mardi 15 novembre 2011

Koeo.net accélère le rythme pour populariser le mécénat de compétences

Jean-Michel Pasquier s’est aperçu en 2007 qu’il y avait un déficit d’informations sur le mécénat de compétences lorsqu’il rencontrait des chefs d’entreprise dans le cadre de son agence en communication Humaneo (communication sociale et recrutement). Il m'a donné une interview. Il a donc construit une plateforme, qui permet aux associations et aux entreprises de se rencontrer, les unes ayant des besoins spécifiques (comptabilité, informatique, télécom, …), qu’elles n’ont pas les moyens d’intégrer, les autres, ayant des ressources humaines et des expertises up-to-date. Deux mondes qui se découvrent peu à peu. Lancée en septembre 2009, Koeo.net recense environ 2.500 associations réparties sur l’ensemble du territoire, représentant un spectre très large du secteur associatif (santé, éducation, culture, patrimoine, solidarité, …). Mais, Koeo s’inscrit dans un mouvement plus large et vient d’initier un partenariat prometteur avec Planète Urgence, Microdon et Mailforgood, qui vise à promouvoir des actions concrètes : RSE, quête de sens, entreprise citoyenne, solidarité, mobilisation des collaborateurs, partenariats avec le monde associatif.... Quels sont les bénéfices attendus du Mécénat de compétences ? JMP : Tout d’abord, c’est la découverte d’un projet d’intérêt général, par définition différent de l’objectif de seule rentabilité lié à l’essence même du monde économique : c’est donc l’occasion d’accroître concrètement son sentiment d’utilité par rapport à l’ensemble de la Société Civile. De plus, en s’intégrant dans un nouvel environnement structurellement moins « figé » que l’entreprise, le salarié accroît ses facultés d’adaptabilité, d’autonomie et de réactivité. Enfin, et de nombreuses études anglo-saxonnes le démontrent, c’est pour lui une étape qui lui permet de revenir dans l’entreprise plus motivé et moins stressé, un certain recul s’étant opéré par rapport à la gestion des soucis professionnels quotidiens. Mais au delà du bénéfice « solidaire » qu’il constitue pour l’association bénéficiaire, en lui permettant d’adopter des méthodologies professionnelles déjà validées en entreprise, le mécénat de compétences constitue un outil très intéressant pour les DRH : redéploiement de compétences senior et organisation d’une transition alternative vers la retraite (on peut éviter le syndrome de «placardisation»), réponse à la quête de sens de la Génération Y (pour attirer notamment de nouveaux talents et… les garder), sous-employabilité ponctuelle (les inter-contrats dans les SSII ou les cabinets de consulting, qui peuvent éviter le sentiment de désœuvrement). Cette forme de mécénat s’intègre également bien dans les problématiques de gestion des compétences, telle la VAE (Valorisation des Acquis de l´Expérience). Qui milite en France pour faire avancer les choses ? JMP : L’Etat a mis en place une fiscalité avantageuse au travers de la Loi Aillagon, même s’il elle n’est pas très incitative pour les PME/TPE. Mais l’argument fiscal n’est de toute façon pas le moteur dans ce dispositif : il y a encore un travail de sensibilisation auprès des entreprises pour leur expliquer que cette forme de mécénat est beaucoup plus pertinente par rapport aux nouveaux de RSE et de RH que le mécénat financier classique qui reste souvent «passif» : le mécénat de compétences est avant tout un mécénat «participatif». D’autres initiatives « cousines » existent comme Passerelles et Compétences avec le bénévolat de compétences (don de savoir-faire sur le temps privé du collaborateur, et non sur le temps de travail comme le mécénat de compétences), et des acteurs institutionnels comme l’Admical militent depuis longtemps pour promouvoir le mécénat de compétences auprès des entreprises : il y a donc un vaste gisement à explorer, tant au niveau des grands groupes que des petites entreprises. Dans le premier cas, la mise en place est naturellement longue, compte tenu de structures complexes, dans le second cas, c’est souvent la décision d’un fondateur/manager qui entraîne rapidement l’adhésion de ses équipes. Pourquoi les Etats-Unis sont-ils en avance ? JMP : C’est culturel. Certaines firmes anglo-saxonnes comme les lawyers imposent à leur personnel de consacrer 20% de leur temps à des activités d’intérêt général, qu’elles qualifient de pro bono. Mais, c’est aussi le cas en France dans certaines entreprises visionnaires comme Enea Consulting par exemple, qui a adopté cette disposition pour chaque collaborateur. Cette société de conseil spécialisée dans l'énergie et le développement durable développe ainsi des collaborations très fructueuses avec le monde de la recherche, dans l’énergie. Néanmoins, ces pratiques ne sont pas généralisées. Quelle est votre cible ? JMP : Les entreprises souhaitant associer leurs collaborateurs à une ouverture concrète vers le monde associatif, et qui ont besoin de trouver un outil d’identification de partenaires associatifs potentiels ainsi qu’une expertise d’accompagnement pour valider les différentes étapes à respecter (préparation amont de l’intégration des salariés, journées découvertes, speed-dating in situ, validation et adéquation des missions, encadrement juridique des missions, suivi des missions, bilans, valorisation fiscale, outils de communication dédiés, …). Elles trouvent sur Koeo.net une large boite à outils pour intervenir dans le tiers secteur soit au plan régional, soit autour d’une thématique