jeudi 27 mars 2025

La Nuit de la Solidarité prend de l’ampleur


La Nuit de la Solidarité, organisée depuis 2018 par la Ville de Paris, permet de mieux connaitre les profils et besoins des personnes sans abri afin de calibrer les politiques publiques pour y répondre. D’autres villes ont rejoint cette initiative depuis lors. Cette année, en janvier dernier, 3.507 personnes sans solution d’hébergement ont été recensées à Paris, 785 dans 30 communes de la métropole du Grand Paris, et près de 400 à Bordeaux 

Dans la Ville Lumière, la Nuit de la Solidarité mobilise chaque année plus de 1.500 bénévoles et 500 professionnels, et associe une trentaine de partenaires institutionnels et associatifs. 

Quels impacts ? 

  • Lors de la première Nuit de la Solidarité à Paris, on a découvert que 12 % des personnes rencontrées étaient des femmes, soit six fois plus que les estimations de l’INSEE (qui dataient de 2012). C’est pourquoi, selon son site web, la ville s’est adaptée à cette réalité, en donnant le jour à des structures et dispositifs dédiés. 
  • Pour Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, si la situation s’est améliorée en 2025, elle reste préoccupante : « Nos efforts conjugués peuvent porter leurs fruits, nous le voyons. Il nous faut les poursuivre et les amplifier. La Ville de Bordeaux sera aux côtés de la Préfecture, du Département et des associations pour continuer à ouvrir de nouvelles places d'hébergement et mener des expérimentations adaptées aux besoins des plus vulnérables". Les données recueillies lors de la Nuit de la Solidarité seront suivies et partagées dans le cadre d’une collaboration pilotée par le Centre communal d'action sociale (CCAS) de la Ville de Bordeaux. Elles contribueront ainsi à enrichir les politiques publiques et les initiatives mises en place pour répondre aux besoins sociaux du territoire, en concertation avec tous les acteurs du schéma Bordeaux Terre de Solidarités. 
  • Lors de sa troisième édition, la Ville de Lyon et le CCAS ont proposé une soirée de sensibilisation citoyenne à la lutte contre le sans-abrisme. Contenu : Table ronde, Atelier des solidarités, balade urbaine, maraude... en lien avec les associations partenaires, une occasion de découvrir le tissu local de l’action sociale et à déconstruire préjugés et idées reçues. 
 Des solutions complexes 

Derrière les chiffres se posent la question de la dignité humaine et des moyens financiers et humains pour y répondre. 

A Tours, un budget supplémentaire a été débloqué par le nouveau Préfet d'Indre-et-Loire pour loger les familles sans toit jusqu’au 1er avril. Le fonctionnement du 115, le numéro d’urgence sociale, est bien décrit dans la vidéo.

  

En effet, les villes sont souvent dépassées par l’ampleur des besoins. Les services sociaux font parfois un tri en fonction de la vulnérabilité des personnes. Et, elles se voient même contraintes d’ouvrir de plus en plus souvent des gymnases, des écoles ou des théâtres, autant de lieux non adaptés à l’accueil de la population. 

Sans compter que les riverains s’opposent parfois aux projets de création de centres d’accueil. 

Une responsabilité de l’Etat

Le Conseil d'État a rappelé en 2016 qu'en vertu du code de l'action sociale et des familles, c'est l'État qui a la charge d'assurer à toute personne sans-abri et en situation de détresse médicale, psychique ou sociale un hébergement d'urgence. 

Les villes dénoncent les carences de l'Etat dans le système national d'hébergement d'urgence. Las d’obtenir une réponse, Strasbourg, Rennes, Bordeaux, Paris, Grenoble et Lyon ont déposé en février 2024 des recours pour que l’Etat assume « enfin » ses obligations. 

Dans sa décision datée de mardi dernier, le tribunal administratif de Grenoble a ordonné à l'État de verser 76.802 euros au  CCAS de Grenoble, ainsi qu'une somme supplémentaire de 1.500 euros au titre des frais de justice. 

Cette indemnisation concerne les frais d’hébergement à l’hôtel d’une mère et de ses cinq enfants de mai 2022 à août 2024. Les plaignants soutenaient que cette famille aurait dû être prise en charge par le dispositif d’accueil d’urgence, relevant de la responsabilité de l’État, mais qu’aucune solution ne lui avait été proposée. Le tribunal a jugé que le CCAS était en droit de demander le remboursement de ces dépenses par l’État. 

Une décision qui pourrait faire jurisprudence en raison du nombre de demandes non pourvues au 115 ?

Le sujet est sur toute les lèvres : la Ville de Paris vient de demander aujourd'hui à l'Etat le remboursement de près de 7 millions d'euros correspondant aux frais d'hébergement de 1.200 jeunes en 2024.

Pour aller plus loin

Localtis. Nuit de la Solidarité 2025 : un nombre de sans-abri qui inquiète

https://www.banquedesterritoires.fr/nuit-de-la-solidarite-2025-un-nombre-de-sans-abri-qui-inquiete 

Les chiffres de l’Observatoire des inégalités 

https://www.inegalites.fr/hebergement-urgence-et-a-la-rue 

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