La TCFD propose aux entreprises un cadre de reporting volontaire pour communiquer sur leurs risques et opportunités liés au climat, dans une approche de matérialité financière.
Elle est composée de 32 membres issus du secteur financier et non-financier. En font notamment partie des groupes privés, des entreprises d’audit et de consulting ou encore des agences de notation.
Cette initiative est partie du constat qu’il manquait à l’époque de données fiables sur le climat dans le reporting des entreprises. Cette carence ne permettait pas d’investir ou de financer correctement l’économie bas carbone. Et, l’idée était aussi que la cartographie des risques liés au climat permette aux investisseurs d’éviter de s’exposer à des ajustements violents.
Les recommandations de la TCFD visent plusieurs objectifs :
- augmenter la transparence entre entreprises et investisseurs afin de réduire les risques d’investissement,
- réussir à conjuguer la rapidité des décisions financières avec le temps long des conséquences du changement climatique.
- la gouvernance
- la stratégie
- la gestion des risques
- les indicateurs et les objectifs
Concernant la stratégie, les entreprises doivent répondre à certaines questions dans une optique prospective.
- Quels sont les impacts réels et potentiels des risques et opportunités liés au climat sur la stratégie d’entreprise et sur la planification financière ?
- Quelle est la résilience de la stratégie d’entreprise en fonction de divers scénarios climatiques, incluant le scénario 2°C ?
- soit directement à travers des risques physiques comme les cyclones ou les sécheresses, phénomènes dont l’intensité et la fréquence croissantes sont liées au dérèglement climatique.
- soit à travers des risques de transition liés au respect d’une trajectoire 2°C (durcissement des normes réglementaires, changement de modes de vie, etc.)
La mesure des risques peut conduire certaines entreprises à pivoter, afin de ne pas subir les changements mis en exergue.
Voici un graphique qui présente la situation de PSA en 2020.
Des scénarios bien encadrés
Pour la Task Force on Climate-related Financial Disclosures, les scénarios doivent répondre à cinq exigences :
- Être plausibles : Les événements qui sont mis en avant doivent être crédibles, ainsi que la manière dont ils surviennent.
- Être différenciés : Chaque scenario doit reposer sur une combinaison de plusieurs facteurs. • Tous les scenarios sont uniques. Il ne s’agit pas d’une variation d’un même thème.
- Être cohérents : Ils doivent avoir une logique interne.
- Être pertinents : Chaque scenario doit comprendre des insights spécifiques sur les conséquences qui en découlent sur la stratégie de l’entreprise, sur ses résultats, sans oublier de mentionner les opportunités éventuelles.
- Porter un défi : Les scenarios concernant l’avenir doivent challenger ce qui est habituellement considéré comme acquis. Considérant les principales causes d’incertitudes, les scénarios devraient essayer d’explorer des alternatives qui remettent en cause les hypothèses qui fondent le business-as-usual.
- Les tendances macro-économiques,
- Les prévisions de mix-énergétiques,
- Les évolutions potentielles de la réglementation,
- L’impact de l’apparition de nouvelles technologies sur l’activité,
- La prise en compte de la résilience.
Si les recommandations du référentiel TCFD s’adressent aux entreprises dont les revenus sont supérieurs à 1 milliard de dollars, l’un des atouts est le fait qu’il réponde à tous les cas de figure.
- Aux secteurs financiers et non financiers.
- Aux gestionnaires et propriétaires d’actifs.
- Des recommandations sectorielles sont également disponibles.
- par plus de 2.600 organisations dans 89 pays, dans tous les domaines d’activité.
- dont plus de 1.000 institutions financières représentant 194 trillions de dollars d’actifs sous gestion.
- la capitalisation cumulée de ses « supporters » représente plus de 25 trillions de dollars, soit un doublement en un an.
Une vidéo sur YouTube mise en ligne en mars dernier reprend tous ces points.