précise, soit dans une association où le salarié est déjà bénévole. Nous avons aujourd’hui 75% de PME/TPE, à côté d’entreprises typées « grand comptes » comme SFR qui a été l’une des premières à faire appel à nos services, et nous pensons que l’aspect «mécénat local» du mécénat de compétences va durablement s’inscrire dans le paysage. Le potentiel reste considérable, puisque l’Admical, institution qui représente le mécénat en France, estime à seulement 35.000 le nombre d’entreprises mécènes en France, essentiellement au travers d’un mécénat « classique », de type financier. Quelles sont les bonnes recettes pour réussir ? JMP : Le principal frein à l’essor à cette expression de solidarité reste tout simplement l’ignorance de cet dispositif, aussi bien au niveau du monde associatif que celui de l’entreprise. Une fois que cette mécanique est connu, elle suscite un enthousiasme naturel, qui doit être accompagné d’une réelle méthodologie et d’étapes incontournables : accompagner l’association à bien formuler sa demande, avec un œil « RH », préparer le collaborateur à intégrer un univers différent du monde de l’entreprise (des rythmes décisionnels souvent plus longs, une hiérarchie généralement moins marquée donc moins identifiable), désigner 2 «référents», un dans l’association bénéficiaire, un dans l’entreprise, pour servir de point d’ancrage au salarié missionné en cas de questions ou problèmes, déployer les outils de suivi et de bilan de mission. en place. Et, il faut aussi une certaine organisation, comme un planning rigoureux de l’emploi du temps. Par ailleurs, le déploiement du mécénat de compétences se révèlera anti-productif dans une entreprise où les fondamentaux sociaux ne sont pas respectés (climat social, politique de rémunération, …). Il risque alors d’apparaître comme du Social Washing, et à juste titre. Enfin, nous conseillons les entreprises qui nous rejoignent pour qu’elles évitent également de trop s’accaparer le dispositif en terme de communication corporate, mais au contraire le laisser au maximum aux mains des salariés. Comment voyez-vous l’avenir ? JMP : Nous ne sommes qu’au début d’une prise de conscience mutuelle entre le tiers secteur associatif et le monde économique marchand : les échanges et partages potentiels entre les 2 sont réels et ne sont pas restreints à la seule solidarité. Il y a véritablement des synergies d’expertises à mettre en place, au niveau local comme national ; l’avenir est donc très prometteur dans ce sens, dans la mesure où chacun y trouve naturellement son compte. Deuxième élément positif, Koeo présente un modèle entre l’ESS et l’entreprise techno, et son activité s’intègre dans une mouvance plus large, où la technologie est porteuse de solutions positives. Koeo.net a d’ailleurs initié un portail, solutions-rse.net, qui regroupe d’autres initiatives complémentaires dédiées à la RSE. Nous ont rejoint Microdon, Planète Urgence et Mail for Good.. Enfin, la visibilité croissante des thématiques de responsabilité sociale, portée par les acteurs de la RSE, le fait que l’on sente toutes et tous qu’il faut maintenant faire évoluer la Société par une addition de petites initiatives concrètes, la crise est là pour le rappeler, va donner une dynamique pérenne au mécénat de compétences. Pour aller plus loin : http://www.koeo.net/ Le Blog : "Ouvrons les portes" : Le blog du mécénat de compétences. http://www.koeo-blog.net/ Le micro-portail Solutions-RSE est le fruit de la réflexion commune de 4 acteurs indépendants: A l'heure où les entreprises doivent répondre de façon pragmatique aux nouveaux enjeux de la RSE, ainsi qu'aux demandes de plus en plus clairement exprimées par leurs collaborateurs (quête de sens, accomplissement personnel dans la sphère professionnelle), Solutions-RSE.net apporte aujourd'hui un éclairage concret sur de nouveaux dispositifs de solidarité, directement opérationnels, et prêts à être implémentés dans l'entreprise. Solutions-RSE.net se veut simple, pédagogique et pratique. Il offre un éventail de propositions d'actions aussi bien aux managers qu'aux salariés, pour concrétiser leur volonté commune d'engagement solidaire auprès d'un secteur associatif en recherche constante de ressources alternatives. Avec le mécénat de compétences, le micro-don sur salaire, l'email d'abondement et le Congé Solidaire, le portail présente une offre graduée de solutions déjà mises en place dans des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, illustrant ainsi l'émergence réelle de bonnes pratiques "de terrain" entre les différents acteurs de la société civile, et plus particulièrement entre le monde économique marchand et l'univers associatif non-marchand. http://www.solutions-rse.net/ Une autre initiative : Mecenova, un site conçu par IMS-Entreprendre pour la Cité, en lien avec de nombreux partenaires pour faciliter la rencontre entre entreprises mécènes et associations. http://www.mecenova.org/ Par ailleurs sur ce blog: Mail for Good :La technologie met la solidarité à portée de clic http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/06/la-technologie-met-la-solidarite-portee.html Deloitte communique sur le mécénat de compétence http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/01/deloitte-communique-sur-le-mecenat-de.html Succès du partenariat M&S /Oxfam UK dans le recyclage des vêtements http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/09/succes-du-partenariat-m-oxfam-uk-dans.html

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