dimanche 11 avril 2010

Le Medef a mis depuis 5 ans l’accent sur le sociétal


Aux universités d’été d’août 2005 au campus HEC à Jouy-en-Josas, Laurence Parisot, Présidente du Medef depuis juillet, a émis le vœu, de « réenchanter le monde » en poussant les entrepreneurs à dialoguer avec la société civile.

Pour l’organisation patronale, qui s’était déjà exprimée sur le sujet en février 2005 lors d’une réunion de presse « Les ONG sont donc devenues des acteurs incontournables de la vie économique et peuvent jouer un rôle extrêmement positif vis-à-vis des entreprises en les incitant à améliorer leurs performances. Ce constat doit conduire les entreprises à nouer des relations avec ces organisations, ce que beaucoup d’entre elles ont déjà fait, tout en étant conscientes qu’il s’agit là d’un univers extrêmement divers qui a ses propres codes et ses propres réseaux et dont les différentes parties ne satisfont pas toujours aux règles de transparence qu’elles veulent imposer aux entreprises dans le cadre de la bonne gouvernance.»

Au plan opérationnel, le syndicat patronal est organisé en différentes commissions. Chacune d’entre elles est présidée par un chef d’entreprise, qui occupe le rôle de mandataire. Chaque commission comprend des représentants des adhérents et peut faire appel à des experts. Les questions liées aux relations ONG/entreprises sont notamment traitées au sein des directions suivantes : Développement durable, Entreprises et société et Affaires internationales.

Cette dernière s’occupe de la politique commerciale bilatérale et multilatérale, dans le cadre de la négociation d’accords commerciaux de l’Union européenne avec des pays comme la Corée du sud, le Canada ou l’Inde, ou bien des débats au sein de l’OCDE ou de l’OMC. Présidée par Frédéric Sanchez (président du directoire du Groupe Fives), elle étudie également les questions ayant trait au commerce extérieur de la France, les mesures anticrise, la lutte contre le protectionnisme et les investissements internationaux.


Depuis deux ans, cette commission a élargi son champ d’intervention aux questions de mondialisation.
Compte tenu de leur complexité, elle a ouvert ses portes à de nombreux intervenants, qui ont pu évoquer leur vision du monde au cours de petits déjeuners. Ils provenaient de milieu divers : académiciens, journalistes, religieux, agricole (FNSEA), entrepreneurs, ONG, comme le directeur d’Oxfam France. Des visions différentes se sont ainsi confrontées sur des thèmes comme la gouvernance mondiale ou encore le commerce international, avec le blocage des négociations du DDA (cycle de Doha pour le développement).
Ce travail exploratoire doit déboucher sur la rédaction d’un rapport d’analyse, sans doute à partir de septembre 2010, et d’un colloque par la suite. L’équipe du Medef reflète également cette ouverture sur la mondialisation, puisque Lys Vitral, chargée de mission à la direction des Affaires internationales, est de nationalité brésilienne et a publié en 2008 chez l’Harmattan un ouvrage sur « Les Organisations non gouvernementales dans la régulation de l'économie mondiale».

En parallèle de ce travail de fond, le Medef a jugé utile d’aller plus loin pour débroussailler le terrain avec les ONG, une des parties prenantes les moins connues du monde des affaires. Cette démarche novatrice a pu se heurter à certaines réticences de la part des adhérents de l’organisation patronale et des ONG, à cause de la méconnaissance réciproque de ces deux acteurs.

Pour entamer le dialogue, Coordination Sud est apparue comme une organisation légitime et représentative. Fondée en 1994, Coordination Sud rassemble six collectifs d’ONG (CLONG-Volontariat, CNAJEP, Coordination d’Agen, CRID, FORIM, Groupe initiatives) et plus de 130 ONG qui mènent des actions humanitaires d’urgence, d’aide au développement, de protection de l’environnement, de défense des droits humains auprès des populations défavorisées et aussi des actions d’éducation à la solidarité internationale et de plaidoyer.

A travers cette collaboration, l’idée était notamment de donner aux entreprises françaises désireuses de s’implanter à l’étranger plus d’informations sur les avantages à nouer des partenariats avec certaines ONG à l’international. Cette réflexion a commencé fin 2007 et il est apparu en cours de route utile de faire appel à Jérôme Auriac (Be Linked) pour mener la réalisation de questionnaires et rédiger un rapport final. La CGT a aussi participé aux discussions. C’est la Fondation de France, qui a financé l’opération.

Parmi les conditions requises à la réussite de tels partenariats, il en ressort notamment que la voie de la contractualisation doit être privilégiée. Elle pousse en effet les parties prenantes à définir clairement les objectifs recherchés par le partenariat, « à mesurer le caractère stratégique et non opportuniste de leur choix et de leur engagement. » Il faut que les deux parties concernées aient la même culture de gestion de projets et développent une méthodologie commune de suivi et d’évaluation des partenariats. Cette étude recommande également la création d’une fonction dédiée au sein des entreprises, à un niveau décisionnel. Ce niveau décisionnel doit être suffisamment élevé pour que l’enjeu de la relation soit géré de manière aussi stratégique que possible.

