C’est ce qui résulte de la 10ème édition du Rapport de l’Australian Centre for Corporate Social Responsibility (ACCSR) baptisé « The State of Corporate Social Responsibility in Australia and New Zealand Annual Review ». Cette étude note un décalage entre la prise de conscience de la RSE et la lenteur de la mise en place d’outils d’implémentation.
Sont pointées du doigt trois causes :
- une absence de volonté politique,
- un déficit de leadership chez les chefs d’entreprise, qui proviendrait notamment d’un manque d’innovation dans leur manière de penser.
- et une mauvaise intégration de ces questions dans le cursus académique.
Les personnes interviewées dans l’enquête estiment que la société civile exige plus de responsabilité, non seulement de la part des entreprises, mais aussi de l’Etat.
L’Etat australien mis à l’index
Il est vrai que le gouvernement australien a un comportement surprenant. Dernièrement, il n’a pas hésité à demander le déclassement en Tasmanie de 74.000 hectares de forêts protégées par le statut de patrimoine mondial. Au total les forêts de Tasmanie s’étendent sur 1,4 million d’hectares et avaient été classées au patrimoine mondial en 1982. Ce serait la première fois qu’une telle demande était déposée par un pays industrialisé.
Réuni en à Doha le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco s’est opposé à cette demande. L’institution internationale a demandé aux autorités australiennes de constituer un rapport sur l’environnement et notamment l’état des barrières de corail si elles ne voulaient pas que l’Australie apparaisse sur la liste du patrimoine mondial en péril de 2015. Le gouvernement australien a déclaré se ranger à cette décision.
Pour l’opposition australienne, il s’agit d’une « humiliation diplomatique mondiale », en particulier pour Tony Abbott, le Premier ministre, membre du Parti libéral, qui soutient l’industrie du bois.
Lobbying
Le rapport de l’ACCSR critique également le lobbying anti-environnemental. Certains plaident même pour que les entreprises poussent le gouvernement à adopter une politique fiscale adaptée aux enjeux.
La transparence devrait aussi permettre selon eux de savoir combien l’Etat touche de l’exploitation des gigantesques ressources naturelles (Extractive Industries Transparency Initiative).
Le Dr Leeora Black, fondatrice du centre de recherche, discerne des axes de progrès:
- la chaîne d’approvisionnement,
- le souci environnemental et climatique,
- le reporting
- et la collaboration avec les parties prenantes sur des sujets d’intérêt général.
Oxfam dresse des pistes Daisy Gardener, conseillère Corporate Accountability et Fair Trade chez Oxfam, déplore un gap entre la rhétorique et la pratique dans le monde des affaires australien.
Oxfam mentionne des pistes de réflexion pour les entreprises australiennes:
- Mieux connaître les conditions de travail des ouvriers du textile pour les produits importés du Bangladesh,
- Une plus grande transparence dans l’industrie extractive Extractive Industries Transparency Initiative (EITI),
- La demande des consommateurs d’un meilleur sourcing pour la nourriture et les boissons.
« Nous espérons constater à l’avenir une meilleure transparence des entreprises dans la conduite de leurs affaires, qui montreraient que les codes de conduite ne sont pas seulement un bout de papier, mais qu’ils sont appliqués en collaboration avec les organisations issues de la société civile australiennes »
Néanmoins, tout n’est pas noir, loin de là.
En effet, de plus en plus d’entreprises australiennes adhèrent au Global Compact Network.
En outre, l’Australie connaît aussi de bons élèves : dans l’indice Euronext Vigeo World 120, les entreprises australiennes sont relativement bien placées notamment par rapport à l’Allemagne ou aux Etats-Unis .
L’indice Euronext Vigeo comprend notamment plusieurs établissements financiers comme la National Australia Bank et la Westpac Banking Corp.
Si le leadership est essentiel, l’ACCSR croit également à l’exemplarité.
Dans un but sans doute de montrer la voie, elle a dressé une liste de 10 organisations en avance, citées ici en ordre alphabétique : ABC (chaine de télévision), ARUP (société de conseil), GHD (services aux entreprises), Main Roads Western Australia (agence étatique dans les infrastructures), Melbourne Water, National Australia Bank, Newmont Mining Corporation, PwC Australia, Rio Tinto et l’Université du Queensland.
Pour aller plus loin :
le rapport de l’ACCSR
RSE : L’Allemagne et les Etats-Unis accusent un sérieux retard par rapport à l’Australie ou la France http://ong-entreprise.blogspot.fr/search?q=australie
Vidéo de Rio Tinto en anglais
Des solutions climatiques vues d’ailleurs. Guillaume Prudent. Février 2010
http://www.duralpes.com/des-solutions-climatiques-vues-d%E2%80%99ailleurs-laustralie/
Green et Vert : le mauvais rapport du WWF sur l’Australie. Octobre 2010
http://www.greenetvert.fr/2010/10/31/mauvaise-eleve-du-developpement-durable/9965
Robert James "Bob" Brown (born 27 December 1944) is an Australian former politician, medical doctor, environmentalist, former Senator and former Parliamentary Leader of the Australian Greens. http://en.wikipedia.org/wiki/Bob_Brown
1 commentaire:
EELV salue la décision de Ségolène Royal
Après l’Allemagne et le Danemark c’est au tour de la France par la voix de Ségolène Royal de signifier l’interdiction au groupe australien Orica d’exporter ses 15.000 tonnes de déchets chimiques en France et plus particulièrement en Isère. L’hexachlorobenzéne est en effet un produit hautement toxique pour l’homme et l’environnement.
Il est en effet important que les déchets soient traités au plus près des sites de production. Dans le cas présent, la raison invoquée par l’entreprise d’absence de structures à même de traiter ce type de déchets et cette quantité apparaît dérisoire quand on sait que le pays d’origine est l’Australie qui possède l’ensemble des technologies et les capacités d’investissement suffisantes pour régler cette question du traitement.
La France ne peut pas être un lieu de traitement de déchets industriels d’autres pays, elle ne peut pas davantage exporter ses propres déchets et faire courir le risque de pollutions marines internationales au nom du même principe de traitement de proximité.
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