mardi 24 mai 2011

Axa et Care veulent préparer les populations à risque à la prévention des catastrophes naturelles
















Axa et Care ont annoncé le 18 avril dernier qu’ils avaient signé un partenariat de 3 ans. L’assureur français a choisi d’axer cette collaboration sur une thématique, qui concerne directement son activité : réduire les impacts économiques et humains des catastrophes naturelles sur les populations des pays à risque.



Aujourd’hui en effet, seuls 4 % des 10 milliards de dollars investis en aide humanitaire dans le monde sont dédiés à la prévention selon les Nations Unies. Or la Chine, qui a dépensé 3,15 milliards de dollars entre 1960 et 2000 pour réduire l’impact des inondations, a réussi ainsi à éviter des pertes estimées à 12 milliards de dollars selon une étude des Nations Unies. Le cas chinois démontre qu’investir dans la réduction des risques permet de diminuer les pertes économiques en cas de catastrophe.


Un aspect intéressant dans le choix de cet axe est l’implication des salariés, qui se sont emparés du sujet. Le fait que ce partenariat implique des populations de plusieurs continents traduit également le fait que la compagnie d’assurance, dont la capitalisation boursière s’élève à 34 milliards d’euros, a acquis une stature internationale. Et que Axa nourrit des ambitions, notamment dans les pays émergents.


Care travaille déjà avec de grandes entreprises, comme Bouygues, EDF, Lafarge ou encore Starbucks Coffee France.


Clara Rodrigo (en photo ci-dessus) a bien voulu répondre à mes questions. Clara Rodrigo a fait l'essentiel de sa carrière au Groupe AXA où elle a occupé différents postes, notamment dans les relations médias. Elle a rejoint le département responsabilité d'entreprise en 2009 pour prendre en charge le mécénat et la coordination internationale d'AXA Atout Cœur, le programme de bénévolat du Groupe AXA.



Vous devez être l’une des seules entreprises du CAC 40 à ne pas avoir de Fondation?


CR : Le Groupe AXA mène de nombreuses actions de mécénat. Cela pourrait avoir du sens de les rassembler au sein d’une Fondation, mais nous avons fait le choix de ne pas en créer une pour avoir une plus grande flexibilité dans la gestion de nos programmes de mécénat.

Ceci dit, cette situation tient surtout à des raisons historiques. Claude Bébéar a créé AXA Atout Cœur il y a 20 ans, avec les entités française et belge, avec un axe d’actions autour de la lutte contre le handicap. D’autres thèmes ont suivi comme la lutte contre le Sida et contre la drogue. Ces causes avaient en fait été choisies directement par les salariés, qui avaient été sollicités par un questionnaire.

Au fil du temps, AXA Atout Cœur s’est ensuite déployé dans tous les pays où notre compagnie s’est implantée, notamment par acquisitions. Son fonctionnement est décentralisé avec des initiatives qui partent de la base. Tout repose sur le bénévolat, même si le groupe peut apporter le cas échéant un soutien financier, humain et logistique.

Aujourd’hui, 23.000 collaborateurs y participent sur un total de 214.000, avec un budget qui ne dépasse pas les 3,5 millions d’euros. La philosophie actuelle est de lutter contre toutes les formes d’exclusion : handicap, maladie, enfance défavorisé, etc.

Le bénévolat est souvent effectué hors du temps de travail. De nombreux responsables d’entités sont très engagés. Les relations avec certaines associations ont été nouées dans une perspective à long terme. Ainsi, AXA Atout Cœur fait partie intégrante de la culture d’entreprise.

L’idée est désormais de tenter d’utiliser de plus en plus les compétences professionnelles de nos collaborateurs dans des actions de bénévolat, où ils pourront apporter tout leur professionnalisme.

Quel était votre bilan en termes de RSE compte tenu de vos initiatives pionnières?


CR : Une étude de notre équipe Stratégie a montré il y a 2 ans que nos actions en développement durable étaient trop dispersées, et que notre avance, liée à entre autres à l’expérience d’AXA Atout Cœur s’était effilochée. Certains de nos concurrents directs affichaient même une politique de développement durable très cohérente.

Embauchée en 2008, en tant que directrice de la responsabilité d’entreprise, Alice Steenland nous a aidé à remettre les choses à plat et apporter un œil neuf en tenant compte du travail déjà accompli. Elle avait auparavant été consultante externe dans le domaine de la planification stratégique pour l'ONG Save the Children USA, mais avait également été directrice de la recherche chez Vigeo.

Nous avons ainsi été amenés à engager une structuration de nos relations vis-à-vis de toutes nos parties prenantes, à mettre en place une gouvernance générale et à désigner des membres du Comité Exécutif comme sponsors de la responsabilité d’entreprise dans les filiales du groupe, en charge de bâtir une stratégie locale alignée avec celle du Groupe.

Surtout, pour mobiliser le Groupe, il fallait identifier un thème phare. La recherche et l’éducation sur les risques est ressortie en 2009 comme l’axe majeur préféré d’un groupe de cadres dirigeants, qui participaient à un programme de leadership d’AXA University. C’est eux également qui ont décidé d’abandonner l’appellation « développement durable », qui a une connotation trop orientée environnement, pour « Responsabilité d’entreprise ».

Dans le domaine souvent négligé des risques, AXA avait déjà lancé le Fonds AXA pour la recherche qui finance la recherche scientifique sur les risques et menait déjà des actions de prévention des risques, comme AXA Prévention sur la sécurité routière en France, mais il fallait aller plus loin, en s’engageant avec nos clients, entreprises ou particuliers et nos salariés, mais aussi dans notre politique de mécénat, qui pour nous s’intègre parfaitement dans la RSE.