Une conférence a été organisée le 20 janvier dernier, à laquelle ont participé des adhérents de Coordination Sud et des chefs d’entreprise, dans une proportion de 60% à 40%. Il est apparu un déficit d’information au niveau des PME et des Medef territoriaux, contrairement aux nombreuses grandes entreprises qui ont déjà établi des partenariats avec des ONG. Il n’existe pas vraiment de structure pour faciliter la rencontre les deux familles d’acteurs. Coordination Sud a l’intention de lancer des initiatives dans ce domaine pour faciliter ce genre de contacts.
Par ailleurs, la problématique de l’environnement fait l’objet d’un traitement à part au Medef, qui vient d’ailleurs de publier un rapport complet sur les bonnes pratiques en matière de biodiversité.

Les questions sociétales sont également suivies au sein de trois commissions :

• La commission « Entreprises, entrepreneurs et société », qualifiée de « grand chantier » par Laurence Parisot. Cette commission agit comme un think tank et se focalise sur la prospective sur différents domaines : insertion sociale et professionnelle, entreprenariat, , management, etc. Elle est présidée par Pierre Fonlupt.

• Une commission « Nouvelle génération », présidée par Laurence Danon, qui vise à réconcilier les jeunes avec l’entreprise.

• Une commission « Dialogue économique », qui vise à améliorer la discussion avec les syndicats de salariés. Avec notamment deux axes : les questions de compétitivité dans l’industrie et la nécessité de disposer d’indicateurs communs avec les syndicats pour dialoguer sur la même base de départ.

L’importance croissante des ONG se traduit par des questions d’actualité auxquelles les entreprises sont de plus en plus confrontées. Les thèmes sont divers et variés :

• un risque de distorsion de concurrence entre l’entreprise classique et l’économie sociale et solidaire.
• la mise en place et le champ d’un dialogue civil au côté de dialogue social.
• la représentativité des associations.
• les partenariats
• l’innovation sociétale

Il faut noter que les coopérations sont importantes entre entreprises et associations. En témoigne le domaine de l’insertion par l’activité économique qui est la voie royale pour un dialogue entre associations et entreprises. Le secteur associatif y joue un rôle moteur en France et où les entreprises sont indispensables. Plusieurs rapports ont été adoptés par le Medef pour encourager et promouvoir ces coopérations. Un vadémécum a d’ailleurs été publié en mai 2008 avec le CNEI (Comité national des entreprises d’insertion) et le réseau des Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ).

Alors que les ONG sont déjà reconnues à l’ONU, la question est aussi de savoir si le Comité de la Charte suffit à se faire une bonne idée d’une association. Le processus de labellisation devrait être modernisé. Selon le Medef, la question de la représentativité mériterait d’être plus approfondie.

Les ONG ont aussi pris place au Conseil économique, social et environnemental. Certains demandent leur introduction à l’Unedic. Les ONG aimeraient aussi prendre part au PCN (Point de contact national), afin de pouvoir influencer les travaux de l’OCDE, au moins comme observateurs. Dans chacun des pays adhérant aux principes directeurs de l’OCDE, un Point de contact national est chargé de les promouvoir, les diffuser et les mettre en œuvre. Au niveau de l’OCDE, ce rôle incombe au Comité de l’investissement.

Alors que le dialogue est donc engagé au plus haut niveau, des initiatives originales favorisent aussi en France les rencontres à l’échelon opérationnel. L’IMS-Entreprendre pour la Cité a ainsi lancé Mecenova, un site gratuit dédié au mécénat d’entreprise et aux partenariats solidaires. Cette plateforme permet à toutes les entreprises et associations de faire connaître leurs actions et de trouver de nouveaux partenaires. Le site a été réalisé grâce au soutien du Haut commissaire à la Jeunesse, de Deloitte et SFR et avec la collaboration d’Atalan, de l’Avise, du Comité de la Charte, de la CPCA, du Medef et du RAMEAU.

Pour aller plus loin :

Entreprises et ONG de solidarité internationale - Quels partenariats pour quels objectifs ? Document à télécharger :
http://www.coordinationsud.org/spip.php?article17213

Le blog du Medef
http://www.medef.com/

Le blog de Laurence Parisot

http://www.laurence-parisot.com/

Le site de Mecenova
http://www.mecenova.org/index.php

Entreprises et insertion Collaborer et coproduire sur le territoire

http://www.cnei.org/document/Entreprises_et_insertion.pdf

Sur l’Université d’été 2009 :

A l'occasion de l'université d'été du Medef, une conférence été organisée sur le thème du "business model" des ONG. Si la recherche d'efficacité est nécessaire pour toute organisation, peut-on parler pour autant parler de retour sur investissement ? Pour Jean-Louis Vielajus, président de Coordination Sud, les ONG doivent rendre des comptes, mais pas sur n'importe sujet.

Peut-on parler de "retour sur investissement" pour une ONG ?
envoyé par Youphil. - L'info video en direct.
Le point de vue de Benoît Roger-Vasselin,
DRH de Publicis et président de la commission "relations du travail et politique de l’emploi" du Medef, qui estime que la relation des ONG avec les entreprises s'est améliorée ces dernières années.

Quand le Medef se penche sur le "business model" des ONG
envoyé par Youphil. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello! I could have sworn I've visited this site before but after browsing through many of the articles I realized it's new
to me. Regardless, I'm definitely pleased I came across it and I'll be book-marking it and checking
back regularly!
Also see my page: Anthony Clarke London Business Angels

Enregistrer un commentaire