vendredi 17 septembre 2021

Podcast : notre consommation d’électricité devrait croître de 30% d’ici 2050


Afin de lutter contre le réchauffement climatique et se mettre en ligne avec les Accords de Paris, la France a inscrit dans la loi un objectif de « neutralité carbone » d’ici 2050. 

La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone, comme les forêts. 
Pour atteindre des émissions nettes nulles, toutes les émissions de gaz à effet de serre devront ainsi être compensées par la séquestration du carbone. 

Pour la France, cela suppose à l’horizon 2050 une division par 6 des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Cela signifie l’arrêt progressif du recours à des sources d’énergie carbonées pour les remplacer par d’autres non émettrices de CO2 comme les EnR. 

Dans ce contexte, la consommation d’électricité en France devrait progresser à la faveur de certaines mutations majeures comme 

  • les mobilités douces (voiture électrique), 
  • une disparition du chauffage au fuel domestique. Le parc immobilier passerait de 40% des logements chauffés à l’électricité aujourd’hui à 50% en 2030 et 70% en 2050, et il serait largement rénové dans les 30 prochaines années. 
  • ou encore de nouveaux modes de fabrication dans l’industrie. 
De la prospective pour éclairer nos choix

Pour RTE, le gestionnaire de réseau de transport français responsable du réseau public de transport d'électricité haute tension en France métropolitaine, le chemin vers la neutralité carbone n’est pas une utopie. II va dépendre de nombreux facteurs, comme les évolutions technologiques, mais aussi la manière dont la société va réagir à ce changement de paradigme. 

Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge de la stratégie, de la prospective et de l'évaluation de RTE, et son équipe ont dessiné 6 scénarios en ce qui concerne la production d’électricité en France. 

  • 3 scénarios avec un mix énergétique à 50/50 entre nucléaire et EnR. 
  • 3 scenarios avec 100% d’énergies renouvelables 
En 2050, de nombreuses installations en cours de service aujourd’hui, y compris des éoliennes, seront obsolètes. Il faut donc anticiper la suite.

Ce qu'il confirme dans ce podcast.
   
 D’autres facteurs peuvent infléchir la tendance comme : 

  • La part des Français optant pour un mode de vie sobre. 
  • La possibilité d’une réindustrialisation du territoire, après des décennies de fermetures d’usines. Cette question est revenue dans le débat public à l’occasion de la pandémie de Covid-19. 
Une rupture de tendance 

La consommation d’électricité en France stagne depuis plusieurs années : 

  • Nous bénéficions de gains d’efficacité énergétique. Un exemple parmi d’autres, le succès des PC qui ont remplacé massivement les postes fixes : un ordinateur portable de milieu de gamme allumé 6 heures par jour consomme 600 kWh/an contre 1300 kWh/an pour un poste fixe de même catégorie. 
  • Une autre cause moins glorieuse de cette stagnation est la désindustrialisation de l’économie française. En effet, les services sont de quatre à cinq fois moins consommateurs d'électricité que le secteur industriel à niveau de production équivalent. 

 Actuellement, la France consomme environ 480 TWh d’électricité par an, même si ce chiffre a baissé sensiblement avec les confinements en 2020. 

Selon RTE, ce chiffre devrait bondir de 30% d’ici 2050, du fait du moindre recours aux énergies fossiles. 

 Avec une estimation de 645 TWh, avec néanmoins un scénario bas et un scénario haut : 

  • 550 TWh, si une part importante des Français font le choix de la sobriété 
  • 750 TWh, si de nouvelles usines sont construites sur le territoire. 

D’autres sources d’énergies pourraient aussi être mobilisées pour répondre aux enjeux, comme la bioénergie, les réseaux de chaleur, le biogaz, l’hydrogène bas carbone et le méthane de synthèse. 

Un vaste travail de concertation 

RTE effectue un travail de prospective. l'entreprise fournit des données fiables qui doivent faciliter en amont la prise de décision, qui revient au final aux hommes politiques. 

Humble, Thomas Veyrenc reconnaît que ces travaux reposent sur de nombreuses hypothèses et devront être réactualisées régulièrement. La question du transport aérien fait ainsi partie des inconnues. 

De nombreuses autres parties prenantes, dont les ONG, ont participé à l’élaboration de ces prévisions, en posant des questions à RTE dans le cadre de la consultation « Futurs énergétiques 2050 ». 

Elles sont directement concernées compte tenu de l’impact des choix énergétiques sur le climat et sur notre vie quotidienne. 

Pour aller plus loin : 

La synthèse de RTE sur le mix énergétique 

NégaWatt prône la sobriété 

L’association négaWatt veut réussir la transition énergétique. Elle s’attache à agir en priorité sur la réduction de nos consommations d’énergie, pilier de sa démarche sobriété, efficacité et renouvelables. Elle présentera son scénario 2050 le 26 octobre prochain. 

Le Labo de l'économie sociale et solidaire lance son podcast (2021) 

Schneider Electric entreprend une démarche originale pour une croissance durable (2010) 
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/04/schneider-electric-entreprend-une.html 

Graphique : la consommation d’électricité dans le monde ne ralentit pas. Attention l’échelle chronologique est trompeuse sur les premières décennies. 




En 2018, 10 pays représentaient près de 70 % de la consommation totale d’électricité mondiale. 

Plus de la moitié de la demande provient à eux-seuls de la Chine (600 TWh), des États-Unis (400 TWh) et de l’Inde (100 TWh). 

Dans le monde, près d’une personne sur sept n’a pas accès à l’électricité.

1 commentaire:

Herrick du Halgouët a dit…

Selon Harris Interactive, 22% des Français souhaiteraient conserver l’équilibre actuel sans rien changer, 62% appellent de leurs vœux une réduction du recours à cette énergie. Dans le détail, ils sont près de la moitié à se positionner pour une réduction de la part du nucléaire sans pour autant en sortir (46%), tandis que 16% souhaitent en sortir rapidement (c’est notamment le cas de 39% des sympathisants LFI/PCF et 22% des proches d’EELV, contre 72% des sympathisants écologistes se prononçant en faveur d’une réduction sans sortie définitive). Enfin, 16% des Français se prononcent plutôt en faveur d’un développement du nucléaire, notamment via la construction de nouveaux réacteurs, une opinion davantage présente parmi les sympathisants LR (37%).

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