jeudi 16 novembre 2017

Il n’y a pas un euro de perdu aux Restos du Cœur

En France, 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit plus d’une personne sur sept. En 2016-2017, ce sont près de 136 millions de repas qui ont été distribués par les Restos du Cœur, à près de 900.000 personnes en hiver et à plus de 400.000 durant l’été 2016. 

L’association, qui clos ses comptes en avril, vient de publier son rapport annuel. Il est très détaillé et montre que les Restos du Cœur font preuve d’un grand professionnalisme. Ils sont en contact avec de multiples parties prenantes. 

Ce qui en ressort, c’est que les deniers qu’elle reçoit sont bien utilisés. 

Voici quelques chiffres tirés de son budget, qui montrent la diversité de ses actions ainsi qu’une gestion au cordeau. Néanmoins, comme Sisyphe, les Restos du Cœur doivent sans cesse faire appel aux donateurs, car les besoins sont chroniques. 

1 / Des ressources diversifiées

Elle mobilise autour d’elle des milliers de bénévoles, des artistes, des salariés du secteur privé, mais aussi les pouvoirs publics en France et en Europe.



2 / Des donateurs fidèles aux rendez-vous. 

 Les attentats du 13 novembre 2015 ont entraîné une baisse ponctuelle des dons, et les legs, par définition irréguliers, ont fortement reculé. Le dernier exercice marque néanmoins une amélioration. Les Français savent se mobiliser. C’est la magie Coluche.



3/ L'importance des Enfoirés 

Depuis 2010, la baisse du produit des Enfoirés a été compensée par d’autres ressources.



Les dons et les Enfoirés permettent aux Restos du Cœur de maîtriser une partie importante de leur budget. L’argent collecté par l’association couvre plus de 100% des missions sociales. Il permet notamment de couvrir des frais annexes, comme ceux de la recherche de fonds et ceux de fonctionnement.

En 2015-2016, aucune opération exceptionnelle n’a été réalisée avec Les Enfoirés (Coffret les « Enfoirés en Chœur » l’an passé). Hors opération exceptionnelle, les recettes des Enfoirés sont en hausse cette année du fait de l’organisation des concerts à Paris (Accorhotels Arena).

Par contre, en 2016-17, les concerts se sont déroulés au Zénith de Toulouse ont généré moins de recettes billetterie (jauge moins importante que l’AccorHotels Arena de Paris). Et, les mises en bacs des CD et DVD ont été réduites de 19% par rapport à celles de 2016.

 4/ Le mécénat progresse 

Les autres fonds privés incluent les mécénats ayant donné lieu à convention, les partenariats avec les entreprises et de façon générale toutes les subventions versées par des organismes privés.

Les ressources financières correspondent à 50% à des opérations de parrainage avec une visibilité grand public et à 23% à du financement dédié sur des projets (23%). De son côté, l’association dit effectuer « un suivi scrupuleux de la communication de ses partenaires dans le respect de ses règles et par ailleurs d’un travail de reporting des projets financés. »



Par ailleurs, le mécénat de compétences progresse rapidement, dans un environnement de fort développement au sein des entreprises.

Les entreprises contribuent aussi à 7,7 M€ en contributions en nature.

5 / Les fonds collectés sont très largement consacrés aux missions sociales. 

La distribution alimentaire demeure sa mission principale, même si l’accompagnement au retour à l’emploi monte en puissance.

Le soutien à la recherche d’emploi est actif dans 49 associations départementales et 312 centres. Il y a un an 426 bénévoles étaient dédiés à cette mission. Il s’agit à parts égales d’un accompagnement global vers l’emploi et d’une action plus basique d’affichage d’offres et d’aide au CV.

Pour encore mieux répondre aux besoins de ce public, composé d’une majorité de demandeurs d’emploi, les Restos veulent amplifier le déploiement de cette action et les recherches de partenariat avec les entreprises.

A ce sujet, la mise en œuvre de la formation aux métiers de la boucherie menée avec Carrefour dans le cadre des Tremplins du Cœur constitue une très belle initiative à essaimer.




6/ Les frais de collecte sont faibles 

L’association bénéficie d’une forte notoriété. Le pourcentage des frais généraux (frais de recherche de fonds, frais de fonctionnement et de communication) reste très faible par rapport au montant total des ressources.

Il ne s’élève ainsi qu’à 7,5 % contre 7,3% l’année dernière. Un chiffre rendu aussi possible par le travail considérable des bénévoles.

7/ L’apport précieux des bénévoles 

Ils sont toujours plus nombreux. Le nombre d’heures de bénévolat a été déterminé sur la base de l’approche statistique développée depuis 2011-2012. La valorisation des heures, effectuée sur la base d’un SMIC au 30 avril 2017 (charges sociales incluses), représente 210 millions d’euros.

Sans leurs efforts, l’association n’aurait jamais pu avoir un effet levier permettant de multiplier par 6 l’argent public confié aux Restos. Grâce à eux, la Collecte Nationale, qui mobilise 72 000 bénévoles dans 6.630 magasins, rapporte de plus en plus de tonnage.

Progressivement, l’association progresse d’ailleurs vers un quasi équilibre en tonnage entre ce qui est acheté et ce qui est donné.

8/ Des comptes prudents 

Les fonds associatifs et les réserves s’élèvent à 145 millions d’euros à fin avril 2017.

Ils comprennent le résultat de l’exercice, d’un montant de 13,2 millions d’euros. Ils atteignent au 30.04.2017 un niveau équivalent à 10 mois de fonctionnement des Restos du Cœur, ce qui se justifie dans un contexte d’incertitude sur l’évolution des ressources et notamment des aides et concours de l’État et de l’Union Européenne.

De plus, Les Restaurants du Cœur ont obtenu en octobre dernier le Label IDEAS, qui atteste de la qualité de la gouvernance, de la gestion financière et du suivi de l’efficacité de l’action de cette association. L’obtention de ce label n’est pas une surprise. Néanmoins, dans une période où pullulent le fake news, c’est incontestablement un vecteur de confiance supplémentaire.

Pour Patrice Blanc, Président d’IDEAS, « Les Restos du Cœur ont toujours été attachés à la plus grande transparence de leurs actions dans le respect de leurs missions sociales. Un regard extérieur fondé sur des critères objectifs comme ceux mis en place par IDEAS est appréciable pour garantir la qualité de la gouvernance. L'efficacité des actions conduites peut ainsi apparaître en toute indépendance aux yeux des donateurs, des mécènes et partenaires » L’association fondée par Coluche est bien gérée. Elle commence sa campagne hivernale le 21 novembre prochain.

Site des Restos : https://www.restosducoeur.org

Pour aller plus loin :


Mars 2017 : Combien rapportent les enfoirés ?
http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/les-enfoires-que-rapportent-ils-aux-restos-du-coeur-_d49b4734-ff68-11e6-9e12-eb6cf6f35910/

2015 : Les Restos du Cœur ne peuvent pas se passer des Enfoirés
http://ong-entreprise.blogspot.fr/2015/03/les-restos-du-cur-ont-besoin-des.html 

  fin

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