Pourquoi avoir eu besoin d’aller plus loin avec une ONG comme CARE ?


CR : Le programme est si complexe et si global qu’une entreprise seule, quels que soient ses moyens, ne peut pas parvenir à un résultat rapide sans des partenaires très professionnels. CARE apporte notamment sa connaissance du terrain avec les équipes sur place pour mener les enquêtes.

Il s’agit du premier partenariat mondial d’AXA avec une association. Quels critères avez-vous retenus pour ce partenariat?


CR : Nous avons rencontré différentes organisations, comme la Banque Mondiale, Save the Children, l’Unicef, la Croix Rouge et CARE. En dehors de la question du coût du partenariat, il fallait que nous parvenions à identifier la bonne association, ayant par exemple un bureau à Paris, mais avec une envergure globale. Nos ambitions en matière de réduction des risques sont en effet mondiales. Nous avons été convaincus par la qualité des équipes et leur capacité à appréhender les enjeux d’un groupe comme le nôtre.

Comment vont se dérouler vos programmes dans les 3 prochaines années ?


CR : La première année, un rapport doit être rédigé sur les liens entre les catastrophes naturelles, les migrations et la sécurité alimentaire. Ce projet international, Where the rain falls, sera conduit avec l’Université des Nations Unies dans 4 pays, dont l’Inde et la Thaïlande. Nous souhaiterions que des salariés d’AXA spécialisés en Risk Management participent à cette étude, dont les résultats seront présentés à la Conférence de Rio en mai 2012. Ce programme permettra ensuite d’aider ces populations à faire face à l’impact des changements de précipitations grâce à des programmes d’éducation et d’adaptation.

En parallèle, une série de programmes de sensibilisation à la préparation des catastrophes naturelles a été engagée dans plusieurs pays. Ces programmes seront destinés aux communautés les plus particulièrement exposées à ce type de risques dans des pays en développement. Il s’agira ainsi de tenter de réduire l’impact humain et économique de ces catastrophes.

Ainsi, le projet Advancing Safer Communities and Environments against Disaster (ASCEND) de CARE dans certaines écoles aux Philippines va toucher de nombreux écoliers. Ces derniers vont ensuite transmettre une culture de la prudence et le sens de l’adaptation à leur communauté. Au Vietnam, dans la commune de Da Loc, 100 hectares de mangrove vont être plantés, une culture qui permet de résister aux vagues provoquées par les typhons.

A Madagascar, des actions vont être menées pour mieux préparer la population aux catastrophes, établir des plans d’urgence, améliorer les systèmes d’alerte, imaginer ou renforcer des systèmes de défense, notamment pour les villages côtiers ou au bord de rivières. Les expériences acquises au cours de ces programmes de prévention déboucheront sur une plateforme, auxquels d’autres pays pourront prétendre, comme le Malawi, le Mozambique et les Comores.

Comment impliquez-vous ou consultez-vous vos parties prenantes, comme les actionnaires ou les représentants du personnel ?

CR : La politique de responsabilité d’entreprise, qui inclut les actions de mécénat d’AXA, est présentée une fois par an au Conseil d’Administration, dont les membres sont nommés par les actionnaires, et au Comité Européen du Groupe. Un membre de ce Comité intervient d’ailleurs dans notre rapport d’activité et de responsabilité d’entreprise.

Quels pourraient être les prochains développements ?

CR : Notre prochaine étape est d’encourager nos filiales à rejoindre l’initiative globale de mécénat sur l’éducation aux risques en mettant en place des projets locaux de réduction des risques. L’objectif est de mobiliser l’expertise et la capacité d’engagement du groupe dans son ensemble pour aider les plus vulnérables à mieux faire face aux risques.

Qu’avez-vous au programme de votre semaine de la responsabilité d’entreprise en juin ?


CR : Cette semaine vise à mieux faire connaître des collaborateurs les initiatives locales de responsabilité d’entreprise et aura le thème d’éducation aux risques comme fil conducteur. Pour cela, nous avons prévu un module d’éducation à la sécurité routière pour l’ensemble de nos collaborateurs et un challenge d’éducation aux risques. Ce challenge a pour objectif d’engager 20% de nos collaborateurs dans des actions solidaires ; si nous atteignons cet objectif, un projet sera financé avec CARE sur la réduction des risques liés à l’insécurité alimentaire au Mali.


L’avenir est entre vos mains - CARE par carefrance

Pour en savoir plus :


Le communiqué de presse conjoint du partenariat :
http://www.axa.com/fr/actualites/2011/axa-care-education-prevention-risques.aspx

http://www.axa.com/fr/responsable/strategieengagements/


Etude des Nations Unies citée plus haut: "Objectifs du millénaire pour le développement - Rapport 2010"

Care : Adaptation et sécurité alimentaire
http://www.carefrance.org/images/CARE-Adaptationetsecurite-alimentaire.pdf

01/02/2010 : Haiti : Les partenaires entreprises de l’ONG Care se mobilisent des deux côtés de l’Atlantique.
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/02/les-partenaires-entreprises-de-long.html

15/06/2009 Le partenariat de Lafarge et Care contre le Sida a fait ses preuves

http://ong-entreprise.blogspot.com/2009/06/le-partenariat-de-lafarge-et-care.html


1 commentaire:

coupon promotion axa a dit…

article impressionnant et très intéressant, c'est un ajout à nos connaissances et je vous remercie pour le bon choix, bonne continuation !!

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