mardi 20 avril 2010

Salon Produrable : Le social business est-il une utopie ?




"Social Business, du rêve à la réalité " était le titre du débat de clôture du Salon Produrable 2010, qui a fermé ses portes le 18 mars dernier, ayant attiré 4.200 professionnels sur 2 jours.

Les entreprises s'interrogent sur leurs modèles économiques et essayent de concilier responsabilité sociale avec modèle d'affaires. Social business ou BOP (base de la pyramide): quel est le bilan des précurseurs ? Les nouveaux modèles en question - Besoin de nouvelles règles ? Peut-on rêver d’une démarche Win-Win ?

Frédéric Dalsace, Professeur Associé à HEC, à la Chaire Social Business, Entreprises et Pauvreté, a mis le sujet en relief. Le social business semble difficile à saisir. Comme les ONG, il se définit étrangement par la négative. Cet animal étrange n’est pas la philanthropie. Il ne reçoit pas de subvention. Il ne distribue pas de dividendes. En anglais, sa devise est «no loss, no dividend» (ni pertes ni dividendes) mais un résultat social pour la collectivité. Néanmoins, les fondateurs d’une entreprise sociale ont la possibilité lorsqu’ils se retirent de récupérer leur mise initiale. La grande originalité de ce nouveau modèle se situe dans les objectifs recherchés : permettre un progrès social, lutter contre la pauvreté.

Son essor rappelle l’apparition du mouvement mutualiste, qui marquait une réaction au capitalisme moderne. Un économiste avait déjà remarqué au XIXème siècle que les grandes filatures industrielles avaient créé deux produits, des tissus et des pauvres.

François Marie Charles Fourier (1772-1837) est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du «socialisme critico-utopique» dont un autre représentant fut Robert Owen. Les démarches qui ont reposé sur une idéologie de l’utopie ont souvent abouti à des échecs, mais elles ont le mérite d’étendre le champs des possibles.

L’économie actuelle fonctionne comme une centrifugeuse, avec un centre une minorité qui collectionne les bonus et aux extrémités 7 millions de pauvres en France. Il convient de changer les mentalités afin de faire tourner le pétrolier. Il faut passer d’une logique marketing où on créait des besoins là où se situaient des zones de gens solvables à la création de marchés là où sont les besoins. Il faut recréer des tuyaux entre l’offre et la demande, en réinventant ainsi le marketing. Avec deux écueils : faire du social washing et avoir dès à priori. Il s’agit d’une urgence aussi en interne, quand on voit les études où les salariés français pensent «vivement ce soir». le taux d’engagement chez EADS ne dépasse pas 20%.

Du côté de Danone, le rêve de la santé par l’alimentation et contre le fléau de la malnutrition relève aussi d’une forme d’utopie. L’expérience menée au Bangladesh, qui permet notamment d’apporter des micronutriments aux enfants indispensables pour leur croissance dispose maintenant d’un recul de trois années. Pour Emmanuel Marchand, Directeur Général de Danone Communities, loin de l’utopie, cette initiative a su rester pragmatique en changeant deux fois de modèle. Son mode de financement via une Sicav relève aussi d’un esprit d’adaptation ? Cette Sicav qui a un encours de 75 millions d’euros est investie à 90% en monétaire. Le solde est injecté dans le projet, ce qui permet aux investisseurs philanthropes d’espérer récupérer quelque chose à l’issue du processus.

Ce projet demande du temps et de l’engagement personnel. 5 autres usines du même type sont en cours de réflexion, tandis que le groupe alimentaire est aussi présent au Sénégal (lait) et au Cambodge (accès à l’eau potable). Le groupe réfléchit aussi à mixer ses produits laitiers avec des céréales pour une meilleure nutrition et faciliter la vie de ses consommateurs. Danone a pour objectif de faire progresser son nombre de client de 700 millions aujourd’hui à 1 milliard. Un objectif impossible à atteindre, sans la mise en place d’initiatives originales, dont le flambeau est porté par Yunus.

Sur son site Internet, Danone Communities indique que l’année 2010 marque l’accélération du nombre de projets soutenus. Passés de 3 à 10, ils façonnent un nouveau réseau de partenaires et de nouvelles géographies : en Inde, au Mexique et bientôt en Europe. Cette communauté tiendra sa conférence annuelle le 22 avril 2010 au Carrousel du Louvre.

Massimiliano Riva, Policy Specialist, Trade and Capacity Development, Trade and Human Development Unit, au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), constate qu’une grande partie de la population mondiale est doublement exclue, à la fois du système productif et du circuit de consommation, faute de pouvoir d’achat. Outre le microcrédit, qui libère des possibilités, il faut également que la population pauvre ait la possibilité d’avoir accès à un dispositif d’épargne. La croissance économique doit être inclusive et favoriser l’émergence de plateformes et de réseaux permettent aux ressources et aux besoins de se rencontrer. Le rôle du PNUD est essentiel, car le social business ne sera sans doute pas suffisant, à lui seul, pour résoudre rapidement le défi de la pauvreté.

Le Programme des Nations Unies pour le développement est le réseau mondial de développement des Nations Unies. Il prône le changement et relie les pays aux connaissances, expériences et ressources nécessaires pour améliorer la vie de leurs citoyens. Il est présent sur le terrain dans 166 pays, aidant les gouvernements et les populations à identifier leurs propres solutions aux défis nationaux et mondiaux du développement.

Danone Communities : La laiterie du Berger



Liens externes

Growing Inclusive Markets' (GIM) is an initiative led by the United Nations Development Programme (UNDP) with an unprecedented coalition of thinkers and actors in the field of business, academia and human development.
http://www.growinginclusivemarkets.org/

Danone Communities
http://www.danonecommunities.com/

Plus de 90 % des «compagnons» d'Airbus se disent « démobilisés »
http://www.lesechos.fr/info/aero/020181916316.htm?xtor=RSS-2001

Liens internes

Pour David Ménascé, les entreprises doivent lutter concrètement contre la pauvreté
http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/09/pour-david-menasce-les-entreprises.html

Le savoir faire d’Agrisud
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/04/agrisud-remet-les-paysans-pauvres-dans.html

Le témoignage de Schneider Electric
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/04/schneider-electric-entreprend-une.html

1 commentaire:

Jean-Claude a dit…

Bonjour et merci pour votre blog

Je me suis permis de faire un lien vers votre billet, à propos d'un billet sur www.blog-associations.com, sur le site www.exigences-citoyennes-retraites.net qui a suscité des commentaires sur les salaires des pédégés du CAC 40, afin d'expliquer que Danone, c'est aussi du social business à travers la sicav "danone.communities".

Bonne continuation

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