Nicolas de Tavernost, président du directoire du Groupe M6, a indiqué dans une interview en janvier dernier que M6 avait dépassé en 2010 son niveau de recettes publicitaires de 2008. En 2011, « le groupe va augmenter au minimum entre 5 et 10% ses investissements dans les programmes, si le marché publicitaire continue d'être satisfaisant ». M6 dispose d’une part d'audience d’environ 10 % et revendique la place de deuxième chaîne française des moins de 50 ans.
Un de ses atouts reste le rendez vous dominical avec le magazine Capital, une semaine sur deux. La diversification récente de cette émission dans le développement durable avec Capital Terre constitue un virage intéressant. Mais, il ne s’agit pourtant selon ses réalisateurs que d’ « une prise de conscience récente », liée selon leur témoignage à la flambée des prix pétroliers en 2005.
Impossible pour ces observateurs du monde des affaires et de la société d’ignorer la santé de la planète et le bien être des générations futures. Les producteurs de Capital Terre ne font pas du plaidoyer. Ils se reconnaissent volontiers novices sur des nombreux sujets et préfèrent s’inspirer de leur vie quotidienne.
Il ne s’agit pas de faire un constat culpabilisant, mais de montrer que nos faits et gestes - même le plus anodins – peuvent avoir des conséquences incroyables à l’autre bout de la planète.
Malgré ces chiffres, il a sans doute fallu une certaine conviction pour y donner une suite en prime time. En effet, la question de l’environnement a été surexploitée et le Climate Gate a également jeté la suspicion. Difficile de savoir si l’environnement fait encore vendre. Jeudi dernier, dans « Paroles de Français » sur TF1, l’écologie est restée le parent pauvre des débats.
M6 a néanmoins décidé d’enfoncer le clou. En mars 2010, TVmag.com indiquait qu’en lançant Capital Terre, Jérôme Bureau, directeur de l'information à M6, a tenu à ce que trois conditions soient respectées: ne pas démoraliser les téléspectateurs, les faire voyager à travers le monde et leur apprendre des choses. C’est pourquoi les tournages prennent du temps et peuvent se dérouler dans des conditions difficiles. Le programme reviendrait au final assez cher.
Le prochain documentaire, qui sera diffusé mercredi soir, répond bien à cette feuille de route, avec notamment un reportage en RDC en zone de guerre et dans des zones reculées de la Chine. Son titre parle de lui même « J’achète, je jette: comment consommer sans piller la planète ? »
Bande annonce :
Il en ressort que ceux qui détruisent leur environnement (coton par ex.) ou qui extraient illégalement certains minerais au Congo (le coltan utilisé dans les téléphones et ordinateurs portable ou encore la cassitérite, minerai d'étain utilisé dans la soudure) le font pour répondre à une demande croissante.
Une minorité d’entre eux accumule même des profits significatifs, d’autant plus aisément que les ressources utilisées sont peu couteuses (main d’œuvre bon marché, dérivation de cours d’eau).
Nous voulions faire un documentaire ou le reporter emmène le téléspectateur en enquête, avec lui, aux quatre coins du monde. Une sorte de voyage, d’exploration pour trouver des réponses aux questions que l’on se pose sur le lien entre notre mode de vie ici en Europe et l’évolution de la planète.
En Chine, à « Cow Boy City » (Dongguan City), la capitale mondiale du jean, les anciens ne peuvent plus pêcher contrairement à leur enfance, les rivières étant souillées par les teintures toxiques de nos jeans. Ils estiment pourtant avoir gagné au change, car ils ont accès à leur tour à la société de consommation. Mais, il existe aussi des exclus du système, comme ces éleveurs de la Chine du Nord, rencontrés par Guy Lagache. Leurs familles se sont dispersées, car l’eau des rivières s’est tarie, à cause de la culture intensive de l’or blanc. Pour produire un 1kg de coton, il faut en effet 11.000 litres d’eau en moyenne. La frontière entre l'économie et l'écologie est étroite.
A l’autre bout de la chaîne, les donneurs d’ordre, les distributeurs de vêtements, génèrent avec brio une frustration permanente chez les consommateurs. Les collections se succèdent les unes aux autres tous les 8 jours à des prix défiant l’entendement. Certains Français, interviewés dans le reportage, accumulent les jeans, sans savoir que leur fabrication nécessite 5.000 litres d’eau, soit l’équivalent de plus de 80 douches. Ils participent ainsi à la boucle jusqu’à l’épuisement.
Il faut en moyenne 1.000 points de soudure à l’étain pour fabriquer un téléphone portable. Au rythme actuel d’extraction de cette matière première utilisée entre autres dans les circuits électroniques, il ne reste plus que 20 ans de réserves. 20.000 casques bleus sont stationnés en RDC, où se situent de gros gisements.
Nous avons voulu donner aux citoyens les clefs pour comprendre « le pourquoi du comment » afin qu’il puisse prendre conscience des enjeux environnementaux dans ses choix quotidiens et donc agir en connaissance de cause.
Cette enquête a été présentée au personnel de la chaine privée, ce qui semble une démarche intéressante en terme d’entraînement. Rappelons par ailleurs que la Fondation du Groupe M6, créée en 2010 un budget de 2.500.000 euros sur cinq ans, soutient les actions audiovisuelles proposées aux personnes incarcérées, ainsi que les dynamiques de réinsertion initiées par le Ministère de la Justice.
Notre avis :
L’équipe de Guy Lagache décortique le cycle de vie de certains produits. Elle révèle ainsi des engrenages fatals, mais aussi l’amorce de certains cercles vertueux. Elle s’appuie sur une forte capacité d’étonnement. Le regard sur les aspects écologiques de nos échanges est complété par un constat humaniste sur les conséquences sociales souvent insoupçonnées de nos actes quotidiens. Un troisième volet de Capital Terre est d’ores est d’ores et déjà prévu.
Un documentaire réalisé par Guy Lagache, Jean- Bernard Schmidt et Emmanuel Leclercq diffusé mercredi 16 février à 20h45 sur M6.
Plus d’infos : www.m6.fr/emission-capital_terre/
Pour ceux qui veulent creuser les sujets abordés dans ce N°2 de Capital Terre:
Un livre de référence
Erik Orsenna. « Voyage aux pays du coton. Petit précis de mondialisation. »
Le Livre de Poche.
Coloration des jeans. Le rapport de Greenpeace (01/2010) cité dans le reportage “Poisoning the Pearl: An investigation into industrial water pollution in the Pearl River Delta”
http://www.greenpeace.org/eastasia/press/reports/pearl-river-report-2
Le site Internet d’une ONG, Enough Project, qui connaît les problèmes du Nord Kivu
http://www.enoughproject.org/
Sur les bio-plastiques, la Success story de Novamont
Société italienne, Novamont SpA connaît actuellement une croissance à deux chiffres. Leader dans la production de bioplastiques issus de matières premières renouvelables d'origine agricole, Novamont a déposé de nombreux brevets.
http://www.novamont.com/default.asp?id=504
Carrefour Italia :Sacchetti di plastica addio
http://www.carrefouritalia.it/news/news_comunicati/2010/news--Sacchetti--di--plastica--addio--2009-07-17_5.html
Un extrait du 1er numéro de Capital Terre
Capital 7 milliards sur la Terre ( huile de palme )
envoyé par doc-tor-who. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Sur les difficultés que rencontrent les journalistes pour évoquer l’environnement : « La science à l’épreuve des médias »
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/03/la-science-lepreuve-des-medias.html
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