L’Europe accuse un retard notable dans sa lutte contre la pollution de l’air. C’est pourquoi les 27 États membres ont entériné début 2024 des limites plus strictes pour plusieurs polluants d’ici 2030, une étape clé vers l’objectif ultime de « zéro pollution » fixé pour 2050. Cependant, certaines villes sont plus vulnérables que d’autres.
Les conséquences alarmantes de la pollution de l'air
Chaque année, la pollution atmosphérique, en particulier l’exposition aux particules fines, entraîne plus de 300 000 décès prématurés en Europe, dont plus de 40 000 en France.
Elle est également responsable de nombreuses pathologies graves : infarctus, accidents vasculaires cérébraux (AVC), cancers du poumon, asthme, retards de croissance, entre autres.
Le coût de cette pollution pour les systèmes de santé européens est estimé à plus de 120 milliards d’euros par an.
Les enfants touchés de plein fouet
En janvier 2024, la Drees a publié une étude soulignant l’impact de la pollution sur les jeunes enfants.
En France métropolitaine, ce sont les jeunes enfants vivant dans les ménages les plus aisés en centre veille et dans les ménages les plus modestes, en périphérie, qui sont les plus exposés à la pollution de l’air due aux particules fines de moins de 2,5 micromètres.
Les conséquences incluent une fragilité accrue à la naissance, des hospitalisations fréquentes pour asthme ou bronchiolite, et une utilisation plus importante de soins respiratoires durant leur première année de vie.
De nouvelles mesures pour 2030
Un plan d’action a été adopté, articulé autour de plusieurs étapes :
- Des limites renforcées pour plusieurs polluants :
- o Pour les particules fines (PM2,5), la limite annuelle passera de 25 µg/m³ à 10 µg/m³.
- o Pour le dioxyde d’azote (NO₂), elle sera réduite de 40 µg/m³ à 20 µg/m³.
- Feuilles de route nationales : Les États devront présenter d’ici 2028 des plans détaillés pour atteindre ces objectifs.
- Révisions régulières des normes : Elles seront ajustées d’ici 2030, puis tous les cinq ans en fonction des avancées scientifiques.
- Délais possibles jusqu’à 2040 : Les États pourront demander une extension si des circonstances spécifiques, comme le remplacement massif de systèmes de chauffage ou des contraintes géographiques, le justifient.
Les citoyens affectés par la pollution atmosphérique pourront saisir les tribunaux et demander des indemnisations.
En novembre 2023, le Conseil d’État a condamné la France à verser 10 millions d’euros pour le non-respect des seuils de dioxyde d’azote dans les agglomérations de Paris et Lyon.
L'astreinte sera répartie entre l'association Les Amis de la Terre, qui a saisi initialement le Conseil d'Etat en 2017, et plusieurs organismes et associations engagés dans la lutte contre la pollution de l'air.
Un défi pour les États membres
De nombreux pays peinent à respecter les normes actuelles. En 2019, la France a été condamnée pour le dépassement systématique des limites de NO₂ dans plusieurs villes. En 2024, elle a de nouveau été mise en demeure pour des violations similaires à Paris, Lyon, Strasbourg et Marseille-Aix.
Haro sur les voitures les plus polluantes
Des solutions sont recherchées afin de remédier à tous ces maux.
Ainsi, les zones à faibles émissions mobilité (ZFE) sont des territoires dans lesquels la circulation de certains véhicules peut être restreinte afin de réduire la pollution de l'air.
Les véhicules y circulant doivent disposer d'une vignette Crit'Air attestant qu'ils ont l'autorisation de circuler.
Ce dispositif, qui exclue les propriétaires de voitures anciennes les plus polluantes, fait actuellement l’objet d’une vive contestation. Elle est accusée d’interdire les centres-villes aux populations motorisées les moins aisées.
Ce mouvement pacifique, appelé les Gueux et mené par l’écrivain Alexandre Jardin, appelle les citoyens des agglomérations concernées à écrire aux maires afin de faire pression.
Pour aller plus loin :
Les polluants de l’air : situation, impacts et encadrement
1 commentaire:
Pour Santé publique France, face à la pollution, l’un des premiers leviers d’action reste la baisse du trafic routier, mais il faut aussi s’attaquer à toutes les sources de pollution comme le chauffage au bois, les pratiques agricoles (en particulier les épandages) et les activités industrielles.
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