Il s’agit d’une intervention d'Anne-Sophie Chelbaya, gérante de fonds d’investissement, qui présente la stratégie climat et la gestion des risques climatique du Groupe Danone.
L’exemple de Total
Le groupe pétrolier, engagé dans sa transition, vise la neutralité carbone (zéro émission nette) d’ici à 2050.
Dans son Document d’Enregistrement Universel 2020, des scénarios sont dessinés qui décrivent les risques et les opportunités liés au changement climatique, une approche fidèle au reporting TCFD.
Total indique clairement que « les progrès technologiques et la substitution des usages vers des énergies moins carbonées pourraient entraîner une stagnation, puis une baisse, de la demande de pétrole dans la prochaine décennie. »
Pour satisfaire la demande en pétrole, le Groupe se concentre sur les projets pétroliers ayant les points morts les plus bas.
Pour les identifier, « le Groupe a intégré, dans les évaluations économiques de ses investissements soumises au Comité exécutif, un scénario de prix du pétrole et du gaz à long terme compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, utilisant une trajectoire de prix qui converge vers le Scénario Développement Durable (SDS) de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et y incorpore, un prix long terme du CO2 de 40 $/t et une analyse de sensibilité à 100 $/t de CO2 à partir de 2030. »
Dans ce scénario, certains actifs du groupe ne seront bientôt plus rentables (stranded assets). Une opération de vérité l’a donc conduit à passer une dépréciation d’actifs à hauteur d’environ 8 Mds$ au titre de 2020.
Parmi les opportunités citées par le Groupe de la Défense, certains secteurs comme le ciment ou l’acier pourraient peiner à réduire leurs émissions de GES. Ils devront recourir à des technologies de captage, stockage et valorisation de CO2. A ce titre, Total prévoit d’accélérer le développement du CCUS (Carbon Capture, Utilization, and Storage).
Un rapport climat basé sur des hypothèses raisonnables
Le groupe énergétique juge utile de prendre certaines précautions à la fin de son DEU 2020, page 537.
Il précise que « ce document peut contenir des déclarations prospectives (forwardlooking statements au sens du Private Securities Litigation Reform Act de 1995), concernant notamment la situation financière, les résultats d’opérations, les activités et sa stratégie industrielle.
Ce document, disponible en ligne, peut notamment contenir des indications sur les perspectives, objectifs, axes de progrès et ambitions du Groupe y compris en matière climatique et de neutralité carbone.
Total indique qu’ «une ambition exprime une volonté du Groupe étant précisé que les moyens à mettre en œuvre ne dépendent pas que de Total. Ces déclarations prospectives peuvent être généralement identifiées par l’utilisation du futur, du conditionnel ou de termes à caractère prospectif tels que « envisager », « avoir l’intention », « anticiper », « croire », « estimer », « planifier », « prévoir », « penser », « avoir pour objectif », « avoir pour ambition » ou terminologie similaire. »
Et de conclure que les déclarations prospectives qui y figurent «sont fondées sur des données, hypothèses économiques et estimations formulées dans un contexte économique, concurrentiel et réglementaire donné et considérées comme raisonnables par le Groupe » à sa date d’édition.
Pour aller plus loin :
AMF (2020/12)
L’Autorité des Marchés Financiers a évalué la mise en œuvre du référentiel de reporting TCFD sur un échantillon d’acteurs financiers français. Cette étude analyse les difficultés rencontrées pour répondre à ses objectifs.
Carenews.(2021/11) sur le CSRD
Un article de Maud Gaudry, Global Co-Head of Sustainability chez Mazars.
“La Corporate Sustainability Reporting Directive : vers une transition responsable et proactive »
https://www.carenews.com/mazars/news/la-corporate-sustainability-reporting-directive-vers-une-transition-responsable-et
The use of scenario analysis in disclosure of Climate-related Risks and Opportunities
https://www.tcfdhub.org/scenario-analysis/
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