Union Institute & University à Cincinnati. Pour lui, la montée en puissance de ces techniques marketing, qui profitent plus aux marques qu’aux causes défendues, font de plus en plus peur aux œuvres charitables américaines.
Elles leur feraient de l’ombre en brossant le consommateur dans le sens du poil, celui du moindre effort... « Il y a des préoccupations de plus en plus partagées que le monde des affaires va prendre le pas sur les activités philanthropiques et même s’y substituer ». Et, de constater une baisse relative des donations des entreprises américaines, alors que de l’autre côté, le charity business, très ostensible, recueille leur faveur.
Le spot de Bugaboo
http://www.bugaboo.com/fr/fr/red_introduction/
Le site Rouge
http://www.joinred.com
Le soutien de Leah Wood
http://www.mirror.co.uk/celebs/news/2009/09/09/strictly-come-dancing-leah-wood-on-dad-ronnie-s-affair-and-her-mum-s-strictly-challenge-115875-21658254/
PS : Le « Fonds mondial » est un partenariat public/privé unique visant à collecter, puis allouer, des ressources supplémentaires pour prévenir et traiter le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme. Ce partenariat fait participer des gouvernements, la société civile, le secteur privé et des communautés. Depuis sa création en 2002, le Fonds mondial a engagé 15,6 milliards de dollars US de financements approuvés pour plus de 550 programmes répartis dans 140 pays.
2 commentaires:
Bien d'accord à ta conclusion.
(red) est une initiative unique dont on ne peut que saluer les résultats mais les marques partenaires sont largement bénéficiaires. J'en veux pour exemple que la première association d'idée qui me vient à propos de (red), c'est la ligne de t-shirt (red) chez Gap...
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Ovide
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