jeudi 1 octobre 2009

Inoxydable face aux ONG, Exxon Mobil voit la vie en rose jusqu’en 2030





Fondé en 1870, Exxon Mobil Corp. dispose de plusieurs marques commerciales : Esso, Mobil et Exxon. Selon YahooFinance, ce géant de l’industrie pétrolière a dégagé l’an passé un chiffre d’affaires de 477 milliards de dollars pour un résultat net de 45 milliards de dollars. Une performance inégalée dans toute l’histoire de Wall Street. Le logo ci contre a été conçu par Greenpeace.

La société emploie 80.000 employés, dont 37% aux Etats-Unis. En mars dernier, Exxon annonçait qu’il comptait investir 29 milliards de dollars cette année. Le groupe entend développer prudemment de nouveaux champs pétrolier et gazier afin de faire face à la hausse continue de la demande en hydrocarbures, qu’elle anticipe jusqu’en 2030. Ses prévisions s’appuient sur la croissance démographique dans le monde et sur l’enrichissement de la population dans de nombreux pays en croissance.

Malgré des initiatives dans le sens du développement durable, Exxon Mobil traine une réputation sulfureuse, liée notamment à la catastrophe du pétrolier Exxon Valdez en 1989. Les écologistes l’accusent surtout d’avoir été un des acteurs les plus actifs en termes de lobbying pour contester l’existence du réchauffement climatique. Un article de Brigitte Perucca dans Le Monde du 22/07/2009 soulignait « la présence de plusieurs anciens d'Exxon dans l'entourage de l'ancien président américain George Bush ».

Le groupe pétrolier, dont tous les mouvements sont épiés, a attiré l’attention des ONG ces dernières années, au sujet du projet pétrolier et gazier Sakhaline II en Russie. Il est situé sur l’île de Sakhaline, à l’est du pays, et devrait coûter plus de 22 milliards de dollars. C’est ce que signale la dernière Newsletter de Gondwana Agency : « Depuis plusieurs années, le Panel de conseil scientifique sur la baleine grise occidentale demandait aux sociétés pétrolières et aux membres du consortium de Sakhaline Energy Investment Company de suspendre leurs tirs d’exploration sismiques pendant l’été, saison où les baleines viennent se nourrir sur les côtes des îles Sakhaline. Le bruit chasse les cétacés de leur aire nourricière menaçant la survie d’une des espèces les plus menacées au monde. »

Deux acteurs majeurs, Shell et Gazprom, ont fini par accepter de geler leurs activités de prospection de juillet à octobre 2009. Mais, leur initiative pourrait se révéler inutile car elle n’a pas été suivie par Exxon, Rosneft et BP, si bien que le WWF a collecté une pétition de 50 000 signatures. Les trois groupes pétroliers, qui font la sourde oreille, ne participent d’ailleurs pas aux réunions du Panel scientifique contrairement à Shell et Sakhaline Energy.

La création de ce panel était pourtant un préalable exigé par les banques présentes dans le projet. Elle constituait même une de leurs conditions de prêt, afin de connaître l’impact du projet sur les baleines grises et conseiller les industriels pour l’atténuer. En 2008, l’ONG les Amis de la Terre avait même mis en garde les grandes banques commerciales et les agences de crédit à l’exportation qui étaient sollicitées. L’équipe de Novethic, dans un article du 29 septembre, signale que les prêts ont été accordés en 2008. Selon Patrick Bader, responsable développement durable du pôle investissement de BNP Paribas, l'un des prêteurs, « si les conditions n'étaient pas remplies [...] et aucune solution satisfaisante n'était trouvée, le prêt deviendrait exigible ».

Mais, il existe également une contestation en interne, qui cherche à faire évoluer le géant pétrolier. Lors de la dernière assemble générale du groupe à Dallas en mai 2009, Rex W. Tillerson a été questionné à la fois sur sa rémunération et sur sa politique environnementale. Il aurait gagné 23,9 millions de dollars en 2008. Un gestionnaire d’actifs a même précisé que si Rex Tillerson partait à la retraite à 65 ans, il quitterait le groupe avec un « package » de 670 millions de dollars.

Selon l’agence AP Business Writer, des « activistes » ont loué son concurrent Chevron pour ses efforts de suivi sur la teneur en carbone de ses produits et mis au défi Exxon de faire de même. Représentant un investisseur institutionnel, Patricia Daly des Sœurs de Saint-Dominique à Caldwell, New Jersey, a souligné que Chevron a montré se bonne foi et se préparait à un avenir où les émissions de carbone seront plus étroitement réglementées. En ce qui concerne Exxon Mobil, dit-elle, "je ne suis pas encore convaincue que nous sommes prêts."

Ann Roberts Rockefeller, une descendante de John D. Rockefeller, a proposé de lancer une étude sur les effets probables du changement climatique. Elle a souligné que si la société ne donnait pas la priorité aux énergies renouvelables, elle finirait par souffrir. Néanmoins, au final, les onze résolutions déposées par des actionnaires réformistes ont été rejetées. L’assemblée 2008 avait déjà été assez houleuse avec des slogans comme « ExxonMobil se comporte maintenant comme un dinosaure. ExxonMobilosaurus Rex doit disparaître !"

De son côté, Exxon Mobil prend des initiatives en direction de la société civile. Il a ainsi noué un partenariat avec Changemakers d'Ashoka et le Centre international de recherche sur les femmes (International Center for Research on Women, ICRW). Ils ont décidé de lancer une initiative visant à aider les femmes des pays en voie de développement à réaliser leur potentiel économique grâce à la technologie et à l'innovation. L’annonce en a été faire au Clinton Global Initiative en septembre dernier. L'engagement du programme Technologies, pour la première année, s’élève à 1,5 million de dollars.

Ce programme, intitulé Technologies, doit contribuer à l'identification et au déploiement de technologies et d'innovations pouvant améliorer la qualité de vie et permettre aux femmes de participer plus pleinement à des activités génératrices de revenus. Il fait partie de l'Initiative d'ExxonMobil en faveur des opportunités économiques pour les femmes (Women's Economic Opportunity Initiative), qui a été lancée en 2005 et dans lequel plus de 20 millions de dollars ont été investis au profit de femmes de 64 pays en voie de développement.

Pour aller plus loin
Exxon Community & Society
http://www.exxonmobil.com/Corporate/community.aspx

L’enquête de Novethic
http://www.novethic.fr/novethic/planete/environnement/biodiversite/sakhaline_baleines_grises_menacees_par_petrole_offshore/121688.jsp

Le dossier des Amis de la Terre
http://www.amisdelaterre.org/-Sakhalin-Russie-.html

Sakhalin Environment Watch

http://www.sakhalin.environment.ru/en/index.php?section=introduction

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